En plus de protéger ses coéquipiers des Sabres de Buffalo lorsqu'il est en uniforme, Andrew Peters les protège lorsqu'il débarque en complet cravate à titre de représentant au sein de l'Association des joueurs de la LNH.

Mais par les temps qui courent, Peters tient surtout à protéger son job et son rôle de redresseur de torts.

Un rôle de plus en plus décrié dans la LNH. Un rôle devenu dangereux aussi alors que les matamores n'ont jamais été aussi costauds et aussi forts.

«C'est mon emploi et je compose avec les risques qui l'accompagnent. Nous ne sommes quand même pas traités comme les chiens de Michael Vick», blague-t-il, en référence à l'ancien quart-arrière des Falcons d'Atlanta, emprisonné pour avoir organisé des combats de chiens...

«Nous sommes respectés au sein de nos équipes et j'aimerais voir la ligue et les journalistes nous respecter davantage.»

Mais voilà qu'au-delà des critiques des observateurs et des doléances de certains amateurs, le directeur général de l'AJLNH, Paul Kelly, s'est lui-même interposé dans le conflit plus tôt cette semaine. Et il a porté un direct au menton des Andrew Peters et Georges Laraque de la LNH en indiquant que le temps était peut-être venu d'analyser les rôles remplis par certains bagarreurs et d'évincer ceux qui se limitent à jeter les gants.

«Il dit ça d'un côté, mais il rappelle de l'autre les années au cours desquelles Wayne Gretzky profitait de la protection des Dave Semenko et Marty McSorley. Si c'était correct il y a 20 ans, pourquoi ce ne le serait plus aujourd'hui?» a plaidé Peters.

On veut bien...

Mais s'il y a des joueurs qui font respecter la loi sur la glace tout en étant capables d'y jouer au hockey, d'autres le sont moins.

C'est un peu le cas de Peters, qui était rayé de la formation pour une deuxième partie consécutive, une 15e lors des 18 dernières des Sabres et pour la 27e fois de l'année.

À son nom, on peut ajouter ceux des Eric Godard, Derek Boogard, Georges Parros et autres Zachary Stortini.

«C'est injuste de nous cataloguer comme ça», riposte Peters, qui réclame rien de moins que l'abolition de la règle pénalisant les instigateurs pour se faire justice.

«Je ne peux plus protéger mes coéquipiers contre des pestes comme Jarkko Ruuttu, Sean Avery, Colton Orr ou Garth Murray. Ces gars-là défoncent nos meilleurs joueurs et quand je saute sur la glace, ils me narguent en me disant de jeter les gants le premier pour que j'écope de deux minutes. Georges (Laraque) vit la même chose à Montréal. Nous sommes tous dans le même panier», déplore Peters, dont le pouce de la main droite affiche encore les contrecoups de la morsure que lui a servie Jarkko Ruuttu des Sénateurs d'Ottawa.

«On se bat entre nous, mais ça ne donne rien, car les vrais responsables se cachent derrière cette règle stupide. Au lieu d'abolir les bagarres, abolissons ce règlement. Du jour au lendemain, les bagarres voudront dire quelque chose et les gars comme moi pourront retrouver leur importance au sein des équipes», a ajouté Peters.

Dans le vestiaire des Sabres, Peters est flanqué sur sa droite du gardien Ryan Miller, pas le plus baraqué des siens...

Miller siège sur le comité qui voit à l'amélioration du hockey et il défend la position de Peters.

Tout comme le capitaine Craig Rivet.

«Le débat sur la sécurité ne tient pas. On devrait s'attaquer bien plus rapidement et férocement à l'abolition des coups par-derrière qu'à l'abolition des bagarres», a assuré Rivet, qui n'a jamais hésité à jeter les gants.

«Les bagarres font partie du hockey. Peu importe l'amphithéâtre, peu importe les équipes qui s'affrontent, quand deux gars jettent les gants, tous les amateurs se lèvent. Nous sommes là pour rester», a conclu Peters.