Dans le temps qu'ils étaient vraiment poches, les Nordiques avaient un slogan du tonnerre: le meilleur est à venir. L'idée, bien sûr, c'était d'expliquer aux fans qu'il fallait jouer de patience, parce que bientôt, très bientôt, les jeunes de l'organisation allaient tous se transformer en jeunes prodiges, et la Coupe Stanley allait suivre tout de suite après.

C'est drôle, mais c'est un peu le même slogan que les dirigeants du Canadien nous répètent depuis quelques années déjà. Pas en ces mots, bien sûr. Mais d'autres façons, parfois plus subtiles, parfois plus insidieuses.

La preuve? Ces mots de l'ancien proprio George Gillett, publiés en ces pages en 2007.

«Il y a énormément de profondeur dans notre équipe. Vous n'avez qu'à consulter les sites d'experts sur l'internet... Tout le monde s'entend pour dire que c'est le Canadien qui a le plus de jeunes joueurs de talent en banque. On a toujours choisi de miser sur de bons jeunes joueurs, sans toutefois négliger les vétérans disponibles sur le marché des joueurs autonomes. Au cours des deux ou trois prochaines années, on va réaliser que cette approche était la bonne.»

Eh bien! Nous y voici. Au cours des deux ou trois prochaines années, c'est à peu près maintenant. La question à 100 dollars, donc: est-ce que, comme le suggérait M. Gillett, l'approche du CH était la bonne?

Il faut probablement répondre à cette question par un gros non. Parce que les jeunes prodiges, ceux que les patrons du Canadien nous ont vantés sans cesse, se font encore attendre. Parce que certains d'entre eux ne sont même plus ici.

Prenons seulement les premiers choix «de luxe» du club, ceux de 2003, 2004 et 2005. Celui de 2003, c'est Andrei Kostitsyn. Que dire de plus, sinon rappeler subtilement qu'il a été repêché avant des quidams comme Ryan Getzlaf et Mike Richards. En fait, la direction du Canadien était déchirée entre lui et Jeff Carter. Misère...

Le premier choix de 2004, Kyle Chipchura, n'a pas le coup de patin d'un joueur digne de la LNH. Il a beau essayer, ça ne s'améliore pas. Le premier choix de 2005, un certain Carey Price, a été mythifié avant même d'avoir disputé 20 matchs dans cette ligue. Manifestement, ça ne l'a pas beaucoup aidé.

Tomas Plekanec, un autre que la direction voyait gros comme ça, fait du surplace depuis la fameuse déclaration de la fillette. Chris Higgins et Mike Komisarek, deux intouchables il y a deux ans à peine (on les voyait tous avec le C, n'est-ce pas?) ne sont plus ici. Il reste évidemment Matt D'Agostini et Max Pacioretty, les joyaux de l'organisation avec Carey Price. Encore là, on nous jure que le meilleur reste à venir...

C'est l'évidence: la majorité des espoirs du Canadien n'ont pas donné les résultats escomptés. Ça explique, en partie du moins, pourquoi Bob Gainey a été aussi actif lors de la saison morte. Comme nous, il en avait assez d'attendre. Alors, il a préféré agir en se disant que l'avenir, c'est maintenant.

Il s'agit d'une nouvelle approche. Reste à voir si elle sera plus efficace que la précédente. Après tout, le job de M. Gainey en dépend.

Hystérie à Vancouver

Tiens tiens. Roberto Luongo se fait traverser pendant une couple de matchs et, à Vancouver, c'est l'hystérie. Il y a même un chroniqueur de Vancouver qui posait cette question en début de semaine: «Encore 12 ans de ça?», en référence au lucratif contrat signé par le gardien québécois cette année. Tout ça après seulement trois matchs...

Ça ressemble un peu à nous autres, n'est-ce pas? En fait, j'y vois un parallèle évident: comme Montréal, Vancouver est la ville d'un seul sport majeur. Pas moyen de parler d'autre chose que de hockey. Alors, ça donne lieu à de légers débordements.

Cela dit, ça fait du bien de savoir qu'on n'est pas les seuls dans le club des hystériques. C'est même un peu réconfortant.