Jeu pas toujours étincelant, absence de mises en échec, joueurs qui s'inventent des blessures pour rester chez eux: il est facile de verser dans le cynisme à propos du match des Étoiles de la LNH. Jusqu'à ce qu'on rencontre Stéphane Robidas.

Le défenseur des Stars de Dallas flotte sur un nuage depuis son arrivée à Montréal, où il remplace Nicklas Lidstrom. Cette participation au match des Étoiles est un retour aux sources, dans la ville où il a disputé son premier match dans la LNH, il y a neuf ans. Mais c'est aussi, surtout, la consécration d'un joueur modeste qui n'a jamais cessé de repousser les limites que d'autres voulaient lui imposer.

 

«Dans mes rêves les plus fous, je n'aurais jamais pensé que ça m'arriverait de participer au match des Étoiles, surtout pas cette année. Encore aujourd'hui, il faut que je me pince pour y croire», dit Robidas.

À 31 ans, le choix de septième ronde du Canadien en 1995 - il a joué 122 parties pour le CH entre 2000 et 2002 - connaît la meilleure saison de sa carrière. Il joue plus de 24 minutes par match, un sommet chez les Stars, il est le meilleur défenseur offensif de son équipe, avec 19 points, et il est deuxième dans la Ligue pour les mises en échec (125). Impressionnant, pour un gars qui, il n'y a pas si longtemps, peinait à se trouver un emploi dans la LNH.

Pendant le lock-out, Robidas a joué à Francfort, en Allemagne. Il s'était résigné à jouer à Mannheim l'année suivante, quand les Stars, pour qui il avait joué en 2002-2003 et une partie de la saison suivante avant d'être échangé à Chicago, lui ont offert un contrat de deux ans. «Mon agent essayait de trouver une équipe qui aurait besoin d'un gars comme moi et Dallas est la seule qui m'ait appelé», raconte-t-il.

Il a décidé de retourner au Texas, même si la présence de vétérans comme Sergei Zubov et Philippe Boucher, deux droitiers eux aussi, risquait de réduire son temps de glace, comme lors de son premier séjour avec l'équipe. «Pour moi, le plus important était de jouer dans la LNH. Mon rêve et mon but a toujours été de jouer dans la LNH.»

Le pari s'est avéré payant. Son temps d'utilisation n'a cessé de croître, malgré l'arrivée dans le portrait du prometteur Matt Niskanen. Lorsque Zubov et Boucher sont tombés au combat, l'an dernier, il a saisi sa chance, terminant la saison avec neuf buts et 26 points, des records personnels. Il a poursuivi sur sa lancée cette année. Et le voici au match des Étoiles.

«C'est extraordinaire, dit Guy Carbonneau, adjoint de Michel Therrien à l'époque où Robidas jouait à Montréal. Il n'était pas classé dans l'élite au début de sa carrière, mais il a été capable de changer sa game pour en faire partie. C'est un petit gars de caractère, un petit gars qui a toujours travaillé fort et n'a jamais abandonné.»

L'histoire de Robidas, qui fait cinq pieds 11 et 190 livres, n'est pas sans rappeler celle de Francis Bouillon, autre joueur longtemps considéré trop petit pour briller à la ligne bleue dans la LNH. Le Canadien les a d'ailleurs soumis au ballottage en même temps, à l'automne 2002.

Robidas n'avait pas vraiment pu se faire justice avec le Canadien. À sa deuxième saison, Michel Therrien, qui pouvait compter sur trois autres droitiers en Patrice Brisebois, Stéphane Quintal et Craig Rivet, l'avait relégué du côté gauche, une position où il n'était pas à l'aise. Il a fini la saison 2001-2002 avec une fiche de -25. «Ça a été une année difficile, reconnaît Robidas. On peut dire que j'ai eu le syndrome de la deuxième année. Mais le fait d'avoir dû jouer à gauche n'est pas une excuse. Ça m'a aidé à grandir comme joueur. Je n'étais pas le joueur que je suis devenu aujourd'hui.»