Tout directeur du département des littératures de langue française à l'Université de Montréal soit-il, Benoît Melançon a le don de réfléchir aux bonnes choses, au bon moment. Les séries commencent et le voilà fin prêt à livrer un aperçu d'une recension toute sportive qu'il a entreprise: la recension de toutes les chansons consacrées au hockey dans l'histoire.

En chanson, personne n'accote Maurice Richard. Une vingtaine de titres évoquent son parcours, chantent ses louanges du premier au dernier couplet ou alors l'évoquent en passant. Selon Benoît Melançon, Jean Béliveau serait le deuxième au chapitre des citations musicales, mais loin derrière Maurice.

Quarante-neuf ans après la retraite de Maurice Richard, 28 ans après «Ô mon Maurice, ô mon idole/Ô mon numéro neuf en or/Sans toi mes samedis sont si dull/Que je m'ennuie, je couche pis je m'endors/Sans toi mes samedis sont si dull/Que je m'ennuie, je couche pis je m'endors» chanté par Pierre Létourneau, voici que les Vilains Pingouins s'y mettent à leur tour.

Dans leur site, d'ici à ce que le Canadien soit éliminé, le groupe met à la disposition des internautes sa plus récente chanson qui va comme suit: «Ô Maurice Richard/Que l'on prie tous les soirs/Donne-nous notre gain quotidien/Parce qu'on sait qu't'es jamais ben loin».

Ces dernières années, poursuit M. Melançon, la question des salaires - ceux de joueurs pleins aux as, mais qui n'ont pas le courage d'aller dans les coins - a fait son apparition et «vire presque à l'obsession».

Se trouvent dans ce cas opposé le vaillant Maurice et les joueurs paresseux et «mangeux de puck», avec des allusions sinon carrément racistes, à tout le moins pas flatteuses du tout envers des joueurs russes. M. Melançon illustre ici son propos par la chanson d'Alain-François intitulée C'est pour quand la Coupe?

Les surprises? M. Melançon s'est étonné, au fil de ses recherches, de constater que certaines chansons évoquaient ou faisaient mention de joueurs qui n'étaient pas du tout des étoiles, mais qui ont quand même frappé l'imaginaire, comme Lorne Worsley.

Autre source d'étonnement: la quantité importante de chansons interprétées par des femmes ou faisant état de la passion des femmes pour le hockey.

Le premier titre consacré à Maurice Richard date de 1951 et a été interprété par Jeanne-D'Arc Charlebois. Denise Émond a suivi en 1956 avec La chanson des étoiles du hockey, rendant notamment hommage à Jean Béliveau. En 1957, Denise Filiatrault chantait pour sa part Rocket Rock and Roll.

Dès 1930 - donc avant les fanions et les tatous à l'effigie du Canadien - Léo LeSieur chantait, dans Ah! le hockey! «J'ai pour épouse une petite femme/Tout à fait comme il faut/Elle est jolie, aimable et douce/Elle n'a pas de défauts/Mais lorsque du jeu de hockey/Arrive la saison/Il n'y a plus moyen/De la garder/À la maison».

C'est pas Séraphin qui avait ce problème-là avec Donalda...