Le hockey collégial est sur le point de renaître au Québec et il pourrait prendre de l'envergure rapidement.

Hockey Québec, de concert avec la Fédération québécoise du sport étudiant, tiendra une conférence de presse dans une quinzaine pour annoncer l'identité des équipes et faire connaître les détails du programme de ce circuit, qui entamera ses activités à l'automne 2010 et qui est appuyé par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport.

Ce projet est séduisant à divers égards: du hockey associé aux écoles; une porte d'entrée vers la NCAA; un calendrier équilibré - une trentaine de matchs, seulement, les week-ends, et trois ou quatre entraînements hebdomadaires - et des matchs où les bagarres entraînent automatiquement une expulsion de match et deux rencontres de suspension (quatre lors d'une récidive).

Les Lions du Collège St.Lawrence, dans la région de Québec, dirigés par Mike Labadie (qui est à l'origine de la naissance du Rouge et Or au football universitaire) seront l'une des formations à se joindre à la Ligue, avec le cégep de Lionel-Groulx à Sainte-Thérése.

«On vise entre 30 et 36 matchs en saison régulière, en plus des séries éliminatoires et quelques rencontres hors-concours», mentionne Christian Brosseau, du Collège St.Lawrence, qui fait déjà partie de la United Junior Hockey League, avec quelques clubs québécois et américains, en attendant la naissance de la Ligue collégiale.

«Pour les séries éliminatoires, ajoute-t-il, on aimerait s'inspirer de la formule du Frozen Four dans la NCAA, soit les matchs de quart, demi et la finale le même week-end, au même endroit. Nos matchs auraient lieu le week-end également, du vendredi au dimanche, mais l'après-midi le dimanche si une équipe voyage, pour que les jeunes puissent être sur les bancs d'école reposés le lundi matin.»

Sylvain Lalonde, de Hockey Québec, affirme que la Ligue collégiale compte puiser dans le bassin de joueurs du midget AAA et du midget Espoirs qui auraient été laissés pour compte par la LHJMQ.

«On a calculé qu'il y avait un bassin de joueurs suffisant pour alimenter la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), la Ligue junior AAA et la Ligue collégiale, dit-il. On veut que le circuit collégial devienne une alternative aux deux autres ligues, sans leur nuire. C'est prématuré de dire que demain matin, il y aura 3500 spectateurs dans les gradins et que ça remplacera la LHJMQ. Dans 10 ans? Ça prendrait une bonne boule de cristal pour le dire...»

Le circuit collégial souhaite attirer d'excellents jeunes joueurs qui visent la NCAA et qui doivent pour l'instant s'exiler aux États-Unis et en Saskatchewan, dans un Prep School ou une équipe midget canadienne, en attendant d'être accueilli par une formation collégiale américaine. Ça aurait pu être le cas, par exemple, de Louis Leblanc, qui évolue dans la USHL, au sud de la frontière, en attendant de fréquenter Harvard l'an prochain, ou encore John Esposito, le frère d'Angelo, qui joue en Saskatchewan cet hiver.

Philippe Lecavalier, qui guide ces deux jeunes joueurs, croit en ce projet. «Je connais au moins une quinzaine de jeunes qui ont décidé de quitter le Québec en attendant d'obtenir leurs bourses d'études pour une équipe de la NCAA et qui seraient restés si cette ligue existait, mentionne-t-il. Je crois que ça va être bon pour tout le monde. La LHJMQ n'est pas faite pour tout le monde et la NCAA n'est pas faite pour tout le monde.»

Lecavalier a toutefois un conseil pour les dirigeants de ce nouveau circuit. «S'ils veulent vraiment rassembler leurs meilleurs éléments et avoir une ligue compétitive, plus forte que le collégial AAA de l'époque, ils doivent éviter d'avoir trop d'équipes. Six à huit clubs serait le maximum. Il ne faut pas oublier que le recrutement au sein des collèges américains est effectué par les entraîneurs, dont le temps est précieux. S'ils se déplacent au Québec, il faut que ça vaille la peine et qu'ils puissent voir plusieurs joueurs au sein d'une même équipe. C'est comme ça que la Ligue pourrait avoir une bonne visibilité.»

Christian Brosseau, de St.Lawrence, abonde dans le même sens. «Les équipes sont bien dispersées au Québec, dit-il. Il n'y en a pas trop au sein du même bassin, ce qui facilitera notre recrutement. Nous sommes les seuls, par exemple, dans la région de Québec. C'est de bon augure pour obtenir le meilleur calibre possible sur la glace.»

Brosseau insiste pour dire qu'il ne voudra pas faire compétition à la LHJMQ. «On n'est pas ici pour jouer dans la cour des Remparts de Québec dans la région. On a d'ailleurs, à l'heure actuelle, quatre jeunes des Remparts qui réussissent très bien à combiner le hockey et les études chez nous. C'est évidemment une clientèle qu'on aimerait avoir, mais ce n'est pas la clientèle qu'on sera amené à recruter. Mikael Tam, par exemple, qui était l'un des meilleurs défenseurs du midget AAA l'an dernier, n'aurait pas opté pour l'option collégiale. Il voulait une préparation pour l'amener au plus haut niveau. Nous, on veut offrir un encadrement, acheminer les jeunes vers les collèges américains ou les universités canadiennes. Mais si de bons jeunes du midget AAA nous contactent, on ne s'empêchera pas de leur parler. On a d'ailleurs cinq gars qui jouaient midget AAA l'an passé, qui sont étudiants à temps plein et ils jouent avec nous cette année.»