Se prêter au jeu des prédictions avec le Canadien cette saison est plus que jamais un jeu, en raison des nombreux impondérables ainsi que de la parité qui existe dans l'Association Est. Ceux qui diront, dans sept mois, qu'ils avaient visé juste sont soit bien malins, très chanceux ou carrément menteurs.

Les performances de l'équipe en matchs préparatoires (quatre victoires, trois défaites) n'ont permis de répondre qu'à quelques-unes des interrogations que les amateurs de hockey québécois se posent.

Est-ce que le gâteau de fête va finir par lever? On devrait justement avoir une bonne idée le 4 décembre, date qui va marquer le 100e anniversaire de fondation du club. D'ici là, les amateurs de hockey vont suivre avec intérêt les premiers pas de la nouvelle mouture du CH.

Ça commence à Toronto, jeudi.

La transplantation de sept éléments - Mike Cammalleri, Scott Gomez, Brian Gionta, Travis Moen, Jaroslav Spacek, Hal Gill et Paul Mara - et d'un nouveau personnel d'entraîneurs, à l'exception de Kirk Muller, va-t-elle opérer? Le directeur général Bob Gainey a joué le tout pour le tout en début d'été. Si l'équipe échoue, il perdra fort probablement son poste.

Martin bien en selle

Depuis l'ouverture du camp d'entraînement, l'équipe surfe sur une vague de positivisme et de bonne entente. C'est normal: tout nouveau tout beau, comme le dit l'expression populaire. Les joueurs sont réénergisés et animés des meilleures intentions. Il sera intéressant de voir comment le groupe va réagir lorsqu'il sera confronté à ses premiers écueils. Ce qui ne saurait tarder.

L'entraîneur Jacques Martin est en position de force, davantage que n'importe quel pilote qui arrive à la barre d'une équipe. Dans son cas, il s'amène de plus avec un bagage d'expériences fort intéressant.

Il n'aura pas de difficulté à obtenir l'attention des joueurs, qui ont des choses à prouver ou à se faire pardonner. Les arrivants voudront donner raison à Gainey d'avoir été les chercher. Ceux qui sont restés s'efforceront de racheter le rendement en dents de scie qu'ils ont, pour la plupart, offert la saison dernière.

Il n'y aura pas de «tricheurs» sur la glace ni de «fêtards» à l'extérieur. On ne tolérera aucun écart de conduite, aucune incartade. Sergei Kostitsyn l'a appris à ses dépens, en se voyant rétrograder dans la Ligue américaine, dimanche. Kostitsyn s'est présenté au camp dans une forme moyenne et il n'a pas aidé son cas en ratant l'autobus qui transportait l'équipe à Québec, il y a une dizaine de jours.

«Les problèmes, on va les régler à l'interne», a clairement indiqué Martin.

Price, plus concentré

Aucun doute, les célébrations du centenaire sont terminées. Autant on ne parlait que de ça il y a un an, autant il n'en est presque pas question cette année.

Gainey a admis dernièrement que toutes les activités qu'on a organisées, la saison dernière, avaient fini par affecter la concentration de l'équipe. A compter du 5 décembre, le 100e sera chose du passé.

Le jeune gardien Carey Price s'est peut-être laissé distraire plus que les autres à sa deuxième saison dans la LNH. Il a centré beaucoup d'efforts, entre autres, à assurer sa participation au match des étoiles, en janvier.

Cette saison, on mise sur son retour en force. Plusieurs observateurs l'identifient comme la clé de voûte des succès du CH. Le gardien âgé de 22 ans a fait la promesse à son retour à Montréal, au terme d'une longue réflexion, qu'il sera plus concentré sur la tâche à accomplir. Il sera soutenu par une brigade en défense plus aguerrie et il devrait profiter du style plus hermétique que l'entraîneur tente d'implanter.

Plus de 90 points

On peut avancer, sans risque de se tromper, que si le Tricolore connaît une sixième saison d'affilée de 90 points ou plus, il sera en bonne position d'accéder aux séries. Une seule fois au cours des cinq dernières saisons, il n'a pas pris part aux séries. C'était en 2006-07, la première saison de Guy Carbonneau comme entraîneur.

Martin devra trouver une façon de faire fonctionner à plein régime le jeu de puissance de l'équipe, qui a glissé au 13e rang de la LNH la saison dernière. Le CH avait dominé la ligue à ce chapitre au cours des deux saisons précédentes, avec Sheldon Souray et Mark Streit comme principale arme au point d'appui. Cette saison, ce sera à Spacek de relever le défi. En infériorité numérique, l'équipe s'est maintenue en première moitié de peloton de la LNH.

Encore cette saison, le Tricolore doit amorcer la saison sur une note positive. Il a l'habitude des départs canon depuis la conclusion du lock-out, en 2005. Dans trois des quatre dernières saisons, le Canadien totalisait déjà une dizaine de victoires après 15 matchs. En 2006-07, il montrait une fiche de 8-4-3 après une quinzaine de rencontres.

La saison dernière, l'excellent départ de 10-4-1 lui a valu, au bout du compte, une participation à l'arraché aux séries d'après-saison.