Depuis le temps que les Sharks de San Jose entendent qu'ils sont incapables de reproduire en séries leurs succès de la saison régulière, ils ont décidé de prendre les grands moyens.

Le DG Doug Wilson a attiré au sein de son organisation plusieurs vétérans qui ont déjà gagné la Coupe Stanley et qui savent ce que ça prend pour y arriver. C'est dans cet ordre d'idée que le retour au jeu de Claude Lemieux s'est fait à San Jose et non ailleurs. «C'est la démarche que les Sharks font depuis les derniers mois», a reconnu Lemieux, qui tentera cette année de remporter le précieux trophée avec une quatrième équipe différente.

«Ils ont amené deux entraîneurs qui ont gagné la Coupe à Detroit. Et ils ont ajouté Rob Blake, Dan Boyle et Brad Lukowich, tous des gars qui l'ont déjà gagné aussi.»

L'étiquette d'équipe de saison régulière colle aux Sharks comme l'agacement de Doug Wilson à ce sujet colle sur son visage. «Aucune équipe n'a joué plus de matchs que nous en séries lors des cinq dernières années, a rappelé Wilson. On ne peut pas voir ça de façon négative. «Et puis, on tentait d'obtenir Boyle et Blake depuis plusieurs saisons déjà. C'est juste dommage qu'ils n'aient pas été disponibles plus tôt...»

Selon l'entraîneur Todd McLennan, la réputation d'équipe «de saison régulière» ne fait l'objet d'aucune discussion au sein de l'équipe. «C'est une pression externe qui a été créée par les médias», affirme-t-il.

Une place méritée

À une époque où les vedettes de la LNH sont de plus en plus jeunes, les Sharks, eux, font le pari de l'expérience. Certes, les vedettes de l'équipe -les Thornton, Marleau, Boyle et Nabokov- sont dans la fleur de l'âge. Mais on les a entourés de vétérans qui connaissent le tabac.

Lemieux, 43 ans, est le dernier à s'être greffé au groupe. «Pendant cinq ans, j'ai regardé des matchs, j'ai constaté la progression de la ligue, et je croyais avoir encore ma place», a raconté Lemieux à propos de sa démarche. Sauf qu'à partir du mois de juin, soit lorsqu'il a pris la décision de revenir au jeu, il a dû trimer dur pour y arriver.

Ça a commencé avec des séances de patinage à six heures le matin. Puis il a lentement augmenté de calibre en jouant dans la Ligue Centrale, puis en Chine, puis avec le club-école des Sharks.

Aux yeux de tous, Lemieux a mérité la place qu'il détient aujourd'hui. «Pour l'avoir fréquenté dans le cadre de quelques Coupes du monde, je savais qu'il avait la personnalité pour réussir ce retour, a mentionné Rob Blake. «Claude apporte de la passion et il s'insère très bien dans l'équipe. On a déjà senti son leadership à quelques reprises après avoir connu quelques moins bons matchs.»

De Pépé à Papi

Le guerrier connu à travers la ligue n'a pas changé d'un iota, avertit Jeremy Roenick. «On le sent lorsqu'il joue aux cartes dans l'avion, lorsqu'il est dans le vestiaire. Il a ce je-ne-sais-quoi de plus qui fait de lui Claude Lemieux.» Le vestiaire des Sharks rassemble plusieurs jeunes tranquilles et ouverts d'esprit. Et toujours prêts à entendre Pépé  -devrait-on dire Papi?- raconter ses histoires du bon vieux temps. «Plusieurs de ses coéquipiers étaient d'âge primaire quand ils le regardaient jouer, rappelle Todd McLennan.

Il a un auditoire captif quand il répond aux questions concernant Patrick Roy, Joe Sakic ou Peter Forsberg. «Les gars ont les yeux grands ouverts comme s'ils étaient au cinéma.»

Enfin prêts pour la Coupe

L'expérience des «vieux» et les revers des plus jeunes lors des saisons précédentes incitent les Sharks à se croire enfin mûrs pour les grands honneurs. «Cette année, on a tout ce qu'il faut pour gagner», estime le défenseur québécois Marc-Édouard Vlasic. Une opinion partagée par le vétéran Jeremy Roenick. «Je crois que c'est la meilleure édition que les Sharks ont eu en fonction des séries, estime J.R.. Mais jusqu'à ce qu'on ait fait nos preuves, on peut bien parler des séries tant qu'on veut; ce ne sera que du vent.»