Le plan A de George Gillett est simple: conserver le Canadien tout en trouvant un partenaire minoritaire pour toutes ses propriétés sportives, incluant son équipe de hockey. 

«Nous sommes bien plus intéressés par une forme ou une autre d'association que par la vente proprement dite du Canadien de Montréal où d'une autre de nos entreprises», a indiqué M. Gillett vendredi dans une entrevue à La Presse (voir le texte de François Gagnon).

Selon des sources proches des négociations sur la vente du Canadien, M.Gillett cherche un partenaire prêt à investir 400 millions US dans le holding détenant toutes ses propriétés sportives -le Canadien de Montréal, le Centre Bell, le club de soccer Liverpool FC et son écurie de NASCAR. Dans ce scénario, M.Gillett resterait l'actionnaire de contrôle de toutes ses équipes de sport professionnel et trouverait une solution à ses problèmes de financement.

Selon nos calculs, un investisseur qui injecterait 400 millions US dans le holding sportif de George Gillett se retrouverait avec une participation d'environ 30%. M.Gillett détient 80,1% du Canadien et la totalité du Centre Bell (valeur de 267,5 millions US selon Forbes), 50% du Liverpool FC (valeur de 525 millions US selon Forbes) et la totalité de l'écurie NASCAR Richard Petty Motorsports (valeur de 150 millions US selon Forbes).

George Gillett a fait cette proposition à plusieurs hommes d'affaires. Ces acheteurs pressentis n'étaient toutefois pas intéressés à devenir le partenaire minoritaire de George Gillett, ont indiqué des sources au fait du dossier. Les investisseurs pressentis veulent plutôt devenir actionnaires majoritaires de l'une des équipes sportives - dans les cas des consortiums issus du Québec Inc., le Canadien de Montréal et le Centre Bell.

Selon des sources au fait du dossier, George Gillett aurait besoin de 400 millions afin de renégocier le financement de ses entreprises au cours des prochains mois.

En décembre dernier, George Gillett a évoqué lui-même la possibilité d'ouvrir une partie de l'actionnariat du Canadien aux investisseurs québécois. Selon ce scénario, il aurait détenu le contrôle de l'équipe, ayant gardé au moins 51% des actions du Tricolore.

En mars dernier, George Gillett a confié au banquier Jacques Ménard le mandat d'évaluer les possibilités financières liées à l'avenir du Canadien. Ancien président du conseil d'administration des Expos, le président de BMO Groupe financier au Québec avait reçu le mandat de Molson de trouver un acheteur pour le Canadien et le Centre Bell à la fin des années 90.

Deux consortiums québécois sont particulièrement avancés dans leurs démarches, si George Gillett se résigne à vendre son équipe de hockey.

Un premier consortium est mené par le grand patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, qui compte sur l'appui financier de l'impresario René Angélil, de l'artiste Céline Dion et du financier Stephen Bronfman (le fils de Charles Bronfman, l'ancien propriétaire des Expos de Montréal). Selon le quotidien torontois The Globe and Mail, ce groupe serait déjà en possession des états financiers de l'équipe.

Le deuxième consortium est mené par Serge Savard, qui a gagné 10 Coupes Stanley avec le Canadien comme joueur et ensuite comme directeur général. Le groupe de Serge Savard traite directement avec George Gillett, l'ancien directeur général du Canadien n'étant pas en bons termes avec le banquier Jacques Ménard.

Selon le Sports Business Journal, George Gillett doit refinancer une dette personnelle de 75 millions US au taux actuel de 19% pour laquelle il aurait mis en garantie le Liverpool FC.

M.Gillett et son associé à Liverpool, Tom Hicks, doivent aussi renégocier un prêt de 350 millions ayant financé l'achat du club de soccer avec la Royal Bank of Scotland et Wachovia (acquis depuis par Wells Fargo). L'échéance originale était en janvier dernier, mais ils ont obtenu une prolongation jusqu'au 24 juillet prochain.