Ce n'est pas d'hier que l'attaquant David Desharnais se fait parler de sa grandeur.

Partout où il est allé - partout où on l'a appelé «le p'tit Desharnais», et ailleurs aussi - l'ailier de 5'7 s'est rappelé à quel point son physique réduisait ses chances de percer un jour la Ligue nationale.

C'est encore vrai aujourd'hui, sauf que Desharnais dissipe les doutes d'une année à l'autre.

Après avoir brûlé la ECHL il y a deux ans, il a franchi l'étape suivante avec brio, la saison dernière, en totalisant 58 points en 77 matchs avec les Bulldogs de Hamilton.

Le jeune centre, qui aura 23 ans la semaine prochaine, a terminé ex aequo au deuxième rang des pointeurs des Bulldogs. Si bien que, moins de deux ans après avoir signé un contrat à titre de joueur autonome, le natif de Québec se place en position de brouiller les cartes.

Peut-être pas dès le camp d'entraînement, mais disons que Desharnais est de mieux en mieux placé dans l'organigramme du Canadien.

«Je suis plus à l'aise et je sens que les entraîneurs me regardent davantage, a expliqué Desharnais en marge du camp des recrues. C'est à moi de montrer ce dont je suis capable.

«Mais, jusqu'à maintenant, quand ils m'ont donné l'occasion de me faire valoir, j'en ai profité. La saison dernière, quand il y avait des rappels à Montréal, j'étais capable de prendre le relais.»

Faire preuve d'intelligence

Pourquoi vous parler de David Desharnais aujourd'hui?

Justement à cause de son petit gabarit et des prétendues lacunes que cela occasionne.

Car, on le sait, Bob Gainey a mis la main cet été sur trois attaquants de premier plan qui ont en commun de mesurer moins de 6'.

Les critiques ont fusé à l'endroit du Tricolore, qui n'a pas solutionné le problème de stature qu'on lui a depuis longtemps identifié.

«Une gang de Schtroumpfs», a-t-on entendu.

Brian Gionta, par exemple, a un gabarit à peu près identique à celui de Desharnais. Et à l'instar du Québécois, l'ancien des Devils du New Jersey a pratiquement été le plus petit partout où il est passé, et il a dû compenser ses limitations physiques par une ardeur au jeu redoublée.

«La grandeur a plus ou moins d'importance, a affirmé Desharnais. L'important, c'est de faire preuve de détermination et aussi d'intelligence. C'est bien évident que je n'essaierai pas de jouer de façon physique devant un gars de 6'6 mais en même temps, il ne faut pas avoir peur d'aller dans la circulation.»

La fougue de St-Louis

Le Tricolore n'a pas déniché des vedettes qui alliaient talent et gabarit imposant. Mais si les Gionta, Mike Cammalleri et Scott Gomez prouvent qu'ils demeurent efficaces quand ça se met à brasser, s'ils résistent à l'intimidation, la question de leur physique n'aura plus aucune pertinence.

«Gionta et Gomez n'ont pas un gabarit important, mais ils ont démontré qu'ils avaient l'habileté de se montrer compétitifs, a noté l'entraîneur Jacques Martin, hier. Ce sont deux gars qui ont déjà gagné la Coupe Stanley et ils ont joué des rôles importants au sein de leur rôle.

«Mais peu importe la taille, on en revient toujours à la question de la compétition. Je regarde Martin St-Louis, avec le Lightning de Tampa Bay. C'est la combativité et l'engagement de joueurs comme lui qui vont aider leur équipe à avoir du succès.»

Plus lourds que les Bruins?

Les chiffres peuvent surprendre.

Selon les fiches du site internet de la LNH, les mensurations moyennes des 14 principaux attaquants du Canadien - nous incluons Pacioretty et Stewart et retranchons Chipchura - sont de 6' et 205 livres.

Or, les 14 premiers attaquants des Bruins de Boston, tenez-vous bien, mesurent en moyenne 6'0 eux aussi, sauf qu'ils pèsent 10 livres de moins.

«Mais tout le monde sait que les Bruins jouent plus gros», direz-vous.

C'est vrai, et c'est là l'argument.

Au-delà des statistiques et des mensurations, c'est le style de jeu et le courage des joueurs qui fera la différence cette saison. Ce sera vrai pour Gionta, Cammalleri et Gomez à Montréal et pour David Desharnais à Hamilton.