Guy Lafleur qualifie de «ridicule» le fait qu'il ait un casier judiciaire qui l'empêche de voyager aux États-Unis dans un nouveau coffret DVD qui relate les faits saillants de sa carrière d'athlète et de sa vie d'homme.

Le coffret intitulé Il était une fois... Guy Lafleur, dont le lancement a été fait lundi soir par Imavision et l'Équipe Spectra au centre-ville de Montréal, est composé notamment d'un film d'une heure, dont les deux tiers sont consacrés à sa carrière dans la Ligue nationale de hockey avec le Canadien de Montréal, les Rangers de New York et les Nordiques de Québec.

Les démêlés de Lafleur avec la justice, impliquant son fils Mark et ensuite lui-même, accaparent le reste du documentaire.

Au cours d'une entrevue menée par Réjean Tremblay, le scénariste et réalisateur Nicolas Houde-Sauvé met alors en relief le sentiment d'injustice ressenti par Lafleur devant la cour, malgré les efforts qu'il a mis à tenter de sauver son fils Mark, affecté par la maladie de Tourette.

«Je l'appelais à tous les jours, parfois deux ou trois fois dans la même journée», affirme Lafleur.

Le Démon blond souligne dans le documentaire que lors de son premier témoignage, jamais ne lui a-t-on spécifiquement demandé si son fils avait passé la nuit ailleurs qu'à sa résidence. Lorsqu'on lui a demandé si son fils avait respecté les conditions de sa libération, explique Lafleur, il avait répondu dans l'affirmative parce qu'à ses yeux il les avait effectivement respectées, notamment en ne prenant pas de drogues.

L'ancien numéro 10 du Canadien ajoute que si la maison de réinsertion sociale qui suivait la famille Lafleur lui avait spécifiquement dit que Mark Lafleur ne pouvait coucher ailleurs qu'à la résidence familiale, il aurait obéi à ces instructions et n'aurait pas permis à son fils de passer la nuit à l'hôtel.

Lorsque Tremblay lui souligne que le fait qu'il ait un casier judiciaire n'a «tellement pas de bon sens», Lafleur répond «c'est tellement ridicule» et s'interrompt, contenant visiblement sa frustration avant de lâcher «en tout cas», les dents serrées.

Lafleur a toutefois dit ne s'être jamais laissé décourager, même si tout semblait s'écrouler autour de lui, notamment quand son épouse Lise a perdu l'usage de la parole pendant huit mois.

«J'ai complètement perdu le sens de la réalité», souligne Lise Lafleur dans une rare entrevue.

Lafleur a dit trouver source de réconfort dans l'appui du public et de ses anciens partisans qui l'ont adoré pendant sa carrière avec le Canadien - chez qui il trouvait d'ailleurs sa principale source de motivation durant sa carrière de hockeyeur.

«Je ne sais pas comment il a fait, souligne son épouse dans le documentaire. Il devait rester fort pour Mark, pour moi, pour Martin (Lafleur), pour tout le monde dans notre entourage, pour tout le monde autour de lui. Je ne m'explique encore pas comment il a pu trouver la force pour faire ça.»

Au sujet de la décision du premier ministre Jean Charest de ne pas lui retirer l'Ordre du Québec malgré son casier judiciaire, Lafleur dit dans le documentaire qu'il était «vraiment content et fier» d'avoir reçu un tel appui.

Jean Charest, qui a d'ailleurs assisté au visionnement public du documentaire aux côtés du Démon blond, a indiqué lundi qu'il n'avait jamais été question de lui retirer l'Ordre du Québec.

«Sur le moment j'ai réagi très spontanément, d'abord comme père de famille, a déclaré le premier ministre à son arrivée au lancement. Le deuxième réflexe que j'avais eu, c'est qu'on retrouve chez cet homme qui a donné à tous les jours de sa vie, qui est une vedette de hockey, des choses qu'on ne pourra jamais enlever ou soustraire de ce qu'il nous a donnés, à nous.»

Sa retraite forcée

Dans le documentaire, Lafleur revient sur un autre événement qu'il dit avoir ressenti comme une grande injustice: sa retraite du Canadien, en novembre 1984, qui a été précipitée par le traitement que lui avait réservé Jacques Lemaire, son ancien coéquipier devenu entraîneur du Tricolore.

«La rumeur que j'entendais, c'est que (Lemaire) voulait se débarrasser des joueurs avec qui il avait joué. Lise m'a dit que mon tour s'en venait», raconte-t-il dans le documentaire.

Lafleur, dont le temps de jeu avait beaucoup diminué depuis l'arrivée en poste de Lemaire, a commenté la fameuse discussion qu'il avait eue avec l'actuel pilote des Devils du New Jersey, quelques heures avant son dernier match avec le Canadien.

«Après qu'il m'eut dit qu'il voulait me faire jouer sur le jeu de puissance, me donner une chance de me faire valoir, j'étais prêt à repartir à neuf, raconte le Démon blond. Durant le match, j'ai joué... six minutes. Après, dans le vestiaire, j'ai dit à Larry Robinson que c'était terminé.

«J'étais très malheureux, au point où je ne dormais pas la nuit.»

Une thérapie

En distribution limitée pour l'instant, le coffret DVD se retrouvera dans tous les magasins à partir du 10 novembre.

«Ce DVD était une occasion d'éclaircir certaines choses, de donner notre point de vue», a indiqué Lafleur, lundi, avant le visionnement du documentaire. Mais ç'a aussi été une thérapie.»

Le coffret contient aussi une heure de suppléments, dont la lettre «Mes sentiments» que Lafleur souhaitait lire à son procès.