Dans bien des équipes de la LNH, Jordan Staal pivoterait le deuxième trio, voire la première unité offensive. Il serait une vedette à l'attaque. Mais chez les Penguins, qui misent évidemment sur Evgeni Malkin et Sidney Crosby, il doit jouer un rôle plus effacé.

L'entraîneur Dan Bylsma préfère utiliser le gabarit du joueur de centre de 20 ans - il fait six pieds quatre pouces et 220 livres - pour des missions défensives.

Plusieurs seraient tentés de le faire jouer aussi souvent que Malkin et Crosby. Ceux-ci atteignent régulièrement les 20 minutes de jeu dans un match. Plus souvent qu'autrement, Staal, lui, frôle plutôt les 18 minutes.

Lui en donner plus ferait de lui un joueur moins efficace, selon Bylsma.

«C'est un gros gars, a souligné l'entraîneur des Penguins. Je ne sais pas combien de minutes il pourrait jouer en jouant de la façon dont il excelle le plus, c'est-à-dire en jouant du hockey robuste et en bataillant ferme aux deux extrémités de la patinoire.

«Notre ligne du centre demeure une de nos principales forces. Même si (Staal) n'obtient que 18 minutes de glace, ce sont 18 minutes très intenses. Il pourrait jouer davantage, mais ça affecterait son style et l'aspect physique de son jeu.»

-----

En privé, certains membres des Penguins reconnaissent que le vent a peut-être tourné dans cette finale 2009. A 2-2, on est maintenant assuré d'une longue série, ce qui risque d'être à l'avantage des jeunes Penguins contre les vieux Red Wings.

Dan Bylsma n'a jamais dérogé à son plan de match depuis le début de la série, malgré un déficit de 0-2 après les deux rencontres initiales à Detroit. Et ça pourrait maintenant rapporter gros.

«On l'a dit depuis le début qu'il fallait jouer de la même manière même si on perdait, a expliqué le défenseur montréalais Kristopher Letang. Depuis le début, on essaie de les fatiguer le plus possible, de les frapper, de leur donner le plus de misère possible quand ils sortent de leur territoire. Et les gars continuent à se concentrer là-dessus.»

-----

C'est seulement la troisième fois depuis 1978 que les deux équipes ont des fiches parfaites à domicile après quatre rencontres en finale. En 1978, le Canadien avait remporté les deux premiers matchs à Montréal, puis les Bruins, les deux suivants à Boston. Même scénario en 2003 entre les Devils du New Jersey et les Ducks d'Anaheim.

Les Ducks était alors dirigés par Mike Babcock, le pilote actuel des Red Wings.

-----

Certains observateurs se demandent si Chris Kunitz, le compagnon de trio habituel de Sidney Crosby et Bill Guerin, ne vient pas affaiblir la première unité à l'attaque des Penguins.

Kunitz a montré jeudi qu'il était capable de beaux jeux, lui qui a refilé la rondelle à Crosby sur la séquence qui a mené au filet de Tyler Kennedy. Mais selon l'entraîneur Dan Bylsma, Kunitz est également fort utile à son club quand il ne récolte pas des points.

Kunitz a décerné quatre mises en échec, jeudi, et 11 mardi soir.

«Et de la façon que nous, nous comptons les mises en échec, il en a eu 13 (mardi), a souligné Bylsma. C'est là une façon de laisser sa marque, et de la laisser à plusieurs endroits. C'est à ça qu'on s'attend de lui. Qu'il laisse sa marque, qu'il fasse sentir sa présence en échec-avant, qu'il patine et fonce au filet.

«Vous savez, nous affrontons une très bonne équipe (en Detroit). Ils sont alertes dans leur zone et ils se déplacent rapidement vers le porteur du disque. Si vous preniez une photo de la zone neutre pendant que le jeu s'y déroule, vous verrez toujours quatre joueurs des Red Wings autour de la rondelle.

«Il faut donc tenter de créer des ouvertures à l'attaque dans ce contexte-là, mais nous devons aussi bien gérer la rondelle parce qu'ils sont très alertes en repli.

«Si nous effectuons trop de passes latérales et tentons de compléter des jeux en zone neutre avec quatre joueurs adverses tout près, le risque de revirement serait trop grand et ça leur donnerait l'occasion de contre-attaquer. C'est ce qu'ils veulent.

«Alors nous avons adopté la bonne marche à suivre. Nous devons persévérer, continuer de demander à Chris Kunitz de distribuer 13, 14 mises en échec et de continuer à faire sa marque. C'est une série au meilleur des sept matchs, nous devons jouer dans l'intention d'initier le jeu et d'investir dans une stratégie qui va rapporter sur sept matchs.»