Le directeur général des Sharks, de San Jose, Doug Wilson, a insisté plusieurs fois, hier, pour rappeler que son équipe ne faisait pas de faveur à Claude Lemieux en le rappelant des mineures et qu'il s'agissait encore moins d'un coup de marketing.

«Nous n'allons jamais piger à l'extérieur de notre organisation avant de donner une chance à nos propres joueurs, a-t-il lancé lors d'une conférence de presse téléphonique. Nous en avons rappelé sept ou huit des mineures en première moitié de saison (avant de faire appel à ses services). Nous avons analysé tous ses matchs, toutes ses présences sur la glace, et il jouait très bien, il était désormais au sommet de notre liste.»

Lemieux, qui a annoncé sa volonté de revenir au jeu l'été dernier, s'est vu offrir la chance de jouer à nouveau dans la LNH malgré ses 43 ans et une absence de cinq ans parce que Wilson a l'habitude d'embaucher des vétérans en fin de carrière. Il a fait appel à Jeremy Roenick et Sandis Ozolinsh ces dernières années et c'est au tour de Lemieux cette saison.

«Nous n'avons jamais hésité à faire appel à de tels joueurs, dit-il. Claude amène de l'expérience. Il a remporté la Coupe Stanley, tout comme deux de nos nouveaux entraîneurs et trois défenseurs acquis au cours de la morte saison (Dan Boyle, Rob Blake, Brad Lukowich). Mais s'il est ici aujourd'hui, ce n'est pas tant à cause de son histoire mais en raison de ce qu'il peut nous apporter.»

Bob Hartley, qui a dirigé Lemieux avec l'Avalanche du Colorado, abonde dans le même sens: Wilson n'a pas fait de faveur à Lemieux, il a plutôt offert une cartouche supplémentaire à son entraîneur Todd McLellan.

«C'est un pari qui ne coûte pas cher au Sharks, confiait Hartley hier soir au bout du fil. Les Sharks n'ont pas bien fait ces deux ou trois dernières années en séries éliminatoires. Les Marleau, Thornton, Cheechoo et compagnie ont toujours été de grandes déceptions en séries. Ça a coûté le job à Ron Wilson. Tu ne peux pas rater tout le temps tes chances parce qu'après un bout de temps, la parade sera passée. Après deux ou trois ans d'insuccès, il te faudra faire signer de nouveaux contrats à Thornton, Marleau et les autres et tu pourras en garder deux sur quatre. Alors tu pars d'aspirant à la Coupe Stanley à un club du milieu de peloton. Tu n'as plus la même prestance. Est-ce que Claude Lemieux et son énorme bagage d'expérience va être contagieux dans le vestiaire des Sharks et les aider à ne pas rater leur coup? Je pense que oui.»

Bob Hartley est curieux de voir le temps d'utilisation dont bénéficiera Lemieux. «L'entraîneur Todd McLellan doit lui expliquer que son importance ne sera pas mesurée selon la production offensive ou le temps de glace. Je ne crois pas qu'ils vont le faire jouer 15, 16, 17 minutes par match. Il sera surtout important à l'équipe d'un point de vue psychologique. Dans le vestiaire, il a du feu dans les yeux pour les gros matchs, c'est peut-être le leader qui va se lever au bon moment, qui va trouver les bons mots au bon moment.»

Lemieux était évidemment tout feu tout flamme hier en compagnie de Doug Wilson aucours de cette conférence de presse en compagnie à laquelle assistait les médias de quatre coins de l'Amérique.

«Je me rappelle du retour de Guy Lafleur, j'étais un jeune joueur à l'époque et nous étions tous excités de le voir revenir. Nous savions tous qu'il pouvait le faire parce qu'il était un athlète exceptionnel. C'est à peu près tout ce qui a pu m'inspirer. Parce que si je m'étais attardé à mes chances mathématiques, je me serais laissé décourager. Mais je suis fort psychologiquement et têtu. Plus on me répétait que mon rêve était impossible, plus je voulais le réaliser. Mais c'est juste le début. Pas la fin.»

L'attaquant québécois, qui est le seul joueur de la LNH à avoir remporté la Coupe Stanley avec trois équipes, le Canadien, les Devils et l'Avalanche, estime que rien ne se rapproche de ce qu'il vient de réaliser.

«C'est au sommet des réalisations dans ma carrière. Te faire rappeler des mineures à 18 ou 19 ans, c'est plus normal. Mais être rappelé à 43 ans quand tu n'as pas joué depuis cinq ans, c'est quelque chose de spécial. Mais je ne me sens pas différent que lorsque j'ai été rappelé à l'âge de 19 ans par le Canadien. J'ai plus d'attention des médias, mais je me sens pareil. Sauf qu'à l'époque, je ne savais pas à quoi m'attendre alors que cette fois-ci, je le sais. Ça va m'aider.»

Lemieux a avoué qu'il avait eu beaucoup de mal à s'ajuster à sa vie de retraité du hockey. «Je songe à un retour au jeu depuis le jour où j'ai pris ma retraite. Je m'ennuie de l'entraînement, de la camaraderie, de la chance de relever un défi à chaque matin en me levant. J'ai dirigé une équipe, j'ai travaillé dans l'immobilier, j'ai beaucoup appris mais il n'y a rien comme de jouer au hockey. C'est la meilleure vie possible.»

En principe, il sera en uniforme dès ce soir contre les Canucks de Vancouver.

 

40 ANS ET ENCORE ACTIF

Chris Chelios / Red Wings 46 ans

Claude Lemieux / Sharks 43 ans

Gary Roberts / Lightning 42 ans

Mark Recchi / Lightning 40 ans

Teppo Numminen / Sabres 40 ans

Brendan Shanahan / Devils 40 ans*

* ce vendredi