Marc-André Fleury connaît le meilleur début de saison de sa jeune carrière. Il a remporté la Coupe Stanley le printemps dernier et il l'a vue passer au bout de ses doigts il y a deux ans, quand lui et ses coéquipiers des Penguins ont perdu en grande finale contre les Red Wings de Detroit.

Tout va donc très bien pour le gardien sorelois, qui aura 25 ans dans un mois. Si ses performances ont surpassé celles des Roberto Luongo, Martin Brodeur, Cam Ward et d'autres gardiens canadiens évoluant dans la LNH, il n'est pas acquis que sa réputation lui permettra d'hériter du poste de gardien numéro un lors des Jeux olympiques de Vancouver.

Fleury a pris part au camp d'évaluation à Calgary, au mois d'août dernier. Il regarde les choses aller dans la LNH afin de voir où il se situe par rapport aux favoris, Luongo et Brodeur.

Et lorsqu'on lui demande quelles sont ses chances, le gardien québécois se contente de sourire. «J'aimerais ça être à Vancouver, c'est bien sûr, mais je ne deviens pas fou avec ça. Mais oui, ce serait agréable», a reconnu celui qui troquerait le plus beau des forfaits de voyage pour un billet Pittsburgh-Vancouver lors de la pause olympique.

Lorsqu'on lui demande de qualifier le prestige de représenter le Canada aux Jeux, Fleury devient sérieux. «La Coupe Stanley demeure ce qu'il y a de plus prestigieux. Je l'ai gagnée une fois et je suis allé en finale il y a deux ans. Mais une bonne performance aux Jeux arriverait peut-être à faire oublier le Championnat du monde junior à Helsinki en 2004», a répliqué Fleury.

Que s'est-il passé à Helsinki? Lors du match de la médaille d'or, alors que le Canada et les États-Unis étaient à égalité 3-3, Fleury a fait un arrêt et a tenté de dégager lui-même la rondelle. Celle-ci a frappé un de ses défenseurs et a ricoché dans le filet, pour donner la victoire aux Américains. Meilleur gardien du tournoi disputé aux Fêtes l'année précédente, même si le Canada n'avait pu chasser la Russie de la plus haute marche du podium, Fleury voulait savourer sa revanche dans la capitale de la Finlande.

Son geste l'a privé de cet honneur. Pis encore, il revient le hanter de temps en temps. «Ça va faire six ans que c'est arrivé et j'en entends encore parler. Ça refait surface chaque fois qu'on se rend dans des situations importantes. On a ressorti cette histoire lors des deux finales de la Coupe Stanley. Je me dis qu'une médaille d'or ferait peut-être oublier cette gaffe», a expliqué Fleury.

D'ici à ce que Steve Yzerman et les autres bonzes de Hockey Canada arrêtent leurs choix sur les trois gardiens qui seront appelés à se rendre à Vancouver, Fleury ne peut faire qu'une chose: bien garder les buts et faire gagner les Penguins.

Et jusqu'à maintenant, il remplit ces deux mandats à la perfection.

Fleury a disputé un dixième match cette saison mercredi. Il était en quête de sa neuvième victoire. Sa série de huit gains consécutifs en début de saison est sa plus longue en carrière. Il présentait, avant son duel contre le Canadien, une moyenne de 2,18 buts accordés par rencontre et un taux d'efficacité de 91,7%.

«Je suis rarement dans les premiers au chapitre des statistiques. Ça fait différent. Mais je ne peux revendiquer out le mérite. L'équipe joue très bien devant moi et la défense est très solide. On est revenus tous très concentrés pour le début de la saison, et le fait qu'on ait gagné l'an dernier ne nous place pas de pression additionnelle sur les épaules. On sait qu'on est attendus à tous les matchs, mais on sait aussi qu'en jouant comme on en est capables, on peut gagner contre n'importe qui.»

Dans le vestiaire des Penguins, mercredi, l'entraîneur des gardiens des Penguins, Gilles Meloche, a indiqué qu'il n'avait pas de scénario arrêté quant à l'utilisation de son poulain et de son adjoint, Brent Johnson. Mais le Québécois sera occupé. «Attendez-vous à ce qu'il joue une dizaine de matchs par mois», a dit Meloche.