Trente-six victoires, une moyenne de 2,10 buts accordés par match, un taux d'efficacité de 93,3%: des statistiques qui pourraient permettre à Tim Thomas d'ajouter le trophée Vézina au trophée Jennings qu'il a déjà remporté. Pourtant, Thomas reste le talon d'Achille des Bruins face au Canadien.

Malgré ses statistiques exceptionnelles, la possibilité qu'il gagne le trophée Vézina et son nouveau contrat de 20 millions pour quatre ans, le gardien Tim Thomas, qui aura 35 ans demain, représente une source de motivation pour le Canadien et ses partisans à l'aube des séries.

Pourquoi?

Parce qu'aussi bon soit-il, Thomas semble perdre ses moyens lorsqu'il se retrouve devant le Canadien.

Bon! Une partie de ses moyens. Il a remporté quatre de ses cinq affrontements contre le Canadien cette saison, une fiche qui a atténué le dossier moribond de 4-12-0-1 qui le hantait contre Montréal depuis le début de sa carrière.

Mais en dépit de ses quatre victoires en 2008-2009, Thomas a rappelé sa grande vulnérabilité face au Canadien jeudi dernier lors du dernier affrontement entre les deux équipes avant les séries. Pendant que ses coéquipiers des Bruins jouaient la carte de l'intimidation pour «préparer» les séries, Thomas est redevenu le talon d'Achille de son équipe face au Tricolore.

Les Bruins profitaient d'une avance de 3-1 lorsqu'ils ont sorti les bras et les épaules. Ils ont écopé pénalité après pénalité, et les largesses de Thomas ont permis à l'attaque à cinq du Canadien de non seulement ramener le Tricolore dans le match, mais de prendre les devants.

Confiance inébranlable

Thomas et les Bruins ont finalement remporté la victoire en prolongation. Mais le Canadien a ébranlé le sympathique gardien, qui reconnaissait après la rencontre avoir été «carrément mauvais» en deuxième période, pour ouvrir ainsi la porte à la remontée du Tricolore.

Faute avouée est à moitié pardonné.

Dans le vestiaire des Bruins, joueurs et entraîneurs affichent une confiance inébranlable en Thomas. «Tim est un gardien différent. Quand tu ne le connais pas, il peut soulever des doutes en raison de son style. Et peut-être qu'il donne de mauvaises impressions. Mais regarde ses statistiques. En plus, parce que je le vois aller depuis deux ans tous les jours, je sais qu'il est en mesure de s'imposer dans les moments importants. Quand c'est le temps, il fait les arrêts clés. Plus tu donnes la chance à Tim de jouer, plus tu l'apprécies», a expliqué Claude Julien à La Presse la semaine dernière.

Roger bon temps!

Tim Thomas s'est contenté de sourire lorsqu'on lui a demandé ses impressions face l'éventualité d'une autre série Boston-Montréal, la semaine dernière, lorsque cette possibilité était sur le point de se confirmer. Cette série pourrait lui permettre de venger son échec de l'an dernier, alors qu'il s'est incliné en sept matchs face à Carey Price et au Canadien. «Si c'est Montréal, il faudra se souvenir que nous avons poussé la série à la limite l'an dernier alors que nous étions dans des positions inverses. Si c'est Montréal, ce sera certainement enlevant», a-t-il commenté.

À quelques pas à la droite de son gardien dans le petit vestiaire du centre d'entraînement, Patrice Bergeron regardait Thomas répondre aux questions avec un sourire au visage.

«Rien ne le dérange. Tim n'affiche pas le côté particulier que plusieurs gardiens présentent. C'est un gars ordinaire, qui aime avoir du plaisir. Il est calme, détendu et il sait nous inspirer confiance. Il prend les choses comme elles viennent. Il n'a pas le mérite qui devrait lui revenir parce qu'il n'a pas un grand style ou une grande réputation. Mais sa plus grande qualité, pour moi, est sa combativité. Il est comme il est, mais il ne lâche jamais. C'est sa force», assurait Bergeron.

Vrai que Thomas ne lâche jamais.

Diplômé de l'Université du Vermont après sa saison 1996-1997, Thomas a vivoté sept longues années dans différents circuits mineurs de même qu'en Suède et en Finlande avant de pouvoir profiter d'une chance avec les Bruins et de faire sa place dans la LNH.