Michael Bossy s'explique mal qu'il n'y ait pas plus de marqueurs de 50 buts dans la LNH parce qu'il estime qu'on a tout mis en oeuvre depuis la conclusion du lock-out en 2005 afin de favoriser l'attaque.

«C'est très difficile pour moi de mettre le doigt sur le bobo, mais de toute évidence il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Il va n'y avoir peut-être qu'un marqueur de 50 buts cette saison. Pourtant, tous les éléments requis sont là», a déclaré Bossy, jeudi, au cours d'un entretien téléphonique.

L'ancien ailier droit étoile des Islanders de New York a connu neuf saisons d'affilée de 50 buts ou plus dans la LNH, un record, entre les saisons 1977-78 et 1985-86. Marquer des buts, c'était une passion pour lui. Avant sa première saison, il avait affirmé au directeur général de l'équipe, Bill Torrey, qu'il voulait atteindre le prestigieux plateau.

Bossy, qui est maintenant âgé de 52 ans, déplore que peu de joueurs sont affamés comme il l'était. Alexander Ovechkin, des Capitals de Washington, est l'exception.

«Ovechkin possède cette soif de marquer que j'avais à l'époque, a-t-il souligné. C'est un jeune homme exubérant et démonstratif. Il affiche son enthousiasme à chacun de ses buts, et même quand des coéquipiers marquent. Ça m'a fait sourire dernièrement quand je l'ai vu célébrer son 50e but (il a déposé son bâton sur la glace en feignant qu'il était trop chaud). Mais je ne critiquerai jamais un joueur qui a une passion pour marquer des buts parce qu'il n'y en a pas suffisamment comme lui actuellement.»

Autre temps, autres moeurs. Bossy, qui est à l'emploi des Islanders à titre de directeur exécutif des affaires corporatives, ne cache pas que les faramineux salaires qu'on consent aux athlètes sont à la base de la situation.

«À quelque part, je pense que ç'a à voir avec l'argent, la facilité avec laquelle les joueurs peuvent obtenir des contrats de plusieurs millions de dollars», a-t-il avancé, en rappelant qu'il a touché un salaire de 65 000$ US à sa deuxième saison dans la LNH en 1978-79.

Pour ce qui est de la réglementation, le Montréalais juge que la LNH a pris les moyens afin de créer de l'attaque.

«On permet aux joueurs de patiner plus librement, d'être plus à l'aise sur la glace. Le jeu est beaucoup plus rapide qu'à l'époque où je jouais, a-t-il mentionné. Mais il est peut-être là le problème, tout le monde patine à la même vitesse. Ceux qui peuvent varier leur vitesse, les Evgeni Malkin, Sidney Crosby et Ovechkin, vont connaître du succès.»

Bossy a fait remarquer que les nouvelles stratégies qu'on adopte en zone défensive compliquent joliment la tâche des marqueurs. On engorge, entre autres, la façade du filet. Il n'est pas rare de voir six ou huit joueurs des deux équipes devant le gardien.

«C'est difficile de décocher un bon tir quand vous ne voyez même pas le but, a-t-il soulevé. Vous n'avez qu'à regarder le total de tirs bloqués qui augmente sans cesse. C'est incroyable. On fait tout en notre possible pour que les lancers proviennent de l'extérieur, non de l'enclave.»

Bossy admet que le jeu a énormément changé depuis une vingtaine d'années, qu'il s'est amélioré. Mais il trouve déplorable qu'on minimise les exploits du passé.

«Je n'apprécie pas qu'on tente de trouver des excuses à ceux qui ne réussissent pas 50 buts au lieu de donner le mérite à ceux qui l'ont fait. Je ne dis pas ça pour moi. Je ne suis pas à la recherche du mérite des gens. Mais on dirait qu'on pense que c'était facile à l'époque de marquer 50 buts. Ça ne l'était pourtant pas», a-t-il conclu.