Les amateurs de hockey peuvent dormir tranquilles. Pour l'instant. Il n'y aura pas de conflit de travail avant septembre 2011 en vertu d'une trêve décrétée hier par l'Association des joueurs.

Et si la tendance se maintient, cette trêve sera prolongée jusqu'en septembre 2012.

Cette trêve cache-t-elle une tempête qui pourrait être plus forte que celle qui a conduit à l'annulation de la saison 2004-2005?

 

La question mérite d'être posée, car l'imposition d'un plafond salarial n'a rien réglé en ce qui a trait aux salaires versés aux joueurs. De 1,8 million qu'il était avant le conflit, le salaire annuel moyen est de 2,2 millions aujourd'hui.

L'idée que la LNH revienne à la charge avec l'abolition des contrats garantis - comme c'est le cas dans la NFL - circule déjà et n'augure rien de bon.

«L'abolition des contrats garantis galvaniserait nos membres et jetterait les bases d'une situation difficile. C'est clair. Mais je considère que le hockey ne peut se permettre un autre conflit de travail», a lancé Paul Kelly, directeur général de l'Association des joueurs.

«J'ose croire que la LNH et les propriétaires, en bons hommes d'affaires qu'ils sont, partageront cette opinion et que nous pourrons profiter de la trêve que nous annonçons aujourd'hui pour entreprendre le travail et nous assurer de tout régler sans conflit une fois l'actuel contrat échu», a poursuivi celui qui a succédé à Ted Saskin à la tête de la NHLPA.

Le syndicat des joueurs avait brandi des menaces non voilées lors des dernières négociations dès que la notion du plafond salarial a été avancée. Notion qui a finalement été implantée.

Trêve jusqu'en 2011, voire 2012

La trêve conclue hier a suivi un vote unanime par le biais duquel les représentants des 30 équipes ont entériné l'option de prolonger le contrat signé en 2005, après un lock-out d'un an.

«Nos 720 membres étaient eux aussi très majoritairement favorables à cette idée. Il est aussi très possible que nous nous prévalions de notre option de prolonger le contrat jusqu'en septembre 2012», a indiqué Kelly.

Cette décision des joueurs était prévisible.

Car s'ils sont revenus au travail après avoir concédé l'implantation d'un plafond salarial et un remboursement de 25% de leur salaire lors de la première année d'activité, les joueurs ont tout repris.

De 1,8 million à 2,2

Le salaire annuel moyen est passé de 1,8 million à 2,2 millions, les joueurs profitent maintenant d'une autonomie complète à 27 ans - ils devaient attendre à 31 ans lors du dernier contrat - et le plan de retraite n'a jamais été aussi généreux.

Quatre ans après être rentrés au travail sur les genoux, les joueurs semblent maintenant sortis gagnants de leur dernier conflit.

«Il y a encore certains points qui accrochent, mais dans l'ensemble, c'est vrai que les choses ont bien tourné pour nous», a reconnu Sheldon Souray, représentant des joueurs des Oilers d'Edmonton au sein du comité exécutif de la NHLPA.

Mike Komisarek et Alex Kovalev, du Canadien, siègent aussi sur ce comité.

Compte séquestre

S'il reconnaît que les joueurs qu'il représente ont relevé la tête au fil des trois dernières années, Paul Kelly assure que c'est en raison de la saine situation économique de la LNH.

«La hausse du dollar canadien l'an dernier a fait bondir les revenus de 12% et ils atteignaient 2,6 milliards. Cette année, nous aurons une croissance de 2%.»

Les contrecoups de la crise économique obligeront l'Association des joueurs à hausser la proportion des salaires des joueurs déposés dans un compte séquestre afin de parer à une baisse du plafond salarial.

Cette portion pourrait atteindre 20% des salaires.

«Nous avons déjà remis aux joueurs tout ce que nous leur avions retiré lors des premières années. Cette fois, on en demande plus, et ce n'est pas facile, mais on le fait en expliquant qu'on aime mieux leur en remettre en fin de compte que d'avoir à en redemander si les besoins se font sentir», a indiqué Kelly.

Le syndicat ne croit pas que le plafond baissera dès la saison prochaine. Mais il pourrait leur tomber sur la tête dans deux ans.

«Les mois d'août et de septembre prochains seront cruciaux. Il faudra voir à quel rythme les renouvellements d'abonnements de saison et les contrats publicitaires se renouvelleront. Ce n'est qu'à ce moment que nous pourrons avoir une idée de ce qui nous attend en fait de contrecoups à la crise économique actuelle. C'est pour cette raison qu'on se prépare.»