Simon Gagné détestait les matins où il se réveillait avec ces écrasants et persistants maux de tête, qui ne venaient pas d'une fête ou d'une soirée bien arrosée. Les analgésiques ne faisaient pas effet, il avait des douleurs au cou et sa vision était même embrouillée, lors de certains jours.

Tout ce que Gagné voulait, c'était prendre un bâton et recommencer à jouer au hockey avec les Flyers de Philadelphie. Mais même lorsqu'il se présentait sur la glace, c'était «bonne chance» pour ce qui est de suivre la rondelle. Il a raté les séries et son équipe a perdu en cinq matches en finale de l'Est, mais rien de tout cela ne se mesurait à l'agonie de vivre avec les suites d'une commotion cérébrale.

«C'était une situation vraiment difficile l'an passé, a dit l'athlète de Sainte-Foy. Je ne souhaite à personne de vivre ça.»

Les blessures à la tête de Gagné l'ont limité à 25 matches lors de la dernière campagne. L'attaquant de 28 ans avait des craintes récurrentes à propos de son avenir, des conséquences potentielles pour sa carrière s'il devait recevoir un autre sérieux coup à la tête. Il se demandait s'il pourrait revenir à la fréquence de buts qui l'ont amené au match des étoiles et sur l'équipe canadienne aux Jeux olympiques.

Ces craintes semblent avoir été laissées derrière par Gagné, dans l'instant présent à tout le moins. L'ailier a récolté 18 buts et 42 points jusqu'ici cette saison, et les Flyers sont au coeur de la course au titre dans la section Atlantique, à un point des Rangers avant les matches de vendredi.

Pour Gagné, les effets collatéraux et les «toiles d'araignée» qui l'affectaient se sont évaporés.

«Maintenant, je me sens comme avant», relate Gagné.

Gagné se considère chanceux. Il aurait pu ne pas jouer, cette saison, s'il n'avait pas vu un reportage à la télé locale, à Philadelphie, qui parlait d'un médecin qui mettait de côté les solutions anti-inflammatoires traditionnelles, les injections de cortisone et les opérations en faveur d'une approche stimulant les processus naturels de guérison pour renforcir les articulations, les tendons et les ligaments.

Gagné espérait que le traitement puisse corriger une douleur chronique au cou et les maux de tête. Après en avoir discuté avec le médecin des Flyers, il a rencontré le Dr Scott Greenberg en avril 2008.

«Les dommages étaient considérables», a dit Greenberg, un médecin de Cherry Hill, au New Jersey.

Les nerfs du coup, de la tête et des omoplates de Gagné, les ligaments, les tendons, tout cela était endommagé. C'est ce qui causait les épisodes d'étourdissements, les pertes d'équilibre et la vision embrouillée.

L'approche du Dr Greenberg est de réparer les articulations et les nerfs avec des injections très précises à certains endroits de la colonne vertébrale, dans le but de dissiper les symptômes.

Le traitement est connu sous le nom de prolothérapie. Les injections revigorisent le système immunitaire, regénèrent les tissus endommagés et consolident les articulations. Greenberg dit que le cou de Gagné est maintenant aussi fort qu'avant sa blessure.

Gagné a eu besoin de 20 à 30 injections au cou, à ses premières visites, mais il n'a pas rencontré Greenberg depuis novembre. Il pourrait aller le consulter aux alentours de la pause du match des étoiles, pour une évaluation de routine.

Son cou et sa colonne stables, Gagné s'est proclamé «prêt à l'action» jusqu'à la fin de la saison.

Il suffit de regarder l'histoire récente des Flyers pour voir que la vie quotidienne de Gagné pourrait être bien pire. Les anciens capitaines Eric Lindros et Keith Primeau ont tous deux vu leurs carrières prometteuses écourtées en raison de commotions cérébrales, et ils souffrent encore des séquelles post-traumatiques y étant reliées.

Gagné a connu deux reculs cette saison - une grippe et de la déshydratation, en décembre, puis une mise en échec qu'il n'a pas vue venir, contre Vancouver, qui a résulté en une blessure à l'épaule lui faisant rater deux matches.

Un moment inquiétant est survenu en novembre, quand Alexei Kovalev du Canadien a donné de l'épaule contre la tête de Gagné; ce dernier a bien résisté au contact, mais chaque coup près de son cou ou sa tête est susceptible de causer un souci.

Gagné croyait que Kovalev avait délibérément visé sa tête, et il a fait part de cette opinion au responsable de la discipline de la Ligue nationale, Colin Campbell.

S'il n'en tenait qu'à Gagné, les coups d'épaule à la tête seraient bannis du hockey.

«Si vous recevez un coup d'épaule à la tête, vous allez avoir une commotion cérébrale d'une façon ou d'une autre, a dit Gagné. On en voit trop souvent. Presque chaque soir, vous voyez quelqu'un se faire mettre hors de combat dans les faits saillants.»

Gagné a reçu un diagnostic faisant état de trois commotions (deux dans les rangs juniors et une tôt dans sa carrière avec les Flyers), avant la saison dernière. Il en a subi une quatrième quand sa mâchoire a donné contre l'épaule de Jay Bouwmeester des Panthers, au début de la saison dernière. Gagné est alors revenu au jeu après seulement quatre matches, puis il s'est blessé à nouveau et a raté les 26 matches suivants. Il s'est blessé une autre fois en février et n'a plus joué de la campagne.

Gagné a éventuellement appris ne pas avoir subi trois commotions de plus - c'est plutôt que la première, qui n'avait pas guéri, a été aggravée à chaque coup additionnel.

Gagné a mentionné qu'il est peut-être revenu trop tôt du coup initial, et il se demande si la saison dernière aurait été différente s'il avait été plus patient.

«Avant d'avoir à traverser une épreuve difficile comme ça, vous ne connaissez rien sur les commotions cérébrales, a dit Gagné. Maintenant je sais que le cerveau prend beaucoup de temps à guérir.»