Brian Burke n'est jamais à court d'idées. Le nouveau DG des Maple Leafs de Toronto, toujours très actif lors des réunions des directeurs généraux de la LNH, veut maintenant instaurer un trophée qui serait remis à chaque année au DG par excellence.

«Il y a plusieurs trophées pour les joueurs et un autre pour l'entraîneur de l'année mais pas pour les directeurs généraux, a dit Burke. Ken Holland aurait dû être reconnu pour son travail l'an dernier (avec les Red Wings de Detroit). Je ne comprends pas pourquoi ça n'existe pas. Je vais faire des pressions pour que l'idée soit acceptée lors de notre prochaine rencontre. On pourrait l'appeler le trophée Sam-Pollock.»

 

La proposition de Burke est intéressante. Le travail des meilleurs directeurs généraux mériterait en effet d'être souligné. Sans compter qu'il s'agirait d'un bel hommage à Pollock, qui a bâti l'une des plus grandes dynasties de l'histoire du hockey, le Canadien des années 70.

Mais il faudrait des critères de sélection très clairs. Car le travail d'un directeur général n'est pas facile à évaluer à court terme. Le DG a souvent un plan de cinq ans. Un échange peut sembler génial la première année, mais se révéler désastreux par la suite.

Amusons-nous toutefois à faire l'exercice. Si nous avions à choisir trois candidats à l'heure actuelle, lequel, par ses décisions récentes, a eu le plus d'impact sur son club?

Il faut d'abord que cette équipe ait du succès. Prenons les 12 premières au classement général, les Sharks de San Jose, les Red Wings, les Bruins de Boston, les Capitals de Washington, les Blackhawks de Chicago, les Rangers de New York, les Flyers de Philadelphie, le Canadien, les Flames de Calgary, les Devils du New Jersey, les Canucks de Vancouver et les Penguins de Pittsburgh.

Le nom de Doug Wilson, des Sharks, saute d'abord aux yeux. Wilson a congédié Ron Wilson l'été dernier pour le remplacer par l'ancien entraîneur-adjoint des Red Wings, Todd McLellan, qui a instauré avec succès un système de jeu offensif qui semble plaire aux Joe Thornton, Patrick Marleau et compagnie. Wilson a aussi dynamisé son attaque en acquérant deux défenseurs à caractère offensif: Dan Boyle en retour de Matt Carle, un espoir et un choix de première ronde ; et Rob Blake sur le marché des joueurs autonomes. Boyle est au premier rang des compteurs chez les défenseurs grâce à 29 points en 34 matchs, tandis que Blake vient au huitième rang avec 24 points.

Pour alléger la masse salariale afin d'accueillir Boyle et Blake, Wilson a échangé Craig Rivet aux Sabres de Buffalo en retour de choix de deuxième ronde en 2009 et 2010. Les Sharks ont subi seulement quatre défaites en temps réglementaire cette saison.

Peter Chiarelli, des Bruins, doit être parmi les finalistes, même si son travail au cours de la morte saison a été moins spectaculaire. On se demandait s'il n'était pas tombé sur la tête en accordant 12 millions pour trois ans à Michael Ryder, mais l'ancien ailier du Canadien commence à lui donner raison. Ryder a déjà sept buts gagnants et s'il maintient le rythme, il pourrait compter 32 buts cette année.

Chiarelli a aussi coiffé tous ses concurrents dans le dossier Blake Wheeler, un talentueux et costaud attaquant devenu joueur autonome à sa sortie des rangs collégiaux le printemps dernier. Wheeler a déjà 13 buts et il est dans la course pour le trophée Calder, remis à la recrue par excellence.

Le DG des Bruins a peut-être été un brin chanceux puisqu'on dit qu'il a tenté sans succès d'échanger le jeune Phil Kessel l'an dernier. Celui-ci a explosé cette saison, pour le plus grand bonheur de l'équipe.

Il faut aussi ajouter au dossier de Chiarelli ses brillantes décisions depuis son arrivée à Boston: l'embauche de Marc Savard, Zdeno Chara et Claude Julien, ainsi que l'acquisition de Denis Wideman, qui est venu combler une lacune flagrante chez les Bruins même si on a dû sacrifier l'attaquant Brad Boyes.

Le troisième finaliste a eu besoin d'un peu de chance, mais ce sont les résultats qui comptent, n'est-ce pas?

Dale Tallon, des Blackhawks, a tenté âprement, mais sans succès, d'échanger le gardien Nikolai Khabibulin après avoir embauché Cristobal Huet. Khabibulin est toujours à Chicago et il a sauvé la saison des Hawks.

Mais la plupart des DG, même les meilleurs, ont tous pu bénéficier de ce genre d'événement favorable au cours de leur carrière.

Parmi ses emplettes estivales, Tallon a aussi pu attirer à Chicago le talentueux défenseur offensif Brian Campbell, qui a transformé l'attaque des Blackhawks.

Tallon, avec l'appui de son conseiller Scotty Bowman, a aussi pris l'audacieuse décision de congédier l'entraîneur Denis Savard après quelques matchs seulement pour le remplacer par Joel Quenneville. Celui-ci obtient des résultats spectaculaires: les Hawks ont perdu un seul de leurs 11 matchs en décembre et montrent une extraordinaire fiche de 20-6-7, alors qu'ils avaient perdu leurs trois premières rencontres de la saison sous Savard.

Mentions honorables à Ken Holland, Glen Sather, qui a bien gouverné dans l'ère post-Jagr, et Darryl Sutter, des Flames, qui a apporté quelques changements qui s'imposaient (des défenseurs plus efficaces en jeu de transition), l'arrivée d'ailiers costauds comme Todd Bertuzzi et René Bourque. On pourrait en nommer plusieurs autres : Bob Gainey, Paul Holmgren, Mike Gillis et même Dean Lombardi, dont le travail de reconstruction à Los Angeles commence à être récompensé.