Au hockey comme dans la vie, il y a toutes sortes de patrons. Il y a les p'tits patrons, il y a les grands patrons, il y les très grands patrons et il y a Le patron ultime, Celui qui d'en haut scrute nos performances à la loupe.

Carbo était un p'tit patron, un p'tit boss comme on dit en bon français.

Qu'un grand boss, Gainey, a limogé malgré le fait qu'il ait dit le 12 janvier dernier que son embauche à titre d'entraîneur du Canadien représentait son meilleur coup depuis son arrivée avec l'équipe.

Gainey: «Oui, c'est vrai, mais on peut-être un bon entraîneur une année et en devenir un mauvais l'année suivante.»

Et le lendemain, il mouillait...

N'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.

Cela dit, dans les circonstances, afin de rafistoler les pots qu'il a lui-même cassés, Gainey a quand même pris la bonne décision. Avec 16 matches à disputer, après les déconfitures subies par le Canadien à Buffalo et à Atlanta, la pire équipe de la ligue Nationale à domicile, la victoire tout croche remportée dimanche dernier à Dallas malgré le fait que les joueurs y aient atteint des sommets d'indiscipline -les Stars en étaient à leur septième match en 11 soirs, ne l'oublions pas-, pour toutes les raisons évoquées dans ma chronique de vendredi dernier aussi, et reprises hier en partie par Gainey dans son point de presse -manque de robustesse, incapacité à bien protéger les gardiens, etc.) - Gainey n'avait pas le choix.

Comme l'a justement souligné Gainey dans son point de presse d'hier, les succès ou les insuccès d'une équipe sont toujours imputables à l'entraîneur-chef.

Mais ce que Gainey n'a cependant pas dit c'est que les succès ou les insuccès d'un entraîneur-chef sont toujours imputables au DG, surtout quand ce dernier, le 12 janvier dernier, il faut le répéter, a mentionné que l'embauche de Carbo avait été son meilleur coup depuis son arrivée avec l'équipe au point, répétons-le aussi, de lui octroyer une prolongation de contrat.

Mais entre vous et moi, quand Carbo, par solidarité et par amitié pour Gainey, par fidélité aussi pour l'immense entreprise qu'est le Canadien (en bon corporated man comme on dit en anglais), quand Carbo donc, le moment venu, c'est-à-dire après avoir obtenu une prolongation de contrat, a refusé de mettre les cartes sur table, il s'est du même coup lui-même enroulé la corde autour du cou.

J'ai toujours dit que dans la vie, tant qu'à être congédié, il valait toujours mieux l'être après s'être tenu debout. Mais Carbo a préféré plier les genoux et hier il en a payé le prix.

Qu'est-ce donc, dites-vous ?

Après avoir obtenu une prolongation de contrat, une fois bien assis, Carbo aurait dû se mettre à parler des vraies affaires.

Il aurait dû exiger de Gainey qu'il se départisse de Koivu, qui est un bon joueur, un véritable guerrier ça tout le monde le sait, mais qui n'a aucune des qualités requises pour assumer le rôle de capitaine, un rôle super important au sein d'une équipe.

Mais de ça, on en a assez parlé, on ne reviendra pas sur le sujet. Qu'il me suffise de mentionner que P.J. Stock, un ex-joueur du Canadien qui a évolué pour quatre équipes de la Ligue nationale, a mentionné une fois à 110% qu'aucun joueur francophone ne s'était présenté à un party organisé par Koivu, il y a plusieurs années de cela. Et que des quatre équipes pour lesquelles il avait évolué, aucune n'était formée d'autant de petites cliques que celle du Canadien. Quand on sait que le rôle de capitaine au sein d'une équipe est de rassembler, ça veut tout dire.

Pourquoi Carbo n'a-t-il pas aussi exigé de Gainey qu'il mute Jarvis à un quelconque rôle de recruteur au sein de l'organisation afin de le remplacer par un véritable entraîneur des défenseurs, un Éric Desjardins par exemple, afin de stabiliser une fois pour toutes l'unité défensive chancelante du Canadien.

Le message se devait d'être aussi clair.

Carbo ne l'a pas fait.

Ces choses étant dites, dans le dossier qui nous préoccupe, à la fin de la saison, le très grand patron du Canadien (Pierre Boivin) et le très, très grand patron du Canadien, George Gillett, feront-ils enfin payer à Gainey sa grande incompétence ?

Car, si on se fie aux propos de Gainey, ce qui est vrai pour les entraîneurs, l'est aussi pour les DG: on peut être un bon DG une année et un mauvais DG l'année d'en suite, n'est-ce pas.

Les preuves démontrant l'incompétence de Gainey à titre de DG du Canadien étant devenues fort accablantes, il faut espérer que le prochain coup de balai du Canadien l'envoie au plus tôt se balader sous le tapis.