D'après les dispositions de la convention collective de la LNH, l'Association des joueurs a le pouvoir de se retirer du contrat de travail au terme de la quatrième année de l'entente.

Jeudi après-midi, les représentants de chaque équipe auront un rendez-vous téléphonique pour aborder - entre autres - cette épineuse question.

Selon Mike Komisarek, le représentant du Canadien à la NHLPA, il est peu probable que les joueurs décident de renoncer à la présente entente. On doit plutôt s'attendre à la paix syndicale jusqu'à la fin de la saison 2010-2011.

«Je ne pense pas que quiconque puisse prétendre que le contrat de travail n'a pas tourné à la faveur des joueurs», estime Komisarek.

C'est vrai que le plancher salarial cette année (40 millions) est supérieur au plafond de la première saison (39 millions)!

«À l'intérieur de notre vestiaire, en tout cas, je n'ai entendu personne se dire en faveur d'une résiliation», ajoute Komisarek.

L'Association des joueurs a mené à ce sujet un vote secret auprès de ses membres, l'automne dernier.

Mais il faut se demander si, compte tenu de la situation économique qui se détériore à vue d'oeil, la réponse des 700 joueurs ne serait pas différente aujourd'hui de ce qu'elle était à l'automne...

«On sait de toute façon que le plafond salarial bloque à 56 ou 57% notre part des revenus de la ligue, rappelle Komisarek. Avec les turbulences économiques actuelles, ça va avoir un impact. Pas seulement sur le hockey, mais dans tous les sports professionnels.»

Si, comme le dit Komisarek, la convention collective a été favorable aux joueurs, il reste que le compte séquestre («escrow account») prévu dans le contrat de travail présente un risque.

Ce compte séquestre consiste en des ponctions que la ligue va chercher à même les salaires des joueurs et dont elle peut se servir au cas où ses revenus n'atteignent pas ce qui a été projeté.

Ce mécanisme assure que les joueurs ne retirent toujours que 56% des revenus de la ligue.

Les joueurs ont toujours récupéré leur argent, sauf lors de la saison 2006-2007, quand un peu plus de 2% était resté dans les coffres de la ligue.

Or, le compte séquestre n'a pas cessé d'augmenter depuis le début de la convention collective, et il bouffe présentement 13,5% du salaire des joueurs.

Le mois dernier, lorsque les gouverneurs de la ligue se sont rencontrés en Floride, ils ont jugé qu'il était encore insuffisant. Depuis, les rumeurs parlent d'une augmentation jusqu'à 18 ou 20% dans les prochains mois.

Il n'y a pas de plafond établi à ce compte séquestre. À mesure que s'empile l'argent mis de côté, l'incertitude des propriétaires à l'égard de leurs revenus se confirme. C'est inquiétant.

«Les gens de l'Association vont nous présenter les pour et les contre lors de la conférence téléphonique, note Komisarek.

«Mais moi, je ne vois aucune raison de ne pas continuer avec l'entente actuelle. L'élément principal, c'est que personne ne veut d'un autre lock-out.»

Le moment n'est pas idéal pour les joueurs de se prononcer. Car ce n'est qu'à la fin de la saison que les joueurs sauront si tout l'argent du compte séquestre leur sera remis, ou alors quelle portion les propriétaires devront garder.

Pour l'instant, cet «escrow account» ne semble pas suffisant pour convaincre les joueurs de résilier la convention collective. Après tout, leur salaire moyen a sensiblement augmenté même dans le contexte du plafond salarial.

Mais qu'en sera-t-il le jour où Sidney Crosby, qui doit faire 9 millions cette année, n'en empochera que 7,5 à cause des revenus insuffisants de la ligue?

L'Association des joueurs se dira-t-elle aussi satisfaite?