Le Canada anglais s'interrogeait sur l'objectif fixé par le Tricolore d'embaucher un entraîneur francophone. On disait que le CH écourtait sa liste inutilement. Et pourtant, Bob Gainey a déniché un candidat auquel personne n'avait pensé... 

On avait entendu les noms de Bob Hartley, de Marc Crawford, même de Patrick Roy pour occuper le poste d'entraîneur-chef du Canadien.

Mais Bob Gainey, fidèle à son habitude, est allé là où on ne l'attendait pas.

Peu de gens avaient anticipé la nomination de Jacques Martin, que Bob Gainey vient de soutirer aux griffes des Panthers de la Floride, dont il était directeur général depuis 2006.

Or, voilà un homme dont la personnalité et le pragmatisme vont de pair avec le style de Gainey.

«Dans son coeur, Jacques Martin est entraîneur de profession», a expliqué le DG en conférence de presse, lundi.

«On avait besoin d'un coach d'expérience qui regarderait les jeunes et saurait développer leurs capacités.»

La venue à Montréal de Martin, un homme peu flamboyant, vise assurément à ramener le calme dans une équipe qui vient de vivre une saison plutôt tumultueuse.

«Il faut définir les rôles des joueurs et communiquer avec eux sur une base régulière pour qu'ils comprennent bien les attentes», a expliqué le Franco-Ontarien de 56 ans.

«L'encadrement des joueurs est primordial, a-t-il ajouté. Si l'on regarde ma feuille de route, la discipline est très importante.

«Dans le passé, j'ai bien manoeuvré avec les jeunes.»

Bref, de la musique aux oreilles de Gainey, qui vient de nommer avec le Canadien le premier entraîneur-chef avec une expérience de le LNH depuis Jacques Demers.

«Une organisation riche»

Si l'offre de Gainey paraît surprenante, le fait que Martin l'ait acceptée l'est tout autant. Après tout, Martin vient de renoncer à un poste de DG - et à un contrat valide jusqu'en 2012 - pour redevenir entraîneur!

«On n'aura aucune compensation à verser aux Panthers, a précisé Gainey à ce sujet. Selon les règles de la LNH, si une équipe accorde une permission de discuter, elle le fait.

«Sinon elle dit non, tout simplement.»

Martin a indiqué qu'il s'agissait pour lui d'une occasion de diriger une équipe prestigieuse et d'être plus proche de l'action.

«Mais le plus important, ce sont les gens qui m'entourent ici», a-t-il ajouté.

Il sera en effet en terrain connu.

Non seulement Gainey et Martin se connaissent depuis des années, mais la filière des Sénateurs d'Ottawa éveille une fibre en lui.

«J'ai eu le plaisir de travailler avec Pierre Gauthier et Trevor Timmins à Ottawa, a noté Martin. Je me retrouve donc avec une organisation qui est riche sur le plan du personnel.»

Une organisation, cependant, qui subira d'autres changements au sein de son état-major.

Bob Gainey a annoncé que l'entraîneur des gardiens Roland Melanson avait été relevé de ses fonctions (voir autre texte).

Quant aux autres adjoints, Kirk Muller et Doug Jarvis, Martin les rencontrera avant de décider de leur avenir.

Martin aura les coudées franches dans ses décisions.

Pas qu'un entraîneur défensif

Bob Gainey a lancé ses premières lignes à l'eau à la fin du mois d'avril. Martin n'était pas son seul candidat, mais il a constaté au fil des jours qu'il avait des atomes crochus avec lui.

Et dans la mesure où Gainey veut continuer de bâtir autour de Carey Price, Martin mettra en place un système qui saura le protéger.

«Quand j'ai commencé à Ottawa, j'ai été catalogué comme un entraîneur défensif, a rappelé l'homme de 56 ans. Or, quand j'ai quitté les Sénateurs, on formait l'une des meilleures attaques du circuit !

«Je crois en un jeu de possession de rondelle, où l'on travaille fort pour la récupérer. C'est important pour une équipe de bien jouer dans les deux sens de la patinoire.

«Mais je n'ai jamais été le genre de coach à vouloir étouffer les habiletés offensives», a-t-il noté en rappelant les succès qu'ont eus les Daniel Alfredsson, Marian Hossa et Martin Havlat sous sa houlette.

«Lorsque Jacques était avec les Sénateurs, ils étaient constamment dans notre zone, a ajouté Gainey avec un sourire. C'est un style de jeu qui faisait sûrement leur affaire... mais pas la nôtre!»

Maintenant les joueurs autonomes

Ramener de l'expérience derrière le banc, instaurer la discipline et promouvoir la défense pour protéger Carey Price, tout cela a du sens.

Reste à voir si le type de hockey prôné par Jacques Martin sera apprécié par les amateurs... et par les joueurs autonomes qui seront courtisés par le Tricolore.

Avec un nouvel entraîneur-chef en place, Bob Gainey dit qu'il peut maintenant s'attaquer à la renégociation des contrats qui arrivent à échéance le 1er juillet.

«Le chemin est plus libre maintenant pour que je puisse discuter avec mes joueurs, a reconnu Gainey. J'ai encore un mois pour m'entendre avec eux.»