Le Canadien est en train de bâtir sa nouvelle identité. Les gros bonhommes ont reçu la consigne de frapper et à ce titre, les matchs intra-équipe de cette saison détonnent par rapport aux dernières années.

Le Canadien bâtit sa nouvelle identité, et cela implique d'effacer l'ancienne.

Pendant longtemps, il a misé sur ses habiletés, quitte à avoir la réputation d'une équipe contre laquelle il n'était pas si difficile de jouer. Jacques Martin est visiblement soucieux d'y remédier.

L'air de dire: fini la peau douce, voici le papier sablé.

«Les gens pensent que parce qu'une équipe n'est pas costaude, elle ne peut pas jouer de façon robuste, a souligné Martin.

«Or, durant la finale entre Detroit et Pittsburgh, le printemps dernier, on a vu que Detroit n'était pas une grosse équipe sauf qu'elle peut jouer physiquement. Les joueurs terminent leurs mises en échec.

«La grosseur n'est pas importante. Il n'y a que la grosseur du coeur qui compte.»

On sent dans les matchs intra-équipe de cette année un certain effet d'entraînement au plan de la robustesse.

Le jeune Andrew Conboy, par exemple, s'est non seulement illustré avec un but et cinq tirs au but, hier, mais il a cherché noise à à peu près tout ce qui se portait un chandail blanc sur la patinoire.

Il s'est frotté à Travis Moen et Ryan O'Byrne, entre autres, après s'être présenté à Georges Laraque la veille.

«C'est toujours en jouant de cette façon que j'ai fait mon chemin», a noté le costaud de 6'4 et 200 livres, qui est certes plus percutant sur la glace qu'en entrevue.

Un groupe plus fringant

Guillaume Latendresse et Ryan O'Byrne font partie des joueurs ciblés par l'entraîneur pour hausser leur niveau de combativité, sous peine de perdre du galon dans la formation.

Latendresse admet que c'est plus facile de se mettre dans de telles dispositions en raison des forces fraîches qui sont arrivées avec l'équipe.

Le talent injecté dans l'équipe est plus jeune et plus hargneux. «D'un côté, je sens qu'il y a plus de recrues au camp. Et de l'autre, je dirais qu'à part Jaroslav Spacek et Hal Gill, nos vétérans sont de jeunes vétérans. Mike Cammalleri a 27 ans, Scott Gomez en a 28.

«L'an passé, nos meilleurs joueurs - Saku, Kovalev, Tanguay - n'étaient pas des gars qui jouaient physiquement. Tandis que là, Brian Gionta est un gars qui va dans la circulation; Cammalleri peut jouer cheap.

«Quand tes meilleurs joueurs jouent de cette façon, les autres suivent.»

Émulation

Les joueurs plus frileux ne cesseront pas de l'être comme par enchantement. Mais il y a moyen de changer les réflexes du groupe afin d'offrir une opposition plus combative.

«Effacer cette étiquette d'équipe soft ne se fera pas en laissant tomber les gants continuellement, mais en finissant nos mises en échec et en n'ayant pas peur d'aller dans les coins», a expliqué Max Pacioretty.

«Pour ma part, je sais que ça fait partie intégrante de mon jeu. Mais je ne veux pas me mettre hors position simplement pour aller frapper un adversaire.»

Pacioretty est un bon élève, car c'est un peu ce que Jacques Martin nous a dit en commentant la question de la robustesse.

«Les gars n'ont pas besoin de sortir l'adversaire de la patinoire, mais ils doivent s'appliquer à le sortir du jeu, a noté Martin. Car le plus important reste d'être sur la rondelle.

«Ça fait partie des habitudes de travail qu'on veut installer.»

On ne vous dit pas que le Canadien est en train de se transformer en Flyers de Philadelphie. Mais la nouvelle direction de l'équipe - qui met tellement l'accent sur le travail et les détails - veut créer un contexte où jouer avec détermination et ne pas tourner les coins rond favorisera une émulation entre les joueurs.

Quand un joueur verra un coéquipier aller dans les zones dangereuses, ça l'incitera à faire de même.

Et s'il refuse de se mouiller, son manque de hargne ne sera que plus évident.