Même s'il l'emporte samedi soir face aux Penguins de Pittsburgh, le Canadien pourrait attendre jusqu'à dimanche - à l'issue du match Rangers-Flyers - avant de savoir s'il affrontera les Bruins de Boston ou les Capitals de Washington au premier tour des séries.

Chose certaine, il sera confronté à un adversaire plus puissant qui sera assurément établi favori. Alors, Bruins ou Capitals?

Comme disent les Anglais : « pick your poison ».

Les joueurs du Canadien, eux, assurent qu'ils n'ont pas de préférence. « Qui choisit prend le pire », a rappelé Patrice Brisebois avec érudition. « De toute façon, la ligne est déjà tracée. C'est à nous de nous préparer, peu importe l'adversaire, a-t-il ajouté. Que ce soit Boston ou Washington, ce sont des équipes qu'on a déjà battues et qu'on peut battre encore. »

Retrouver les Bruins au printemps, c'est un classique qui ne se démode pas. Ce serait retourner en terrain connu - et d'une certaine manière sécurisant. Dans un passé pas trop lointain, le Canadien avait éliminé les Bruins en 1989 avant d'atteindre la finale de la Coupe Stanley. Les quatre rendez-vous suivants avaient été à l'avantage des Bruins, mais les trois dernières séries, disputées dans les années 2000, ont tourné à la faveur du Tricolore.

Les gens ont frais à la mémoire la série de l'an dernier, que le CH avait gagnée à l'arraché. Mais dans l'entourage de l'équipe, on voudra s'inspirer davantage de celle de 2002. Cette année-là, les Bruins avaient terminé premiers dans l'Est avant d'être surpris en première ronde par des Rouges pourtant plus faibles qu'eux. « Premiers ou huitièmes, bientôt ça ne voudra plus rien dire », a ajouté Brisebois.

Théo ou Thomas

Les Capitals, eux, n'ont jamais affronté le Canadien en séries. Ce serait l'attrait de la nouveauté pour les uns, la peur de l'inconnu pour les autres.

Si le Tricolore espère faire frétiller la corde sensible des Bruins, qui ont oublié la recette servant à le battre en séries, on ne peut en dire autant des Capitals, qui ne souffrent d'aucun complexe face au Canadien, ayant remporté trois des quatre confrontations cette année.

Même José Théodore, après une première sortie terrible au Centre Bell lorsqu'il évoluait pour l'Avalanche du Colorado, a repris du galon face à son ancienne équipe. Il n'a pas perdu contre le Canadien en deux matchs cette saison, affichant une moyenne de 1,44.

La même fausse impression prévaut pour Tim Thomas, le gardien des Bruins. Il a déjà été très ordinaire contre le Canadien, mais son dossier cette saison (4-0-1 et moyenne de 2,11) suggère que Thomas s'est débarrassé de ses fantômes. Après avoir été malmené la saison dernière, son club a remporté cinq des six affrontements contre le Tricolore cette saison.

Résister à l'agression

Autant les Bruins que les Capitals ne détestent pas multiplier les mises en échec. En ce sens, le match de jeudi a été un excellent prélude aux séries.

« C'est le fun de jouer du hockey comme ça, du hockey émotif qui fait mal et qui donne des matchs serrés », a souligné Maxim Lapierre.

Les joueurs du Canadien se sont fait brasser à Boston. Tout le monde l'a vu. Certains auraient aimé une réplique plus virile et d'aucuns auraient souhaité voir Georges Laraque venir équilibrer les forces.

Le défenseur Mike Komisarek, cible de toutes les attaques, a paru bien seul par moments. « Mike attire l'attention des adversaires parce qu'il participe lui-même à ce genre de hockey robuste, a expliqué Bob Gainey. Il a montré beaucoup de courage et de force et je crois qu'il est un bon exemple pour nous à cet égard-là.

« Après tout, on joue au hockey, pas au badminton... »

Même si le Canadien a été frappé, trimballé, meurtri, il n'a pas reculé. La carte de l'intimidation n'a pas fonctionné tel qu'anticipé chez les Bruins. « Si l'autre équipe est indisciplinée, c'est à nous de lui faire mal avec notre avantage numérique », a noté Brisebois.

D'ailleurs, les Bruins n'ont pas été en mesure de freiner l'attaque à cinq du Canadien, même privée de son quart-arrière Andrei Markov. Ces deux éléments pourraient être de nature à donner confiance à l'équipe.

« Les Bruins sont physiques, c'est sûr, mais ils ont aussi été la meilleure équipe dans l'Est cette année, a rappelé Gainey. « On a fait face à une équipe qui a tout donné ce qu'elle avait pour nous battre, mais elle n'a pas été capable de le faire en 60 minutes. « Alors on n'a pas raison d'avoir peur de n'importe qui. »