Aux dernières nouvelles, c'est en fin d'après-midi, aujourd'hui, que Bob Gainey procédera au post-mortem de son équipe.

Après avoir mérité une place dans les séries par la peau des fesses, le Canadien s'est fait sortir hier en quatre petits matchs secs par les Bruins qu'ils avaient pourtant battus huit fois en huit matchs, la saison dernière.

«Nous n'étions pas assez forts pour affronter une équipe de première position», a conclu Gainey.

Peut-être pas assez forts, mais surtout, surtout, pas assez courageux, pas assez déterminés, pas assez disciplinés, pas assez unis, pas assez bien dirigés.

Si les Bruins, qui avaient pourtant terminé au huitième rang l'an dernier, ont poussé le Canadien, les champions de l'Est, à une épuisante série de sept matches, comment expliquer le soudain affaissement en quatre petits matchs du Canadien face aux Bruins de cette année ?

Par le nombre effarant de blessures survenues à des joueurs clefs ?

Ça, c'est la raison qu'évoqueront les naïfs.

La vraie raison, celle qui englobe toutes les autres, celle qui explique à quel point le Canadien est peut-être la pire des équipes professionnelles tous sports confondus, c'est que justement, le Canadien, élémentaire mon cher Watson...ne forme pas une équipe.

Gainey: «Je ne suis pas vraiment un coach. Mon cheminement des dix dernières années ne va pas dans cette direction. Ce n'est pas vraiment la place pour moi.»

Si Gainey admet ne pas être un coach que faisait-il derrière le banc du Canadien ?

Allô.

Je repose la question, si Gainey admet ne pas être vraiment un coach, pourquoi s'être auto-proclamé entraîneur du Canadien au moment de congédier Carbo ?

Par manque de jugement ?

Pour une simple question de gros sous ?

Par pure incompétence ?

Et puis, la perle des perles, cette savoureuse déclaration de Gainey au sujet du geste disgracieux posé par Carey Price après que ce dernier eut été ridiculisé par la foule.

«Les gens ont été grossiers et injustes. Price s'est défendu. Qu'est-ce qu'il y a de mal là-dedans.»

Pauvre homme...

Gainey est celui qui avait traité de bâtards les amateurs du Canadien qui se sont plu à chahuter le beau Patrice Brisebois.

Le même qui, hier encore, a traité de «odieux trous-du-cul», les partisans des Kings qui, fin des années 80, ont chassé le défenseur Darryl Sydor de Los Angeles. Devenu un Stars par la suite, Sydor leur a permis de remporter la coupe Stanley.

«Nos partisans devraient y penser par deux fois avant de poser des gestes semblables.»

Sapré Gainey.

Je ne pensais jamais un jour ressentir le moindre élan de sympathie à son endroit tellement cet homme m'a toujours semblé déconnecté de la réalité, bien ancré dans ses certitudes carrées, incapable de respecter le droit qu'ont les amateurs, ces chiens de payants, de manifester leur dégoût et leur profond écoeurement. Cet homme a gagné sa vie au Québec mais a-t-il un jour jamais vraiment compris l'amour indéfectible des Québécois pour leur équipe de hockey ?

Cet homme dont les racines sont en Ontario, juste par la façon dont il a traité les Lapierre, Latendresse et Dandenault, pour ne nommer que ceux-là, connaît-il l'importance de devoir aligner des joueurs francophones au sein du Canadien? Parce que plus impliqués dans leur équipe que leurs collègues européens ou anglophones nés à l'extérieur du Québec. Parce que plus émotifs. Plus fiers. Plus enclins à s'identifier au CH qui les a vus grandir. Parce que plus performants.

Si Mike Ribeiro s'était appelé Mike Kennedy, de Oshawa, Ontario ; si Cristobal Huet et Mike Streit avaient été des Ontariens originaires de Kitchener, mettons, auraient-ils dû quitter le Canadien ?

Répondez, la question se pose...

Quoi qu'il en soit, quand Gainey, cet après-midi, procédera au post-mortem de son équipe, j'espère qu'il dira les vraies choses.

J'espère qu'il nous dira la vérité au sujet du congédiement de Carbo.

Et surtout, surtout, j'espère qu'il nous dira pourquoi il a accepté de prendre l'équipe en main lui confirmait hier n'avoir rien d'un entraîneur.

Là-dessus, six victoires, 14 défaites, dont huit d'affilée pour clore la saison, Gainey n'a pas besoin d'insister.

Autre interrogation: en sachant ce que Gainey vient de nous dévoiler, ne réalisait-il pas qu'en remplaçant Carbo, il courait au désastre?

Allô ?

Qu'est-ce qui a bien pu pousser Gainey au suicide?

Cet après-midi, avant de quitter de façon définitive, je suis curieux, j'aimerais que Gainey nous explique.

Si ce n'est pas par respect pour les cochons de payants que sont les amateurs, qu'il le fasse par respect pour lui-même et ses proches.

Au moment d'être congédié, Carbo nous a dit que la vérité finirait par sortir un jour.

Je crois le moment venu, mon cher Bob.

Une question de dignité.