D'ici demain, la LNH enverra à tous les chroniqueurs de hockey de l'Amérique du Nord les bulletins de vote pour les trophées remis annuellement aux acteurs par excellence de la ligue.

C'est une gymnastique intéressante et je tente toujours de ne pas me laisser influencer par des idées reçues.

La majorité des experts donneront probablement le titre de joueur par excellence et le trophée Hart à Alexander Ovechkin. Ce dernier est de loin le meilleur buteur de la Ligue nationale, doublé du joueur le plus électrisant. Mais son importance en défense est limitée comparativement à celle de Pavel Datsyuk chez les Red Wings de Detroit, par exemple, et Datsyuk a seulement 10 points de moins que l'ailier des Capitals de Washington.

Datsyuk joue au sein d'une puissance à l'attaque, mais il a amassé 25 points de plus que le deuxième compteur des Red Wings, Marian Hossa, qui en a 71. Il constitue donc le catalyseur à l'attaque des Red Wings et il a mon vote de première place.

La recrue Steve Mason, à qui je donne la troisième place pour le trophée Hart, constitue mon choix pour le trophée Vézina, remis au gardien par excellence. Je reconnais néanmoins l'extraordinaire saison du gardien des Bruins de Boston, Tim Thomas. Ce que Mason vient de réaliser avec les Blue Jackets de Columbus est ahurissant. Voilà un jeune de 20 ans qui jouait dans la Ligue junior de l'Ontario l'hiver dernier. Il a entamé la saison dans la Ligue américaine, été rappelé à la suite d'une blessure subie par Pascal Leclaire et lui a ravi son poste de façon définitive. Mason a 32 victoires en seulement 58 matchs, il est deuxième derrière Thomas au chapitre de la moyenne de buts alloués à 2,22, premier pour les blanchissages avec 10 et quatrième pour le taux d'arrêts (91,8%) chez les gardiens ayant disputé au moins 50 matchs.

Mason est avantagé, diront certains, par le système défensif instauré par l'entraîneur Ken Hitchcock. Pourtant, trois des quatre gardiens employés par les Blue Jackets cette saison - Leclaire, Wade Dubielewicz et Frederik Norrena - ont affiché une moyenne de buts alloués supérieure à 3,00.

Voter pour le meilleur défenseur, à qui sera remis le trophée Norris, n'est pas compliqué. Avec 70 points, dont 30 buts, en seulement 65 matchs, et une superbe fiche de "24, il est très difficile de ne pas opter pour le défenseur Mike Green, des Capitals, malgré toute l'admiration que je peux avoir pour Nicklas Lidstrom, des Red Wings, et l'éclosion d'Andrei Markov, du Canadien.

Steve Mason reçoit évidemment mon vote de première place dans la catégorie recrue de l'année, le trophée Calder, pour toutes les raisons énumérées plus haut. Bobby Ryan, des Ducks d'Anaheim, mérite aussi d'être sérieusement considéré. Ce deuxième choix derrière Sidney Crosby en 2005 a entrepris la saison dans la Ligue américaine, en raison du plafond salarial, et il a eu le temps d'inscrire 30 buts en seulement 62 matchs. Le gardien Pekka Rinne fait moins parler de lui chez les Predators de Nashville, mais ses statistiques peuvent se comparer à celles de Mason. Depuis le départ de Tomas Vokoun, les Predators ont souvent vu des gardiens inconnus émerger subitement: Chris Mason il y a deux ans, Dan Ellis l'année dernière puis Rinne.

La définition du parfait candidat pour le trophée Selke, remis à l'attaquant défensif par excellence, est difficile à établir. Doit-on exclure les compteurs de la course? Je ne crois pas. Je me contente d'identifier ceux qui sont le plus efficaces dans des missions défensives, que ça soit en infériorité numérique ou en zone défensive. À ce chapitre, Mike Richards, des Flyers de Philadelphie, l'un des joueurs les plus intelligents de la LNH, obtient mon vote de première place devant Datsyuk.

Mikko Koivu, du Wild du Minnesota, a une fiche de -1, mais je lui accorde mon choix de troisième place parce qu'il est difficile d'avoir une fiche de plus et de moins très impressionnante au sein d'une équipe incapable de marquer des buts. Il demeure l'un des plus brillants joueurs défensifs de la LNH. J'opte pour Ryan Kesler, des Canucks de Vancouver, au quatrième rang, et Patrick Marleau, des Sharks de San Jose, au cinquième ; mais j'aurais pu aussi choisir Jamie Langenbrunner, Zach Parise, Patrik Elias, Joe Pavelski ou encore le jeune David Bolland, des Blackhawks de Chicago.

Le vote au trophée Jack-Adams, décerné à l'entraîneur par excellence, sera sans doute serré. Todd McLellan a instauré un système de jeu offensif à San Jose et les Sharks sont actuellement premiers au classement général. Mais qui s'attendait à voir les Bruins de Boston de l'entraîneur Claude Julien les chauffer à ce point? Julien a vu une majorité de ses joueurs connaître une saison au-delà des attentes, et c'est pourquoi je lui donne mon vote de première place, devant McLellan, Brent Sutter, qui a bien survécu à l'absence de Martin Brodeur au New Jersey, Paul Maurice, qui a relancé les Hurricanes de la Caroline, et Andy Murray, qui fait de l'excellent boulot avec les Blues de St. Louis malgré la perte de Paul Kariya, Erik Johnson et Andy McDonald.

Le choix des candidats pour le trophée Lady-Bing, remis au plus gentilhomme, m'embête chaque année tellement il s'agit d'un vote hautement subjectif. J'opte pour Zach Parise, Martin Havlat, Ray Whitney, Simon Gagné et Loui Eriksson pour leur bel esprit sportif et leur excellente saison, mais j'aurais pu choisir Teemu Selanne, Henrik Zetterberg, Jean-Pierre Dumont ou Jiri Hudler.