Bien sûr, il va y avoir de la pression sur les joueurs importants. Les vedettes. Il va y en avoir sur MM. Koivu et Kovalev, qui vont chercher à nous convaincre qu'ils ont encore un peu d'essence dans le réservoir. Il va y en avoir sur Mike Komisarek, le futur capitaine qui n'a pas joué comme un futur capitaine cette saison. Il va y en avoir sur les épaulettes de Carey Price, qui devra justifier sa Coupe Molson et son titre non officiel de joueur de concession.

Mais surtout, il va y avoir de la pression sur Bob Gainey. Des tonnes de pression, en fait.

De tous les membres du Canadien qui vont se pointer à Boston pour le premier match de cette série, ce soir, c'est sans doute monsieur Bob qui a le plus à perdre. Ce Canadien, c'est son Canadien. Ces joueurs, ce sont les siens.

En clair, monsieur Bob n'a pas le droit de perdre. C'est comme ça. Parce que ce serait un peu humiliant de s'incliner devant un entraîneur qu'il a lui-même congédié il y a trois ans.

Cet entraîneur, c'est évidemment Claude Julien. Vous vous souvenez de lui, non? Ce même homme que Gainey ne trouvait pas assez bon pour son club. Puis, par un jour de janvier 2006, la surprise: Julien qui se retrouve à la porte pour préparer le règne de Guy Carbonneau.

C'est drôle comment ça peut finir ces affaires-là. Trois ans plus tard, Gainey met Carbo à la porte... pendant que Claude Julien mène ses Bruins au premier rang dans l'Est!

C'est là qu'on est rendus. S'il fallait que les Bruins surclassent vos favoris en moins de temps qu'il ne le faut pour dire Zdeno Chara, je me demande bien ce que George Gillett penserait de tout ça. Imaginez un peu: son club qui se fait sortir par le club de Claude Julien en plein centenaire...

Pas sûr que Bob Gainey pourrait survivre à un pareil scénario. Surtout si son joueur de concession, celui qu'il a lui-même désigné pour charrier cette équipe, s'écroule devant son filet. En acceptant de congédier Guy Carbonneau, le DG a essentiellement braqué tous les projecteurs sur lui. Car l'objectif de George Gillett reste le même: s'approcher le plus possible du beau trophée de Lord Stanley... tout en empochant les dollars en cours de route.

Pour la première fois depuis son arrivée dans la chaise du DG, Bob Gainey se retrouve sur la sellette. Et c'est un homme qu'il a lui-même viré qui pourrait lui porter le coup fatal.

C'est bien pour dire.

Une drôle de réponse...

Parfois, dans un vestiaire, on pose des questions... et on obtient des réponses que l'on n'attendait tout simplement pas. Ça m'est arrivé hier midi à Brossard.

En voyant arriver Chris Higgins, j'ai posé cette simple question: cette série face aux Bruins de Boston n'est-elle pas une formidable occasion de faire oublier une saison misérable? Cette série face aux Bruins n'est-elle pas l'occasion de se racheter?

La réponse de Higgins m'a un peu scié en deux.

«Je ne sais pas si on doit se racheter pour quoi que ce soit, m'a-t-il répondu d'un ton sec. Notre but était de participer aux séries.

- Pourtant, tout le monde s'attendait à une première place de votre part, et maintenant...

- Tout le monde s'attend toujours à tout dans cette ville. Je me fous pas mal des attentes.

Fin de la discussion. De la part d'un joueur de qui l'on attendait de grandes choses, c'est quand même assez sidérant.

En tout cas, j'ai beaucoup mieux aimé la réponse de Saku Koivu, qui voit en cette série l'occasion rêvée de remettre les compteurs à zéro.

«C'est comme une deuxième chance pour nous, a expliqué le capitaine. Si on a du succès en séries, tout le monde va oublier ce qui est arrivé en saison régulière.»

Le Finlandais a raison. Après tout, on a le pardon facile par ici. Une couple de surprises, une couple de victoires importantes, et puis soudainement, les problèmes de 2008-2009 et Dieu sait qu'il y a eu des problèmes, n'est-ce pas? vont disparaître comme par enchantement.

Mais si ça se passe comme prévu, si les Bruins l'emportent une patte dans le dos, attendez-vous à un CH fort différent en 2009-2010. Autant dans les bureaux que sur la glace.