«On a déjà assez des ennuis qui nous accablent pour que je perde mes énergies à regarder ce qui ne va pas du côté du Canadien.»

C'est de cette façon que Mike Keenan a réagi lorsqu'on lui a demandé si le fait que le Canadien amorçait sa plus longue séquence de matchs sur la route de la saison, qu'il avait perdu ses cinq derniers matchs à l'étranger et perdu sept des neuf dernières rencontres représentaient une bonne nouvelle pour son club.

Il faut dire que les Flames ont subi quatre revers consécutifs, dont deux de suite à Calgary. Une première cette saison.

Mais lorsque le collègue Dave Stubbs lui a demandé s'il était en mesure de déchiffrer l'énigme que représente Kovalev encore cette année, Keenan ne s'est pas fait prier pour commenter.

«Tous les grands artistes sont mystérieux», a conclu Keenan après avoir longuement parlé de celui qu'il considère comme un très grand joueur.

«Vous des médias et les amateurs êtes très sévères à son endroit. Je n'ai jamais eu d'ennui avec Alex. Il était peut-être plus jeune, mais il excellait dans toutes les facettes du jeu. Je l'ai employé à toutes les positions à l'attaque et je l'ai même utilisé à la ligne bleue à cinq contre cinq derrière les Zubov et Leetch afin de donner plus de punch à notre attaque à New York.»

Sans mettre en doute la valeur de la mémoire et la qualité des souvenirs qui bercent Keenan, il serait important de rappeler que 15 saisons ont passé depuis cette union Kovalev-Keenan.

Une présence de 12 minutes

Sans oublier que cette union a connu ses moments de tension et que cette tension a culminé lorsque Keenan a gardé Kovalev sur la patinoire pendant 12 minutes.

«J'avais eu des discussions avec lui, mais cela ne changeait rien. Il prolongeait ses présences. Steve Larmer jouait derrière lui et les présences de Kovi nous privaient d'un excellent joueur.»

Keenan, avec l'accord de ses vétérans, a alors donné un coup de barre qui est depuis resté célèbre.

«Les gars sur le banc avaient un mandat: ne pas ouvrir les portes et le repousser s'il tentait de passer au-dessus de la bande. Durant les premières minutes, Kovalev était heureux. Il affichait la mine du surdoué récompensé par son professeur. Mais plus le temps passait, moins c'était drôle. Il a trouvé le moyen de marquer un but pour se reposer avant la reprise du jeu. Mais je l'ai laissé sur la glace jusqu'à la fin de la période. J'ai oublié qui nous affrontions, mais je pense qu'au total il avait passé 12 minutes sur la glace. On ne s'est jamais parlé de l'incident. Les vétérans s'étaient chargés de lui faire comprendre.»

Rappelés à l'ordre

Comme les joueurs du Canadien, ceux des Flames devaient profiter d'un congé hier. Mais comme leurs adversaires, les joueurs des Flames ont dû chausser les patins.

«Les deux équipes voudront se sortir du trouble et ont besoin de gagner», a lancé Mike Cammalleri qui a enfilé son 27e but de la saison dans la défaite de 2-1 aux mains des Ducks d'Anaheim samedi.

«Nous ne formons pas une équipe aussi talentueuse que Montréal. Il faut travailler avec du papier sablé et non des pinceaux de découpage si on veut se sortir de là», a fait remarquer Todd Bertuzzi.

«Todd a raison. En plus, ce serait bien d'enfin prendre les devants dans un match. On doit toujours revenir de l'arrière et comme il y aura des centaines de partisans du Canadien dans les gradins, ce serait bien de leur offrir un bon spectacle, mais de les garder silencieux en jouant à la hauteur de nos moyens. Les deux clubs doivent rebondir. On verra qui rebondira le plus haut», a illustré Craig Conroy qui a amorcé sa carrière avec le Canadien.