Il y a quelques années, l'arrivée des universités francophones au football a complètement bouleversé le paysage sportif québécois. La mise sur pied d'un programme de hockey féminin à l'Université de Montréal pourrait bien avoir le même effet cet automne.

Bien coté au niveau canadien - les Martlets de McGill sont championnes nationales en titre - le circuit québécois réunit déjà des joueuses d'élite. On espère maintenant qu'une équipe universitaire francophone, la seule présentement, aidera à freiner l'exode de plusieurs Québécoises vers les universités américaines.

C'est le voeu d'Isabelle Leclaire, jeune entraîneur-chef des Carabins, qui travaille depuis plus d'un an déjà à la préparation de son équipe. Soutenue par Danielle Sauvageau et France St-Louis, deux figures de proue du hockey féminin canadien, Leclaire a mis sur pied une équipe qui pourrait surprendre.

«J'ai l'impression qu'on va réussir mieux qu'on le pensait au début, estime-t-elle. Le niveau est bon, l'encadrement est en place. Notre premier trio sera au niveau des meilleurs au Québec, avec notamment Marie-Andrée Leclerc-Auger, la meilleure recrue de l'année la saison dernière à McGill. On a la chance d'être dans un environnement exceptionnel avec plein de spécialistes - en préparation physique, psychologie sportive, nutrition... - qui sont près de nous et qui nous aident.»

L'épouvantail McGill

À McGill, les Martlets viennent de remporter 55 matchs consécutifs contre les équipes universitaires canadiennes. Elles devront toutefois se passer cette saison de leur entraîneur-chef Peter Smith, de la gardienne Charline Labonté et de la joueuse de défense Catherine Ward, qui sont à Calgary avec l'équipe olympique.

Amey Doyle, l'adjointe de Smith depuis sept ans, a pris la relève et mise encore sur une équipe redoutable, animée par la meilleure joueuse de la saison dernière au Québec, Ann-Sophie Bettez. «On vient de connaître deux saisons parfaites et ce sera difficile de faire aussi bien», reconnaît la jeune attaquante, qui a obtenu 54 points en 18 matchs de conférence la saison dernière et qui vise une place avec l'équipe nationale pour les Jeux de 2014.

Amey Doyle estime que les équipes québécoises seront encore cette année parmi les meilleures au pays. «À McGill, les critères d'admission sont élevés au plan académique et nous ne pouvons recruter toutes les filles qu'on voudrait. Mais celles qui se joignent aux Martlets ont une éthique de travail exceptionnelle.»

Garder nos meilleures ici

Tant Amey Doyle qu'Isabelle Leclaire estiment qu'il est important de garder les meilleures Québécoises ici.

«Marie-Andrée (Leclerc-Auger) a excellé l'an dernier à sa première saison avec nous, mais elle trouvait difficile d'étudier en anglais et a décidé de se joindre aux Carabins», explique Doyle.

«C'est très bien pour elle et ça montre aux bonnes joueuses québécoises qu'il n'est pas nécessaire d'aller jouer aux États-Unis. Ann-Sophie Bettez a reçu des offres de toutes les bonnes équipes universitaires, au Canada et aux États-Unis, et elle a choisi McGill.»

«J'ai fait mon cegep à Dawson et j'adorais la vie à Montréal, explique Bettez, qui est originaire de Sept-Îles. Je voulais étudier en anglais et McGill m'offrait la chance de compléter une formation réputée en administration, tout en jouant cinq saisons de hockey. Aux États-Unis, les filles n'ont que quatre années.»

Les Carabins disputent le premier match local de leur histoire demain soir au CEPSUM.