Comme un peu tout le monde, Guy Lafleur a déjà hâte de voir le Canadien nouvelle mouture en action. Hâte de voir si tous ces changements, tous ces nouveaux visages, vont enfin ramener une vague odeur de Coupe Stanley aux alentours du Centre Bell.

À moins de trois semaines de l'ouverture du camp d'entraînement à Brossard, l'ancienne gloire du CH entrevoit la nouvelle saison avec un brin d'optimisme. Et avec une bonne dose de réalisme.

«Je pense que les changements sont positifs, a commencé par dire Lafleur, hier, lors d'un entretien téléphonique. Ce que Bob Gainey veut faire, c'est implanter un meilleur esprit d'équipe que la saison dernière. On voyait bien qu'il y avait un malaise, l'an dernier, et que l'esprit d'équipe n'était pas à son mieux. Bob a fait des changements radicaux, mais est-ce que la chimie va opérer? C'est la question.»

Le mot «chimie», Guy Lafleur va le répéter souvent au cours de la conversation. Comme il va souligner plusieurs fois l'importance du concept d'équipe, un concept qui a manifestement échappé aux membres du CH la saison dernière. «Tout le monde parlait des histoires de party, a-t-il enchaîné. Mais je ne pense pas que c'était ça le problème. Pour moi, le gros problème, c'était qu'il y avait trop de joueurs indifférents. C'est sans doute pour ça qu'il y a eu tous ces changements cet été.»

De toutes les nouvelles acquisitions du club montréalais, c'est surtout le nom de Scott Gomez - un homme qui touchera un salaire de huit millions cette saison - qui intrigue l'ancien numéro 10 du Canadien. «J'ai hâte de le voir jouer. Gomez, tout le monde parle de lui. En même temps, les Rangers de New York l'ont laissé aller; il doit bien y avoir une raison à ça... J'espère seulement qu'il pourra justifier son gros salaire.»

Guy Lafleur le dit sans hésiter: la saison qui s'en vient sera cruciale pour Bob Gainey, le principal responsable de tous les changements apportés à l'équipe cet été. «Bob Gainey avait un plan de cinq ans, et là, il tente le tout pour le tout, estime Lafleur. Pour lui, je pense que ça passe ou ça casse cette année.»

Du respect pour Jacques Martin

Pour relancer l'équipe, la direction montréalaise a choisi de confier le volant à Jacques Martin, un homme que Guy Lafleur a bien connu à Québec, en 1990-1991. Martin était entraîneur associé chez les Nordiques au moment où Lafleur y allait de ses derniers coups de patin dans la LNH, dans l'uniforme aux fleurs de lys.

Selon lui, Jacques Martin est le choix parfait pour remettre l'équipe sur les rails du succès.

«On parle ici d'un entraîneur qui sait se faire respecter, a ajouté celui que l'on surnommait jadis le Démon blond. Il sait comment pousser les joueurs; il s'organise pour que tout le monde donne son maximum sur la glace. J'ai confiance en lui.»

En ce qui concerne la question du futur capitaine du CH, une question de plus en plus brûlante d'actualité, Lafleur ne sait trop quoi penser. «Qui devrait être le prochain capitaine? Honnêtement, je n'ai aucune idée. Mais de toute façon, je pense que c'est une décision qui appartient aux joueurs. Dans mon temps, les joueurs décidaient qui serait le capitaine de l'équipe. Ce n'est pas quelque chose qui revient à la direction, selon moi. Ça prend des leaders et ce sont les joueurs qui doivent décider de la question du capitaine.»

Les séries? Alors là, Guy Lafleur hésite à se mouiller. Le jeu des prédictions, très peu pour lui. «J'espère seulement qu'ils vont être là dans les séries. C'est le souhait de tout le monde, mais en même temps, ce n'est pas tout d'atteindre les séries. Il faut aussi se rendre le plus loin possible...»