Marc-André Fleury a passé l'été de 2008 à se faire rappeler l'arrêt qu'il n'avait pas effectué.

Alors que les Penguins de Pittsburgh tentaient désespérément de remporter le sixième match de la finale de la Coupe Stanley pour retourner à Detroit pour un septième match contre les Red Wings, Fleury a partiellement bloqué un tir de Henrik Zetterberg avec sept minutes et demie à faire en troisième. Il a cherché la rondelle partout, mais au lieu de la trouver, il l'a poussée derrière la ligne rouge, donnant les devants 3-1 aux Wings, qui l'ont finalement emporté 3-2.

Plusieurs gardiens passent le reste de leur carrière à espérer une chance d'effacer une telle déception. Fleury a eu sa chance seulement un an plus tard. Et il ne l'a pas ratée.

Il y a trois mois, avec les Penguins en avant 2-1 dans le septième match de la finale face à ces mêmes Wings, Brian Rafalski a décoché un tir désespéré de la pointe droite. La rondelle n'est pas entrée dans le filet, mais a ricoché jusqu'au défenseur Nicklas Lidstrom, posté dans le cercle des mises en jeu gauche, avec deux secondes à faire.

Lidstrom était seul. Le filet était ouvert, Fleury toujours sur sa gauche. Il a toutefois trouvé le moyen de se lancer de l'autre côté du filet pour bloquer le tir précis de Lidstrom à l'aide de son bâton et de sa jambière. Quelques instants plus tard, ses coéquipiers fêtaient leur victoire.

«Je l'ai regardé une couple de fois, c'est un fait saillant plutôt «cool' de ma carrière, a-t-il dit. Mais ce n'est qu'un arrêt. Je suis content qu'il n'ait pas marqué sur ce tir.»

Peut-être que c'était juste un arrêt, mais parfois un jeu, un moment, une opportunité saisie peuvent définir une carrière. L'arrêt de Fleury n'a pas seulement sauvé les Penguins dans ce septième match, il a permis de répondre à la seule question qui demeurait dans son cas.

Sans aucun doute, Fleury est talentueux. Il l'a prouvé en étant repêché au tout premier rang par les Penguins en 2003. Sans aucun doute, il peut accumuler les victoires, comme sa fiche de 40-16-9 à seulement 22 ans l'a prouvé. Il avait également prouvé qu'il pouvait amener son équipe en finale, comme il l'avait fait à 23 ans.

Mais pouvait-il remporter LE gros match? Est-ce que ce joueur reconnu pour ses qualités athlétiques et sa rapidité, mais aussi pour sa propension à accorder un mauvais but de temps à autre et beaucoup trop à la suite de retours de lancers pouvait être aussi bon à stopper la rondelle quand ça compte que Sidney Crosby et Evgeni Malkin ne le sont pour marquer?

«Je savais que les gens avaient des doutes à son endroit, se posaient des questions, a dit l'attaquant Ruslan Fedotenko. Dans nos coeurs, nous n'en avons jamais eus. C'est notre gardien.»

«Je pense avoir entendu quelques personnes dire que je les avais confondues, alors j'en suis fier, a ajouté Fleury. Mais je ne porte pas trop attention à ce qui se dit. Du moment que je donne le meilleur de moi-même et que j'obtiens le respect des mes coéquipiers, je suis content.»

Cette perception, Fleury ne l'a pas changée qu'avec cet arrêt, mais avec deux des meilleurs matchs de sa carrière.

Les Penguins étaient acculés au mur après que Fleury eut connu une sortie misérable dans le cinquième match de la série, perdu 5-0 par les siens. Les Wings n'étaient plus qu'à une victoire de leur cinquième coupe en 12 ans. Mais Fleury n'a alloué que deux petits buts au cours des deux matchs suivants pour permettre aux Penguins de devenir la première équipe depuis le Canadien de 1971 à remporter le septième match de la finale sur la patinoire adverse.

«Ça vient avec l'expérience, a expliqué le gardien. Il y a tant de matchs que ça importe peu ce qui se passe un soir donné. On met ça derrière soi et on l'oublie.»