On en entend parler depuis des années. Mais l'heure a maintenant sonné pour John Tavares, qui n'attendra pas longtemps, vendredi, avant de savoir dans quelle ville il entreprendra sa carrière professionnelle.

Même si le Suédois Victor Hedman a une chance réelle d'être le choix des Islanders de New York au tout premier rang, Tavares part avec une longueur d'avance.

En fait, il ne s'agit pas de savoir si le centre des Knights de London est un meilleur joueur que Hedman, ou même que Matt Duchene.

C'est de se rappeler combien le nom Tavares résonne comme le son d'une caisse enregistreuse.

Pour les Islanders, qui cherchent à relancer leur concession l'attrait que suscite Tavares n'est pas à dédaigner.

«C'est dur de passer outre à John Tavares, entre autres en raison de la visibilité qu'il a au Canada et aux États-Unis», concède Guy Lapointe, recruteur chez le Wild du Minnesota.

«En termes d'image, il est bien en avance sur Victor Hedman.»

Un engouement à la Crosby

La question de l'image revient souvent avec Tavares. L'intérêt que lui portent les médias donne d'ailleurs un avant-goût de la place qui lui est destinée dans la mise en marché de la LNH.

Aucun espoir depuis Sidney Crosby n'a suscité un tel engouement. Tavares le sait, mais il dit bien manoeuvrer dans cet environnement.

«Je n'ai pas encore eu la chance de parler directement à Sid, mais Pat Brisson est notre agent à tous les deux et il m'a expliqué comment Sidney avait géré cette situation-là à mon âge. Ça m'a aidé», indique Tavares.

Brisson, lui, préférerait délester son jeune client de toute cette pression. Crosby et Tavares ont tous deux été identifiés comme des phénomènes à un très jeune âge. Mais la comparaison ne sert pas Tavares.

«L'année suivant le lock-out, Sidney était débarqué dans la ligue après avoir réécrit tous les records dans le junior, rappelle l'agent québécois. Et il a répondu aux attentes dès sa première saison dans la LNH avec une récolte de 102 points.

«Sidney a tellement fait pour le hockey en seulement quatre ans. Ce ne serait pas juste de mettre le jeune Tavares dans une telle situation.Cela dit, John a tous les atouts pour partager un jour la visibilité de Sidney au sein de la ligue.»

Ses atouts, c'est d'abord un instinct de marqueur hors du commun et un rendement qui s'élève d'un cran sous la pression.

Tavares a démontré, entre autres lors des derniers Championnats du monde junior, qu'il pouvait aller chercher le gros but au moment opportun.

Un futur marqueur de 50 buts

La bulle Tavares s'est mise à gonfler lorsque ce dernier est arrivé la Ligue junior de l'Ontario à seulement 15 ans.

«Mon premier match en carrière dans la OHL demeure le moment le plus stressant de ma carrière, nous a-t-il confié. J'étais très jeune à l'époque et j'étais anxieux de démontrer que je méritais d'être là.»

Tavares a enfilé 45 buts en 65 matchs cette année-là!

Tellement habitué à brûler les étapes, Tavares a plus tard demandé un changement aux règles d'admissibilité du repêchage de la LNH afin d'être sélectionné plus jeune. Débouté, il a dû prendre son mal en patience lors d'une quatrième saison dans la OHL.

Ayant passé autant de temps dans le même circuit, notent plusieurs dépisteurs, les gens ont fini par s'attarder sur les défauts de Tavares plutôt que sur ses qualités.

Son coup de patin a entre autres été remis en question.

«Tavares pourrait marquer 40 ou 50 buts dans une saison, mais il est unidimensionnel. S'il ne marque pas, il n'aide pas», écrivait il y a quelques semaines Kyle Woodlief, l'éditeur du Red Line Report, un bulletin d'évaluation des meilleurs espoirs.

Le jugement est sévère.

Vous en connaissez, vous, des marqueurs de 50 buts qu'on balaierait d'un revers de main?