Partisans du Canadien, oubliez la deuxième ronde. Selon une formule mathématique élaborée par un économiste montréalais pour le compte de La Presse, l'équipe de Bob Gainey devrait s'incliner en première ronde des séries contre les Bruins de Boston, possiblement en cinq matchs.

«La tâche du Canadien est colossale», dit l'économiste Pierre Emmanuel Paradis, qui a créé la formule visant à prévoir les résultats des séries. Selon ces prévisions, le Tricolore a 15% de chances de l'emporter contre les Bruins. Il s'agit de loin de la plus faible probabilité de victoire pour une équipe en première ronde des séries cette année.

Au plan mathématique, le défi du Canadien est d'autant plus difficile à relever qu'une équipe donnée favorite à plus de 60% avant une série, selon cette formule, n'a subi la défaite qu'une seule fois au cours des deux derniers tournois printaniers. «C'était lorsque le Canadien, établi favori à 61%, a perdu contre les Flyers de Philadelphie en deuxième ronde l'an dernier», dit Pierre Emmanuel Paradis, économiste à la firme Groupe d'analyse à Montréal.

S'il devait battre les Bruins, le Canadien réaliserait ainsi la plus grande surprise des trois

dernières séries éliminatoires. Mince consolation pour les partisans du Canadien: si l'équipe de Bob Gainey remporte le premier match de la série, demain à Boston, ses chances de gagner la série doubleront (de 15% à 29%). S'il gagne les deux premiers matchs, le Tricolore deviendra favori dans la série, car ses chances de victoire augmenteront à 51%.

Alors que plusieurs attaquants - Koivu, Plekanec, Kovalev, les frères Kostitsyn - ont été montrés du doigt pour les insuccès de l'équipe cette saison, les chiffres de l'économiste Pierre Emmanuel Paradis montrent que les ennuis du Canadien sont plutôt devant le filet. «Le problème du Canadien, c'est qu'il accorde trop de buts comparativement aux autres équipes», dit-il.

Durant la saison régulière, le Canadien a compté en moyenne 2,9 buts par match et il en a accordé 2,88 en moyenne en temps réglementaire. C'est donc dire que le Tricolore compte 1% plus de buts qu'il n'en accorde. Afin d'aspirer à la Coupe Stanley, une équipe doit compter au moins 30% plus de buts qu'elle n'en accorde, selon les données des deux dernières séries. «Ça me désole, car je suis un grand partisan du Canadien, mais les chiffres nous démontrent que le Canadien est une équipe moyenne», dit M. Paradis.

L'analyste reconnaît qu'il est économiste et non devin, mais sa formule basée sur la loi des probabilités de Poisson (voir encadré) a fait ses preuves. Elle a prévu correctement l'issue des huit duels de première ronde l'an dernier, ainsi que sept des huit duels de première ronde en 2007. L'an dernier, la formule a prédit correctement le résultat de 14 des 15 séries éliminatoires. Sa seule erreur: la défaite du Canadien, établi favori en deuxième ronde l'an dernier contre Philadelphie. En 2007, la formule avait prédit avec justesse le gagnant de 12 des 15 séries.

Grand partisan du Canadien, Pierre Emmanuel Paradis refuse toutefois de déclarer l'élimination du Canadien avant le début des séries. «Il leur reste 15% de chances, ce n'est pas rien, dit-il. Au plan statistique, leur victoire n'est pas impossible.»