Les puristes du hockey ont du mal à classer le style employé par Martin Brodeur. Est-il le dernier des gardiens debouts, un virtuose du demi-papillon, un hybride athlétique, ou simplement un «formidable accident de la nature», comme l'a qualifié un ex-gardien?

Ca ne dérange pas sur la glace. Quand quelqu'un tir vers son filet, Brodeur a de bonnes chances d'effectuer l'arrêt. Que ce soit de façon désorganisée comme Dominik Hasek, en utilisant le papillon de Patrick Roy, avec son bâton comme Félix Potvin ou tout simplement en étant lui-même: possiblement le meilleur athlète à avoir évolué au poste de gardien de but.

«Martin est comme un arrêt-court d'élite au baseball, a déclaré le président et directeur général des Devils, Lou Lamoriello. Ils sont sûrs en tout temps, mais ils font toujours le gros jeu quand il doit être fait.»

Brodeur a fait sa part de gros jeux au cours des 15 dernières saisons, aidant les Devils à remporter trois coupes Stanley et raflant quatre trophées Vézina au passage.

Le Montréalais de 36 ans est sur le point de surpasser chaque joueur qui a un jour porté un masque. Avec deux autres victoires, Brodeur éclipsera la marque de 551 établie par Roy, devenant ainsi le gardien le plus victorieux de l'histoire de la LNH.

«C'est bizarre d'entendre cela, a dit Brodeur. Je ne peux pas contrôler de la façon dont les gens pensent à mon sujet, surtout en ce qui a trait à ce record. C'est très significatif pour les gardiens, je ne le nie pas. Dans notre sport, vous êtes jugé selon vos performances, de la façon dont vous jouerez demain. Ca dépasse un peu ce cadre, en raison du record. C'est un grand accomplissement.»

Brodeur est peut-être le gardien le plus durable à avoir joué dans la LNH. Mises à part les saisons raccourcies, il a disputé au moins 67 matchs par saison depuis 1995-96, remportant au moins 34 victoires par année dans cette période. Il a notamment établi une marque avec 48 gains lors de la saison 2006-07.

Cette séquence prendra fin cette saison, alors que Brodeur a dû s'absenter 50 matchs en raison d'une déchirure du biceps gauche. Il est revenu au jeu à la fin février.

«Je suis impressionné par sa constance sur une si longue période, a dit Roy au cours d'un entretien téléphonique. C'est fantastique, incroyable. Il aborde le hockey d'une telle façon. Il a toujours répondu aux attentes et bien supporté la pression. Ca semble facile à tous les soirs, ce qui n'est pas peu dire. S'il y a quelqu'un qui sait à quel point c'est difficile, c'est bien moi.»

Pas mal pour un joueur acquis alors que les Devils ont accepté de repêcher plus tard en 1990. Les Flames de Calgary désiraient le gardien Trevor Kidd cette année-là et ne croyaient pouvoir l'obtenir avec le 20e choix au total. Ils ont alors appelé Lamoriello et ont conclu une transaction qui leur permettait de changer de place avec les Devils, qui disposaient de la 11e sélection.

«Avoir su ce que nous allions obtenir, nous n'aurions jamais pris la chance d'attendre jusqu'au 20e échelon», a dit Lamoriello en riant.