Finalement, l'idée d'une équipe de hockey en plein désert de l'Arizona n'était peut-être pas si bonne.

C'est du moins ce qui ressort des documents déposés en cour à Phoenix, hier, dans le cadre du premier jour de la bataille qui oppose la LNH et Gary Bettman à Jerry Moyes et aux Coyotes de Phoenix.

Selon le Arizona Republic, ces documents révèlent que les Coyotes ont perdu environ 73 millions US au cours des trois derniers exercices financiers. Pendant la même période, la branche «spectacle» de l'organisation a perdu 20,1 millions.

Les documents permettent aussi de comprendre que les Coyotes avaient bien du mal à attirer les partisans au Jobing.com Arena, à Glendale. Les revenus des billets totalisaient entre 41% à 43% des revenus totaux de l'équipe.

Au centre de ce désastre financier, Jerry Moyes, le propriétaire de l'équipe, et la Ligue nationale de hockey, qui se font face dans une bagarre juridique dont l'issue va déterminer le sort de la franchise. La LNH et son commissaire Gary Bettman veulent que l'équipe reste à Glendale tout en relevant Jerry Moyes de ses fonctions, mais Moyes souhaite plutôt vendre l'équipe au plus offrant, dans ce cas-ci Jim Balsillie, grand patron de l'entreprise qui commercialise le BlackBerry. Il ne cache pas son intention de déménager l'équipe à Hamilton.

Hier à Phoenix, la LNH et Jerry Moyes ont plaidé leur cause. La LNH soutient qu'elle est propriétaire des Coyotes depuis novembre en vertu d'un prêt accordé à l'équipe. De son côté, Moyes affirme qu'il est toujours le propriétaire. Les deux clans se retrouveront devant le juge le 19 mai.

Pour le moment, les dirigeants de la LNH sont encore ébranlés par la stratégie de Jerry Moyes, qui a choisi de placer l'équipe sous la loi de la protection contre les créanciers dans l'espoir de la refiler à Balsillie pour la somme de 212,5 millions US. La LNH, Gary Bettman en tête, souhaiterait plutôt vendre les Coyotes au groupe de Jerry Reinsdorf, qui n'a nullement l'intention de déménager l'équipe. Reinsdorf est aussi le propriétaire des White Sox et des Bulls de Chicago.

Selon le Arizona Republic, Jerry Moyes a investi plus de 310 millions dans l'aventure du hockey en Arizona depuis 2001. Il avait averti les dirigeants du circuit en novembre qu'il n'allait plus être en mesure d'éponger le déficit du club, et la LNH avait réagi en lui accordant un prêt de quelque 35 millions de dollars en février.

Ces récents déboires ne font qu'ajouter aux ennuis du club depuis son arrivée dans le désert en 1996. La direction de l'équipe n'a jamais connu beaucoup de succès au repêchage, s'est débarrassée de deux joueurs fort populaires en Jeremy Roenick et Keith Tkachuk, et a trouvé le moyen de bâtir son domicile dans un coin perdu (Glendale), au lieu de construire son aréna tel que prévu à Scottsdale, la banlieue branchée de Phoenix.

Le départ des Coyotes laisserait de plus la ville de Glendale avec un énorme éléphant blanc nommé le Jobing.com Arena, elle qui a déjà versé 180 des 220 millions requis pour la construction de l'édifice, en 2003. Le Jobing.com Arena n'abrite aucun autre club sportif.

Pendant ce temps, Wayne Gretzky observe la scène avec intérêt. L'entraîneur de l'équipe et ancienne gloire des Oilers d'Edmonton a en poche un contrat garanti qui va lui rapporter 6,5 millions la saison prochaine, et 8 millions la saison suivante. Le club lui doit aussi la somme de 8 millions en paiements différés.

En quatre saisons derrière le banc des Coyotes, Gretzky n'a jamais pu mener sa formation à une participation aux séries éliminatoires.