Pendant que le Canadien se préparait à affronter les Oilers d'Edmonton, Alex Tanguay, lui, pompait l'huile à Brossard!

Hier, après s'être donné à fond pendant 40 minutes, il s'est affaissé au centre de la patinoire. Scott Livingston, le responsable du conditionnement physique chez le Tricolore, est venu le rejoindre en riant.

Blessé à l'épaule, Tanguay retrouve graduellement la forme. Mais ça ne l'a pas empêché de rater hier une 19e rencontre consécutive. «Je n'avais jamais raté plus de 13 matchs de suite dans ma carrière», a rappelé l'attaquant de 29 ans, qui espère participer à l'entraînement régulier de l'équipe mardi prochain, avant les matchs à Washington et Pittsburgh.

«À partir de là, je verrai comment réagit mon épaule. Même si le médecin est content de mes progrès, on n'a pas établi de date pour mon retour.»

Après avoir vaincu l'inflammation et retrouvé la mobilité dans son épaule, Tanguay s'est affairé à gagner puissance et stabilité. «Au plan de l'équipement, il ne manque rien à notre centre d'entraînement, admet-il. Même que, lorsqu'on retourne au Centre Bell, on s'ennuie d'être ici!»

Il restera ensuite à Tanguay à regagner une certaine confiance en ses mouvements. «J'ai encore des restrictions à ce niveau-là, précise-t-il. Steamer (Pierre Ouellette, l'un des préposés à l'équipement de l'équipe) me brasse un peu dans les coins de patinoire, mais je ne suis pas encore sûr de moi.»

Les vétérans savent

Pendant ce congé forcé qui dure depuis le 2 janvier, Tanguay a vu le Tricolore maintenir un dossier de huit victoires et 10 défaites. Il trouve ça difficile de regarder les matchs dans de telles circonstances. «J'essaie d'encourager les gars et de rester positif quand je les vois à Montréal. Mais c'est sûr que tu te sens un peu isolé. C'est plus difficile encore pour les jeunes qui n'ont jamais vécu ce genre de situation. De ce point de vue-là, ce serait utile de pouvoir compter sur plus de vétérans - pas autant sur la glace que pour l'aspect mental du jeu. Car les vétérans savent que ce n'est qu'une question de temps. On sait qu'on a des choses sur lesquelles on doit travailler, mais on a trop de talent pour ne pas s'en sortir.»

Tanguay, qui a récolté 10 buts et 26 points en 34 matchs avant de se blesser à Tampa Bay, n'arrive pas à identifier précisément ce qui cloche au sein de l'équipe.

«En tout cas, on va devoir se regarder dans le miroir et individuellement - moi y compris - se demander si l'on prend nos responsabilités et qu'on fait tout ce qu'il faut pour aider l'équipe, propose-t-il. Il ne faut pas se le cacher, on doit commencer à réaliser qu'on se bat pour une place en séries. On n'a pas joué comme on en est capables, mais il nous reste une trentaine de matchs. On a un excellent potentiel. À nous de le soutirer.»

Sous le radar

Tanguay biffe une à une les excuses qui expliqueraient le rendement décevant du Canadien.

«C'est sûr que c'est le fun de voir l'enthousiasme autour du Centenaire, et que ce serait un scénario hollywoodien de gagner la Coupe. On ne peut pas dire que les activités du Centenaire nous ont fatigués. On a juste mis des chandails différents pour certains matchs! Je ne pense pas qu'il y ait de pression supplémentaire. La pression de gagner est là à chaque année. Les attentes ont plutôt rapport avec les beaux résultats de l'équipe l'an dernier.»

L'ailier originaire de Sainte-Justine en est à la dernière année de son contrat, à l'instar de neuf de ses coéquipiers. Mais là encore, cette situation n'explique rien.

«Le hockey est un sport d'équipe et plus l'équipe va loin, mieux c'est pour le prochain contrat de chacun, souligne Tanguay. C'est plaisant d'avoir une bonne fiche personnelle, mais quand tu aides ton équipe à gagner et que tu joues à la hauteur de ton talent, tes statistiques finissent par en bénéficier.»

Évidemment, Tanguay a hâte de pouvoir se faire justice sur la patinoire, surtout en ces temps où le CH aurait drôlement besoin d'un joueur de sa trempe. Mais il est malgré tout heureux de son expérience à Montréal. Il faut dire que, pour une rare fois dans l'histoire du Canadien, un joueur étoile - francophone en plus - réussit à vivre une saison «sous le radar.»

«Je ne suis pas spectaculaire comme Alex Kovalev, qui transporte la rondelle d'un bout à l'autre de la patinoire, explique Tanguay. Je marque mes buts en travaillant de l'enclave, en faisant de courtes passes...

«Mais moi, j'ai toujours été sous le radar. Et ça fait mon affaire!»