Alex Kovalev le sait trop bien: s'il ne marque pas ce soir face aux Hurricanes de la Caroline, il vivra officiellement sa plus longue léthargie en carrière. Vingt matchs sans but.

Mais le Russe de 35 ans assure ne pas trop se concentrer sur la statistique.

«Je ne dois pas commencer à penser de cette façon, a-t-il expliqué hier. Si je m'étais dit, il y a quelques matchs: ''Je dois marquer, je dois marquer, il ne faut pas que j'arrive à 19 matchs'', j'aurais encore plus forcé la note.

«Je sais où j'en suis, mais je dois garder une approche positive et continuer de visualiser que je marque à tous les matchs.»

C'est bien connu, moins un joueur trouve le fond du filet, plus il tient son bâton serré. Et là, les problèmes commencent. Ou plutôt ils se poursuivent!

«Un gars en léthargie veut tellement compter qu'il vise le lancer parfait et il finit par rater le filet», a soutenu l'entraîneur-chef Guy Carbonneau.

«Brett Hull me disait souvent que lorsqu'il y avait de la circulation devant le filet ou qu'il devait effectuer un tir sur réception - donc quand il avait moins le temps de réagir -, il visait toujours le milieu du filet.

«De la sorte, s'il ratait deux pieds à gauche ou à droite, la rondelle était quand même sur le filet.»

L'observation est intéressante quand on étudie le cas de Kovalev, car il rate souvent le filet cette saison.

Il se retrouve très loin chez les attaquants du CH en ce qui concerne le taux de précision des lancers (66%). L'an dernier, en jouant avec plus de confiance, Kovalev avait pourtant le compas dans l'oeil (79% de précision).

Et avec seulement cinq buts à sa fiche cette saison, le véritable taux de réussite de Kovalev, c'est-à-dire lorsqu'il a l'occasion de marquer sans que son tir ne soit bloqué, n'est que de 3,9%.

Kovalev et attaque à cinq: même problème

On ne peut pas séparer les problèmes de Kovalev de ceux de l'attaque à cinq.

À ceux qui disent que l'Artiste a porté l'attaque du Tricolore à bout de bras la saison dernière, il faut signaler qu'il a accumulé la majorité de ses points au sein du meilleur avantage numérique de la LNH.

Kovalev a généré 47 points avec l'avantage d'un homme l'an dernier, sauf qu'il n'en a que neuf jusqu'ici cette saison.

À ce rythme, il bouclera le calendrier avec seulement 25 points en avantage numérique, ce qui est nettement insuffisant.

Cela dit, au train où vont les choses, Kovalev se dirige quand même vers un total de points semblable à celui de l'an dernier à forces égales (34 points au lieu de 35 l'an dernier).

Joueur de pointe

Avec un jeu de puissance qui croupit au 29e rang de la ligue - et au tout dernier rang à domicile -, il ne faut pas s'étonner que Kovalev soit allé voir l'entraîneur-adjoint Doug Jarvis pour lui offrir d'évoluer à la pointe.

«C'est à cette position-là que j'ai joué durant 70% de ma carrière, a rappelé Kovalev, hier. Je crois que je suis en mesure de créer de l'espace pour mes coéquipiers en étant posté là.»

Jusqu'à maintenant, c'est un rôle que le Canadien ne lui avait pas offert. Mais les insuccès de l'équipe forcent Guy Carbonneau à chercher de nouvelles solutions.

«L'an passé, Alex surprenait tout le monde le long de la bande, alors qu'il attaquait le filet au moment où l'adversaire choisissait de mettre de la pression sur les défenseurs, a expliqué Carbo.

«Or, les équipes sont ajustées. Ce jeu-là est de moins en moins possible et il faut essayer de nouvelles options.»

Hier, autant Kovalev que Carbonneau ont souligné l'importance de ne pas rester statique sur l'attaque à cinq. Demeurer en mouvement, ont-ils noté, a été l'une des clés du succès de l'an dernier.

Taux de précision

Le taux de précision calcule le pourcentage de tirs qui ont touché la cible par rapport à ceux qui ont raté le filet. On ne tient donc pas compte des tirs bloqués par l'adversaire (minimum 25 lancers). Entre parenthèses, le nombre de buts marqués par rapport au nombre de tirs, autant ceux qui ont touché le filet que ceux qui l'ont raté.

Saku Koivu 80% (9.2%)

Steve Bégin 80% (8.9%)

Maxim Lapierre 81% (5.8%)

Sergei Kostitsyn 76% (6.5%)

Tom Kostopoulos 76% (4.0%)

Robert Lang 71% (11.9%)

Alex Tanguay 71% (13.8%)

Andrei Kostitsyn 70% (6.9%)

Tomas Plekanec 70% (5.4%)

Chris Higgins 69% (6.7%)

Alex Kovalev 66% (3.9%)

Guillaume Latendresse 59% (4.3%)