Aéroport Trudeau, porte 15, tout au bout du quai d'embarquement, 7h45 hier matin. Un agent de la paix, verres fumés jaunes sur les yeux, gants aux poings, chevauchant son vélo Smith & Wesson presque blindé, s'arrête net et pause LA question: qu'est-ce qui ne va pas avec le Canadien?

La première réponse venue fut celle lancée par Carbo après la défaite de samedi. «Par où tu veux que je commence?» Il n'allait pas se contenter de si peu alors que la glissade du Canadien au classement est amorcée.

Car oui, elle est amorcée.

Ce matin, les Flyers occupent le quatrième rang avec un point de plus que le Tricolore et un match de plus à jouer. Derrière, New York, Buffalo et la Caroline menacent. Même les Panthers de la Floride se profilent à l'horizon, confirmant que les mauvaises nouvelles sont plus nombreuses que les bonnes.

Comment on en est arrivé là? Parce que le Canadien est trop fragile, vulnérable sur trop de fronts.

Le mot s'est passé dans la Ligue: si tu lui ouvres la porte, le Canadien va te le faire payer. C'est pour ça, en partie, qu'il a amassé 56 points en première moitié de saison. C'était facile, il en profitait.

Combien de fois avez-vous entendu vos favoris dire qu'ils ne la méritaient peut-être pas, mais qu'une victoire était une victoire? Trop souvent!

Que font ses adversaires depuis la mi-saison? Ils ferment la porte. Ils l'obligent à ne plus se contenter de talent, de finesse, de fla-fla! Résultat: exception faite du capitaine, du vrai, des jeunes qui le suivent et des Lapierre et Kostopoulos, qui donnent tout ce qu'ils ont, mais qui n'en ont pas assez à donner pour assurer des victoires, les autres baissent la tête au lieu de foncer.

Des noms? Dressez votre liste. Mais de grâce, n'oubliez pas Kovalev, Price, les frères K, Plekanec et même Komisarek, qui a ralenti.

Le Canadien n'est pas devenu un club moribond du jour au lendemain. Non! Il s'est contenté de stagner alors que les autres se sont améliorés. Et il s'est mis à perdre. Pire encore, il n'encaisse plus ces points malsains, mais nécessaires, accordés aux perdants...

Les blessures? Vrai que ça complique les choses. Mais au sein du groupe de joueurs toujours disponibles, il y en a trop qui s'écrasent devant les épreuves au lieu de les relever.

Le défi qui se dresse devant le Canadien est gros.

Énorme? Pas encore...

Il reste assez de matchs (28) pour raviver les forces vives. Pour remonter le moral et la confiance de Carey Price. Pour tenter de survolter Alex Kovalev et sa suite.

Mais le Canadien ne peut plus se permettre de gaspillages navrants comme ceux de vendredi, à Buffalo, et de samedi, contre Toronto.