Il paraît qu'il n'y a jamais de fumée sans feu. Au rythme où vont les choses, il faudrait peut-être envoyer au moins 25 camions de pompier au Centre Bell, parce que l'imposante bâtisse doit être en train de brûler, et pas à peu près.

Nous voici à la pause du match des Étoiles, et si je compte bien, le Canadien doit avoir été impliqué dans environ 200 rumeurs de transaction «sérieuses» depuis l'ouverture de la saison, et il s'agit là d'une estimation prudente. Avec tout le temps qu'il doit passer sur son portable, c'est à se demander si Bob Gainey trouve encore le temps de faire les petites choses essentielles du quotidien, comme aller à l'épicerie ou télécharger le dernier épisode de Lost.

Voyons un peu. Au cours des derniers mois, le Canadien a été engagé dans le feuilleton Mats Sundin, un attaquant suédois dont vous avez peut-être déjà entendu parler. Le CH a été au centre de rumeurs d'échange concernant Marian Gaborik, une affaire tellement sérieuse qu'un site internet bien connu avait annoncé, un certain samedi après-midi, que les discussions étaient de plus en plus sérieuses entre le Wild du Minnesota et le Canadien (on attend toujours Gaborik au Centre Bell, en passant).

Cela s'ajoute à la rumeur concernant Mathieu Schneider, qui a dû être échangé au moins 20 fois à Montréal, mais qui, aux dernières nouvelles en tout cas, était encore à Atlanta. Cela s'ajoute aussi au roman-savon concernant un certain attaquant québécois, dont le prénom commence par un V, qui a été impliqué dans un tourbillon si spectaculaire que même les journaux de Tampa ont dû brièvement interrompre leur couverture de football américain pour faire un peu de place au hockey.

Bref, pour un club qui a seulement besoin d'un peu de renfort à la défense (les mots de Bob Gainey, pas les miens), me semble que le Canadien a l'air de travailler fort en coulisses.

Tant mieux. Un centenaire, ça n'arrive pas si souvent que ça - une fois aux 100 ans, en fait - et avec tous ces patineurs qui sont sans contrat pour l'an prochain, les patrons du Canadien savent bien que ce n'est pas le temps de concocter un autre plan quinquennal.

Soyons sérieux: si les séries commençaient demain soir et que le Canadien devait de nouveau affronter les Flyers de Philadelphie, aurait-on raison d'avoir confiance? Probablement pas.

C'est qu'il manque encore un petit quelque chose à cette équipe. Bob Gainey en est conscient, et c'est pourquoi son téléphone est ouvert, comme il le dit si bien. Peut-être qu'il manque ce fameux quatrième défenseur dont on parle depuis octobre. Peut-être qu'il manque un attaquant d'importance. Peut-être qu'il manque les deux. Mais il manque quelque chose, ça c'est certain.

J'espère seulement que le Canadien va comprendre qu'il y a un prix à payer quand on veut s'améliorer. Des fois, j'ai l'impression que le Canadien cherche à obtenir beaucoup pour pas grand-chose. Lecavalier contre Tomas Plekanec, Chris Higgins et P.K. Subban, c'est merveilleux, mais les dirigeants du Lightning de Tampa Bay ne sont sans doute pas si stupides que ça. Si on veut ce fameux joueur d'impact d'ici la date limite des échanges, il va falloir donner quelque chose de gros en retour. Andrei Markov, par exemple. Des espoirs de premier plan, par exemple. L'époque où le Canadien volait les autres clubs en échangeant des joueurs surévalués ou en perte de vitesse est bel et bien révolue.

C'est le centenaire, oui. Mais pour le CH, c'est aussi une saison où les attentes sont énormes. Cette équipe aura un visage bien différent en septembre. Bob Gainey et ses assistants auront beau tout faire pour garder tout le monde, ce sera mission impossible.

Le club montréalais est en bonne position, il demeure parmi les favoris dans l'Association de l'Est. C'est bien. Mais pour aller un peu plus loin, ça prend ce fameux joueur d'impact qu'on nous promet depuis trop longtemps. Et pour ça, le Canadien devra bouger.

Sinon, le Canadien sera ce qu'il a été il y a un an: une bonne petite équipe, point. En cette année très spéciale, il me semble que les partisans méritent pas mal plus que ça.