Le leadership de Saku Koivu a maintes fois été remis en question au fil des ans. Mais arrivé en séries, Koivu s'est toujours révélé un meneur à la hauteur des attentes.

Au cours de ses 13 saisons à Montréal, on a dit et redit que Koivu prêchait davantage par l'exemple que par les grands discours.

Eh bien! Il y a en Finlande une croyance qui explique pourquoi Koivu exerce précisément ce type de leadership.

Cette croyance s'appelle le sisu.

«C'est un mythe qui est né à l'époque de la guerre entre la Finlande et la Russie, explique Koivu. Nous étions cinq millions à nous défendre contre les Russes, qui étaient beaucoup plus nombreux.

«On a dit de nos ancêtres qu'ils avaient le sisu, une forme particulière de courage et de détermination. C'est le sisu qui leur a permis de défendre avec succès les frontières du pays.

«Aujourd'hui, l'idée existe encore, entre autres dans le sport, que les Finlandais ont ce trait particulier.»

Le sisu est aussi en quelque sorte une volonté de finir la besogne.

«En tant que professionnel, il y a différentes forces qui font de toi un joueur de hockey. Mais le sisu, tu l'as ou tu ne l'as pas.»

L'ardeur au jeu de Koivu témoigne de son application du sisu dans le hockey des séries.

Nullement intimidé par le jeu robuste qu'ont présenté les Bruins au fil des ans, le capitaine a cumulé au cours de sa carrière 20 points en 15 matchs éliminatoires contre Boston. Face à l'ensemble des formations qu'il a affrontées en séries, Koivu a récolté 16 buts et 45 points en 50 matchs au cours de sa carrière.

Bref, lorsque certains se mettent à jouer «comme des petites filles», Koivu sort son meilleur hockey.

La haine de la défaite

«Les Finlandais sont des gens qui, en général, détestent perdre des batailles, note Koivu. C'est pour ça que, malgré notre plus petite stature, nous trouvons une manière d'améliorer nos chances de succès.»

Détester perdre des batailles.

Dans les plus sombres moments du Canadien, à l'époque où l'équipe était devenue indigne d'être surnommée les Glorieux, le centre de 34 ans a vu qu'il ne suffisait pas d'aimer gagner.

Encore fallait-il détester perdre.

«Tu peux finir par t'habituer à la défaite en te disant: Ben oui, on a perdu, mais il y aura d'autres matchs.»

«Or, il faut apprendre à gagner en étant critique de ses performances et en arrivant aussi à comprendre pourquoi l'équipe a perdu.

«Mais il ne s'agit pas non plus de s'apitoyer sur son sort. Autant après une grosse victoire qu'une dure défaite, tu dois pouvoir tourner la page et te consacrer au match suivant.»

Rendre des comptes

Koivu a terminé la saison en force en amassant 11 points dans les 10 derniers matchs. L'équipe s'est cependant inclinée dans la moitié de ces rencontres.

Et à chacune des défaites, comme il le fait depuis des années, Koivu est allé à la rencontre des journalistes.

«J'ai appris cela de Mike Keane et Vincent Damphousse, que j'observais beaucoup à mes débuts, explique-t-il.

«C'est facile de répondre aux questions quand tu viens de marquer deux buts qui ont fait gagner ton club. Mais les questions plus difficiles surviennent après une défaite, et je juge que ça fait partie de mes responsabilités d'y répondre.

«En assumant cela, ça permet aux plus jeunes coéquipiers de traverser les périodes difficiles un peu plus facilement.»

Un «C» de longue durée

Lorsque son contrat arrivera à terme, le 30 juin, Koivu aura dépassé Jean Béliveau pour le plus long règne de capitaine dans l'histoire du CH - du moins en termes de durée, et non selon le nombre de matchs.

«Ce sera vraiment un honneur bouleversant, admet Koivu. Je crois que j'en prendrai la pleine mesure seulement dans 10 ou 15 ans.

«La liste des capitaines qu'a eus cette équipe a de quoi te rendre humble. On n'a qu'à voir la réaction des amateurs chaque fois que monsieur Béliveau est présenté à la foule du Centre Bell.

«À quelque part, ça me semble impossible que je puisse le rejoindre.»

Il y a bien des choses qui semblent impossibles en ce moment. Selon la majorité des observateurs, éliminer les Bruins en est une.

Le sisu de Saku Koivu pourra-t-il aider à sauver le Canadien?