Le système de jeu du Canadien est en mutation depuis l'arrivée de Bob Gainey derrière le banc.

Certains aspects du jeu peuvent lui donner raison de se réjouir mais, à la veille d'affronter les Blackhawks de Chicago, Gainey n'était pas prêt à dire que son équipe était sortie du bois.

«Disons qu'il est un peu tôt pour affirmer qu'on est sortis de la récession», a-t-il dit en reprenant un thème à la mode.

On pense entre autres au fait qu'il reste sept matchs à la saison régulière et que ce n'est toujours pas évident de savoir si le Canadien priorise la trappe ou l'échec-avant soutenu.

Après la défaite de samedi face aux Sabres de Buffalo, Alex Tanguay avait relevé que l'équipe connaissait du succès lorsqu'elle pressait le porteur et qu'elle avait tendance à s'endormir lorsqu'elle déployait la trappe en zone neutre.

Le Tricolore aurait-il donc avantage à abandonner la trappe et à concentrer ses efforts sur l'échec-avant?

«On ne peut jouer de la même manière contre toutes les équipes, croit l'attaquant Maxim Lapierre.

«Je crois que ce qui est le plus important, c'est qu'on soit tous sur la même longueur d'onde dans le travail qu'on exécute.»

Tom Kostopoulos note que le pointage et le temps qu'il reste au match ont une incidence sur la stratégie à adopter.

Mais il semble voir les mêmes tendances qu'Alex Tanguay...

«Lorsqu'on tire de l'arrière ou que la marque est égale, notre échec-avant est plus intense et on arrive à créer davantage de revirements, note Kostopoulos. C'est à ce moment-là qu'on est à notre mieux.

«Par contre, lorsqu'on détient une avance, on a tendance à perdre notre rythme, à relâcher la pression, et l'on se perd un peu là-dedans.»

Selon Kostopoulos, le Tricolore est une équipe qui dépend beaucoup de son momentum et qu'en ce sens, le comportement d'un seul trio suffit à devenir contagieux.

«Si un trio fait un échec-avant très combatif, il va entraîner les autres dans son sillon. Mais la même chose se produit lorsqu'on commence à être plus passif.

«On dirait que ça se transmet d'un trio à l'autre.»

C'est plus facile sans pression!

Notre collègue Pierre Ladouceur suggérait que l'échec-avant du Canadien empêchait l'adversaire d'entrer trop facilement dans la zone, et que cela finissait par faire baisser le nombre de tirs au but de l'autre équipe.

On pourrait appliquer la même logique à l'autre bout de la patinoire. Les défenseurs du Canadien semblent avoir eux-mêmes plus de difficulté à orchestrer leurs sorties de zone lorsque l'adversaire se fait plus pressant.

«Les entraîneurs nous préparent bien en identifiant les tendances des autres équipes, à savoir comment elles se comportent en échec-avant ou en zone neutre, explique Mike Komisarek.

«Est-ce que notre groupe de défenseurs réagit mieux à la pression d'un seul adversaire plutôt que deux? Je n'en ai aucune idée.

«Mais ce que je constate, c'est qu'un gars comme Mathieu Schneider utilise très bien la rampe pour sortir la rondelle de la zone. Il évite de forcer les passes au centre de la patinoire qui peuvent provoquer un revirement.»

N'est-ce pas là une façon détournée d'admettre que lorsqu'il est précipité dans ses gestes, le Canadien préfère le jeu sécuritaire à la contre-attaque créative?

Si une défensive a moins de temps et d'espace pour préparer ses sorties de zone, la force de ses attaques risque d'être diminuée.