Le 8 mars dernier, le Dallas Morning News consacrait un long article à Bob Gainey et Guy Carbonneau, eux qui en 1999 ont conduit les Stars à leur unique conquête de la coupe Stanley.

48 heures avant de congédier Carbo, Gainey confie au journaliste Mike Heika que c'est au Minnesota et à Dallas qu'il a appris à faire confiance à ses joueurs et à son personnel d'entraîneurs («Gainey said his confidence in his personnel and players was built in places such Minnesota and Dallas.»)L'après-midi, face aux Stars, le Canadien l'emporte 3-1.

Rien ne laissait donc présager la suite puisque le lendemain, le lundi, sous le coup de midi, après s'être entretenu dans les jours précédents avec Pierre Boivin, Gainey congédie Carbo.

Le DG, en conférence de presse: je n'aime pas notre façon de jouer dans notre zone, nous accordons beaucoup trop de bonnes chances de marquer, je n'aime pas non plus que nos gardiens se fassent bousculer comme ils le sont trop souvent. Et puis nous commettons trop de revirements et n'attaquons pas suffisamment le filet.

«La plus belle surprise au sein de sa formation», avait dit Gainey de Carbo le 15 janvier dernier, dirigeait donc, selon ses dires, une équipe assez désorganisée merci. Carbo méritait-il de se faire varloper de la sorte ? Je ne crois pas. Dans les circonstances, me semble que l'ami aurait pu y aller un petit peu plus mollo.

On continue...

Le 12 mars, au Centre Bell, après avoir perdu 3-2 contre les Islanders, la pire équipe de la Ligue nationale dans les matches disputés à l'étranger, le Canadien est dominé 39 à 26 pour le nombre de tirs au but.

Après la rencontre, Gainey affirme bien candidement comprendre les frustrations qui tenaillaient Carbo et mentionne que son équipe, en zone défensive, semble complètement perdue.

En parlant de ses joueurs, Gainey dit qu'ils sont semblables à des chevreuils aveuglés par les phares d'une voiture. Si l'image est belle, elle est aussi annonciatrice du pire. Redresser l'équipe, sera une tâche plus ardue que prévu, conclut-il.

On termine ?

Samedi dernier, face aux Devils, le Canadien est tout croche. Les Devils tirent 90 fois. 48 fois ils touchent la cible. La domination des Devils est on ne peut plus nette. Les joueurs du Canadien quittent la patinoire sous les huées.

Hier, dans La Presse, dans un article signé François Gagnon, cette fois Gainey inquiète sérieusement lorsqu'il affirme «trouver encourageant le fait que ses joueurs aient participé au match contre les Devils au lieu de se contenter du rôle de figurant».

Que quelqu'un me pince, celle-là c'est la pire du pire.

Ou bedon Gainey nous prend pour des cons, ou bedon Gainey, qui ne l'a pas eu facile ces dernières années, est en train de nous péter un burn-out.

Sérieux.

L'avez-vous observé ?

Jamais un sourire. Jamais une réaction. Les yeux tout ronds plantés droit dans le vide, on y voit presque les trains passés. Dépassé, comme paniqué, derrière le banc il consulte sans arrêt ses adjoints. Bref, Gainey semble aujourd'hui avoir complètement perdu tous ses anciens repères d'entraîneur.

Voit-on au moins la même chose ?

Ce n'est jamais plaisant à dire, mais c'est le trou de sa propre tombe que Gainey est en train de creuser présentement.

Les déclarations étonnantes de Gainey après la défaite du Canadien contre les Islanders représentent à mon avis un net constat d'échec.

Un DG qui avoue lui-même avoir mal analysé les forces et les faiblesses de ses joueurs, n'est-ce pas assez particulier? À ne pas mettre dans un CV, mettons.

Depuis l'arrivée de Gainey, en trois matchs, le jeu du Canadien n'a aucunement été modifié. S'il l'a été, c'est top secret, ça ne se distingue pas puisqu'il évolue de façon toujours aussi brouillonne.

Stratégiquement, aucun aspect de son jeu n'a été amélioré. Dans l'après-Carbo, personne, absolument personne n'a pu déceler dans le jeu du Canadien l'ombre de la queue du moindre petit changement. L'effort individuel des joueurs n'a pas augmenté ; ils sont toujours aussi indisciplinés, toujours aussi peu hargneux ; bref, à l'attaque comme à la défense, ils semblent être plongés dans le même foutu bordel.

Si Gainey, il y a deux semaines, a vu de la fatigue dans les yeux de Kovi, c'est à notre tour maintenant de la percevoir dans ceux de Gainey.

Son attitude, son langage corporel, ses déclarations pour le moins farfelues, tout laisse présentement croire que notre ami, mes amis, aurait bien besoin d'un sérieux repos.

Mais nul autre que Pierre Boivin ne saurait présentement lui intimer l'ordre de se distancer un peu de l'action.

Aussi donc dire que pour cette année encore on est condamnés à mourir avec...