Pour plusieurs membres de l'organisation du Canadien, la visite au Colisée de Québec se veut un petit retour dans le temps.

C'est le cas de Jacques Martin, qui a été entraîneur-adjoint pendant quatre ans avec les Nordiques, et de Glen Metropolit, qui a joué une saison dans la Ligue internationale avec les Rafales de Québec.

Mais pour David Desharnais, qui a alimenté la rivalité avec les Remparts à l'époque où il portait l'uniforme des Saguenéens de Chicoutimi, ce retour au Colisée est une boîte à surprise.

«Les gens vont probablement se rappeler de moi comme d'un Saguenéen et je ne serais pas surpris qu'ils me huent», a confié Desharnais au terme d'un exercice matinal qui a attiré plus de 2000 personnes.

C'est la deuxième fois depuis le départ des Nordiques que le Colisée accueillait un match de la LNH.

En 2002, le Canadien avait disputé un match préparatoire face à l'Avalanche du Colorado et à cette occasion, Joe Sakic, Peter Forsberg et Adam Foote avaient revêtu leur ancien chandail fleurdelysé durant la période d'échauffement.

Sept ans plus tard, le temps a fait son oeuvre. L'allégeance des gens de Québec se porte un peu plus vers le Tricolore.

Au mois de mai, il n'a fallu que 25 minutes pour vendre tous les billets du match de ce soir.

Selon Dany Poulin, commentateur sportif à la radio FM93 de Québec, il y a aujourd'hui à Québec 80% d'amateurs du Canadien et environ 20% de partisans encore frustrés.

«Cela fait 15 ans, la plaie se referme, explique Poulin. Le fameux « je me lève la nuit pour haïr le Canadien», on l'entend de moins en moins.

«Le Tricolore est vraiment devenu une équipe provinciale.»

«Montréal, c'est l'ennemi»

Mais il reste toujours des nostalgiques qui ont la couenne dure, affirme Yannick Poulin, un résidant de Québec venu assister au match avec femme et enfant.

«Il y a pas mal de gens qui sont venus au Colisée avec un chandail des Bruins, mais il y a pas mal d'anti-Canadiens là-dedans.»

«Ça n'affecte pas la nouvelle génération. Mais pour ceux comme moi qui ont vécu la rivalité des années 80 et les bagarres d'école, ça a marqué notre enfance.

«Montréal, c'est l'ennemi» 

Et cette frange de partisans s'est fait entendre, dimanche au Colisée.

Gino Bilodeau, venu de la Beauce avec ses deux enfants pour assister au match, est venu voir la LNH. Pas le Canadien.

Cet éternel partisan des Nordiques appuiera les Bruins durant le match.

Quant à ses deux enfants, ils brandiront des fanions tricolores...

«On prend pour le Canadien... en attendant», a lancé le jeune Anthony.

Les Bruins reçoivent

Difficile d'aborder ce match sans évoquer le possible retour de la LNH à Québec - un dossier qui a pris du galon au cours des derniers mois.

«Québec mérite une équipe et elle va en avoir une, affirme Julien. Selon moi, la ville est capable de supporter une concession.» Mais pour l'instant, il faut se contenter de matchs préparatoires.

Et à ce sujet, malgré leurs récents succès sur la patinoire, les Bruins ont un peu de difficulté à générer de l'intérêt pour leurs matchs pré-saison.

Comme l'ont fait plusieurs équipes ces dernières années, ils ont donc ciblé d'autres endroits pour y disputer leurs matchs préparatoires, de façon à générer plus de revenus. Ainsi, même si une majorité de spectateurs se rangent dans le camp tricolore, ce sont les Bruins qui reçoivent au Colisée.

Les deux équipes se partageront cependant les revenus de cette soirée.