Si les difficultés financières de George Gillett le forcent à vendre l'une de ses deux franchises de sport professionnel, son choix ne sera pas difficile à faire, selon un professeur d'administration de l'Université de Liverpool.

«C'est plus facile de vendre des actifs que l'on contrôle. George Gillett ne détient que la moitié des actions de FC Liverpool, contrairement à son équipe de hockey à Montréal (dont il détient 80,1% des actions)», dit le professeur Tom Cannon, spécialiste de l'économie du sport professionnel, en entrevue à La Presse.

En raison de la récession mondiale et des difficultés du secteur automobile aux États-Unis, Tom Cannon ne serait pas étonné que George Gillett, qui possède plusieurs concessionnaires automobiles, doive se départir de certains de ses actifs. En tête de liste: le Canadien de Montréal, une entreprise rentable même en temps de récession.

«Les concessionnaires automobiles de M. Gillett doivent subir les contrecoups de la récession et des difficultés du secteur automobile, dit le professeur de l'Université de Liverpool. Dans ce contexte, M. Gillett sera peut-être obligé de vendre des actifs. Si c'est le cas, je doute qu'il vende son club de soccer. Il a un contrat avec son partenaire Tom Hicks qui l'empêche de vendre ses parts comme il le veut. Et puis de toute façon, il n'y a pas d'acheteur sur le marché actuellement pour une équipe de soccer de la Premiership.»

Liverpool plus rentable

Malgré toute l'affection qu'il porte au Canadien de Montréal, le placement le plus rentable de George Gillett dans le sport professionnel aura été l'achat du FC Liverpool en février 2007. Selon le magazine américain Forbes, la valeur du FC Liverpool a bondi de 131% l'an dernier, comparativement à une hausse 18% pour le Canadien de Montréal. La valeur du FC Liverpool (1050 millionsde dollars américains) est trois fois plus élevée que celle du Canadien (334 millions).

Selon Tom Cannon, la valeur du FC Liverpool ne risque pas de chuter malgré la récession en Grande-Bretagne. «Les principales sources de revenus du FC Liverpool - les contrats de télé, les revenus durant les matchs et les revenus de participation à la Ligue des champions - sont assurées pour au moins la prochaine année», dit-il.

L'achat du FC Liverpool a toutefois donné plusieurs maux de tête à George Gillett. Sur le plan personnel, son partenaire Tom Hicks - aussi propriétaire des Stars de Dallas - et lui ne gagnent pas de concours de popularité à Liverpool. Plusieurs partisans du FC Liverpool sont hostiles aux nouveaux propriétaires américains, d'autant plus que ceux-ci n'ont pas construit le nouveau stade comme ils l'avaient promis lors de l'achat de l'équipe.

Au plan financier, Gillett et Hicks doivent renégocier un prêt de 350 millions qui ayant financé l'achat du club avec la Royal Bank of Scotland et Wachovia (acquis depuis par Wells Fargo). L'échéance originale était en janvier dernier, mais ils ont obtenu une prolongation jusqu'au 24 juillet prochain. «Je crois que Gillett et Hicks vont être capables de refinancer ce prêt, dit le professeur Tom Cannon. Bien sûr, les frais supplémentaires qu'ils auront à payer seront importants, mais les banques n'oseront pas saisir une organisation comme le FC Liverpool, dont les actifs ont une valeur réelle.»