Paul Stastny n'avait que cinq ans lorsque son illustre père Peter a quitté la ville de Québec. Le rêve de voir revivre à Québec une concession de la ligue signifie-t-il quelque chose à ses yeux?

«C'est sûr que ce serait bien, a répondu l'attaquant de l'Avalanche. Après tout, c'est là où je suis né...

«Mais j'étais très jeune lorsque j'ai quitté Québec. Je ne me souviens que de bribes reliées au hockey. Je me souviens d'être allé au Colisée et d'avoir joué sur un étang glacé avec mon frère...

«D'après ce que je comprends, certaines personnes pensent que la ville n'est pas assez grande pour soutenir une équipe. Mais à mon sens, n'importe quelle ville canadienne est capable de remplir un aréna pour un match de la LNH!»

Sylvain Lefebvre, qui a été défenseur pour le Canadien et pour les Nordiques, est de ceux qui espèrent un retour de la LNH dans la Vieille Capitale.

«Ayant joué autant pour Montréal que Québec, c'est sûr que j'aimerais que l'on retrouve un jour la rivalité entre les deux équipes, soutient l'entraîneur-adjoint de l'Avalanche.

«Le hockey est dans le coeur des Québécois.»

Un milliard perdu en 14 ans!

Jean Martineau, le responsable des relations publiques chez l'Avalanche, occupait un poste semblable avec les Nordiques. Il sait bien que l'idée d'un retour du hockey à Québec fait son chemin depuis quelques semaines.

«Il y a des clubs de hockey en difficulté et il y a des possibilités de transfert. Mais si cela arrive, Québec doit montrer qu'elle est prête», a dit Martineau en soulignant l'importance d'un nouvel amphithéâtre.

Selon lui, l'inertie politique dans le dossier d'un nouveau Colisée est ce qui a mené au départ des Nordiques en 1995.

«C'est vrai qu'à l'époque, les salaires n'étaient pas contrôlés, a concédé Martineau. Sauf qu'il faut rappeler que le Pepsi Center de Denver a été construit il y a une dizaine d'années pour 160 millions US.

«On aurait pu construire un nouveau Colisée pour un montant semblable! C'était des pinottes, mais la décision des gouvernements a été de ne pas s'embarquer.

«Pourtant, les retombées économiques entourant les Nordiques étaient de l'ordre de 75 millions par année. Quatorze ans après leur départ, c'est donc plus d'un milliard en retombées qui ont été perdus.»

Mais vu de l'extérieur, Jean Martineau dit aujourd'hui sentir une attitude nouvelle à Québec. Et cette attitude n'est pas très différente du vent de dynamisme qui a balayé Denver et qui a mené à l'arrivée de l'Avalanche dans les Rocheuses.

«Jusqu'à la fin des années 80, Denver était considérée comme une ville mineure aux États-Unis, sauf qu'elle a posé des gestes pour devenir une ville d'envergure, a-t-il expliqué.

«Denver a investi cinq milliards sur un nouvel aéroport, il y a eu un nouveau centre des congrès, la construction du Coors Field au baseball, de l'Invesco Field au football, et bien sûr du Pepsi Center pour l'Avalanche.»

L'engouement

Si la Ligue nationale se décide à revenir dans des marchés plus naturels pour le hockey, la candidature de Québec deviendra plus séduisante car la réponse des amateurs avait fait bonne impression auprès des joueurs à l'époque.

«Les gens de Québec ne savent pas jusqu'à quel point Joe Sakic a aimé jouer à Québec, a dit Jean Martineau à titre d'exemple. Ce qui était difficile pour lui, c'était le contexte perdant de l'époque. Mais les athlètes aiment jouer dans les villes où ils sentent un engouement.

«Et c'est sûr qu'il y a plus d'engouement à Québec que dans certaines villes des États-Unis.»

Un point de vue que partage Sylvain Lefebvre.

«Les joueurs qui ont déjà joué à Québec ont tous apprécié leur expérience», affirme l'entraîneur-adjoint de l'Avalanche.

Mais Québec n'a-t-elle pas déjà été perçu comme la Sibérie du hockey?

«On vit des temps difficiles où les joueurs se cherchent des jobs, a répondu Lefebvre. Il y en a qui sont prêts à aller jouer en Russie.

«Je ne vois pas pourquoi ils ne seraient pas contents de venir à Québec!»