Déjà privé d'Andrei Markov et de Robert Lang, le Canadien a amorcé son match le plus important de la saison sans Alex Tanguay et Mathieu Schneider, lundi soir, au Centre Bell.

Maillons importants de l'attaque et pierres angulaires de l'avantage numérique, Tanguay et Schneider ont déclaré forfait en raison de blessures au haut du corps. 

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Déjà qu'on ne donnait pas cher de sa peau, le Tricolore semblait alors livré, tête baissée et poings liés, à des Bruins transformés en bourreaux.

Sans surprise, Boston a gagné.

Les Bruins ont doublé le Canadien, 4-2, enfilant le dernier but dans un filet désert. Chuck Kobasew a battu de vitesse Saku Koivu pour assurer la victoire à son équipe, la huitième consécutive cette saison de Boston aux dépens de Montréal.

Les Bruins profitent donc d'une avance de 3-0 dans la série.

Vous connaissez l'histoire : deux fois seulement, en 1942 par les Maple Leafs de Toronto aux dépens des Red Wings de Detroit, et en 1975, par les Islanders de New York aux dépens des Penguins de Pittsburgh, une équipe a comblé un recul de 0-3 pour remporter une série.

«C'est la pire situation dans laquelle on pouvait se trouver, mais c'est aussi le plus beau défi», a lancé Bob Gainey, abattu après la défaite des siens.

Tout aussi abattu que son entraîneur-chef, Christopher Higgins refusait de s'écraser devant pareil défi. « Pourquoi voir si gros et si loin ? Il faut d'abord gagner un match pour rester en vie. Concentrons nos énergies sur le prochain match.»

Une première en 70 ans

Amputé de quatre joueurs importants, le Canadien a encaissé une septième défaite de suite. Une première en 70 ans alors qu'on doit remonter à la saison 1938-1939 pour retracer une séquence aussi noire dans l'histoire du Tricolore.

Dans la défaite, le Canadien s'est bien battu.

Il a même connu son meilleur début de match des 20 dernières parties.

Mû par l'énergie du désespoir, il a bousculé rondement ses adversaires et frappé à la porte du filet des Bruins à plusieurs reprises. L'ennui, et il est de taille, c'est qu'en dépit de ses 21 mises en échec contre sept, en dépit d'une dizaine d'occasions de marquer contre trois ou quatre pour les Bruins, la première période s'est soldée sur une égalité de 1-1.

Higgins a donné les devants au Tricolore. Un but qui a récompensé les 21 273 partisans qui ont appuyé sans relâche leurs favoris.

Mais Phil Kessel, en faisant dévier la rondelle d'un geste presque accidentel, a nivelé les chances avec 85 secondes à faire au premier tiers. Kessel a surpris Carey Price sur un tir de Dennis Wideman qui semblait destiné pour le coin de la patinoire.

«Ce but nous a frappés comme un coup de poing au bas du ventre. Mais nous sommes quand même revenus», a reconnu Gainey.

Price chahuté et oublié

Le Canadien s'est effectivement relevé. Même que Yannick Weber a nivelé les chances 2-2 après que Shawn Thornton eut donné les devants aux Bruins tôt en deuxième.

Mais voilà, pendant que le Canadien se butait à Tim Thomas et n'arrivait pas à profiter de trois autres attaques massives - il est zéro en six depuis le début de la série - les Bruins marquaient.

Micheal Ryder, qui a inscrit son premier but aux dépens du Canadien, samedi, a profité d'un long retour accordé par Price pour enfiler le but de la victoire en fin de deuxième.

Sans être complètement mauvais, Price n'a pas su faire les arrêts importants. Les arrêts nécessaires pour gagner en séries.

Les partisans l'ont d'ailleurs chahuté à plusieurs reprises. On a même entendu quelques cris réclamant la présence de Jaroslav Halak.

Lorsque la sirène a confirmé sa septième défaite de suite, Price a retraité vers le banc et trois joueurs seulement sont allés à sa rencontre. Restés debout, tête baissée devant le banc, les autres joueurs l'ont attendu avant de retraiter au vestiaire.

Le jeune gardien a refusé de rencontrer les journalistes après le match.

Dans un vestiaire où ses coéquipiers tentaient d'afficher un certain optimisme, Saku Koivu a très bien résumé la rencontre et les trois premiers matchs de la série: «On s'est approchés du but à plusieurs occasions, mais nous avons été incapables d'obtenir de résultats. Les Bruins l'ont fait. Ils forment une très bonne équipe.»

Une équipe qui pourrait envoyer le Canadien en vacances dès mercredi.