Dans le monde des affaires, Jim Balsillie est l'équivalent du «punching-bag«: même s'il encaisse la pire raclés de sa vie il réussit à se relever avec tout au plus un froncement de sourcil.

Mais attention aux apparences, clament ses amis, car Balsillie sait rebondir.

«Il est comme un punching-bag qui revient toujours après avoir été frappé et qui vous frappe dans l'estomac», soutient son ami et homme d'affaires Ron Foxcroft.

C'est de cette façon que le milliardaire canadien a fait sa fortune, défendant chèrement le potentiel du Blackberry lorsque ses opposants faisaient les gros yeux en affichant leurs doutes.

Même si un juge d'un tribunal de faillite a rejeté, lundi, l'offre de 212,5 millions $ de Balsillie visant à acheter les Coyotes de Phoenix avant la fin du mois, Foxcroft affirme que le refus du milliardaire d'abdiquer amènera un jour un club de la LNH à Hamilton.

Ce rejet est le troisième encaissé par Balsillie dans sa tentative d'implanter une autre équipe au nord de la frontière. Celui-ci avait auparavant tenté d'acheter les Predators de Nashville et les Penguins de Pittsburgh, mais en vain.

«Ce n'est qu'un obstacle». Voilà comment Foxcroft, un arbitre de basketball professionnel et le créateur du sifflet Fox 40, qualifie la décision du juge.

«Ces petits obstacles sont comme un drapeau rouge que l'on agite devant un taureau. Il n'en est que plus déterminé et plus motivé encore.»

Balsillie, qui est âgé de 48 ans, s'est bâti une formidable carrière en prouvant qu'il avait vu juste. Certains avancent que le président de Research in Motion, une entreprise basée à Waterloo, en Ontario, s'inspire de l'accouchement difficile qu'a connu RIM avec son BlackBerry révolutionnaire.

Toutefois, de l'avis de certains, cette approche a parfois rendu Balsillie impopulaire en plus de polariser l'opinion. Et cela explique peut-être pourquoi ses efforts auprès de la LNH n'ont encore rapporté aucune dividende.

«Jim est le premier à admettre que son style agressif peut parfois indisposer les gens mais c'est Jim», explique Foxcroft. Cela lui a peut-être valu d'en contrarier certains, mais c'est aussi la raison de ses succès.»

Il y a un mois, alors que sa dernière proposition en dérangeait plus d'un, le vice-président de la LNH, Bill Daly, a clairement indiqué que la ligue ne négocierait avec personne qui ne suivrait pas le protocole.

«Monsieur Balsillie agit de nouveau au mépris de tout règlement ou de toute structure», avait alors tranché Daly.

Balsillie adore raconter comment certains mettaient en doute le potentiel du BlackBerry lorsque l'idée en était encore à ses premiers balbutiements, raconte son porte-parole, Bill Walker.

«Lorsqu'ils entendaient parler des rêves de Jim ils souriaient, lui donnaient une petite tape dans le dos et lui souhaitaient bonne chance.»

Balsillie et le cofondateur Mike Lazaridis ont cependant démontré qu'ils avaient raison, faisant de Research In Motion l'une des compagnies technologiques les plus puissantes au monde avec ses activités à travers la planète. Le milliardaire compte désormais parmi les gens les plus riches au Canada.

Le chemin a été long depuis les ambitions de son enfance, qu'il a passée à patiner sur des patinoires de Peterborough, rêvant d'évoluer un jour dans la LNH.

Bien que ses rêves ne se soient jamais concrétisés, Balsillie n'a pas perdu son amour pour le sport. À preuve, pendant ses études en commerce, à l'université de Toronto, il reçu le titre d'athlète de l'année.

Il a continué à aimer le hockey, et ses efforts incessants pour implanter un club de hockey à Hamilton sont un fait marquant de sa vie à l'extérieur de la salle du conseil de RIM.

Sa première tentative remonte à 2006, avec les Penguins de Pittsburgh. L'entente aurait échoué lorsqu'il est devenu clair que l'une des conditions de vente était que l'équipe demeure à Pittsburgh. Or, Balsillie tenait mordicus à déménager le club au Canada.

L'année suivante, l'homme d'affaires n'a pas eu plus de chances avec les Predators de Nashville.

Dans le cas des Coyotes, l'une des raisons principales expliquant la mésentente intervenue entre lui et la LNH est le but avoué de la ligue que l'équipe devienne rentable en Arizona.

Pour le maire de Hamilton, Fred Eisenberger, Balsillie n'a pas dit son dernier mot.

«Il a manifestement démontré sa passion pour le hockey, et son désir d'implanter une équipe dans le sud de l'Ontario ne vas pas disparaître».