Les Devils du New Jersey seront privés de leur visage le plus populaire ce soir au Centre Bell. Martin Brodeur ratera un rendez-vous avec le Canadien pour la troisième fois seulement depuis son entrée dans la Ligue nationale de hockey en 1995.

«Ça va faire drôle», a reconnu Brodeur, hier, lorsque joint par La Presse au New Jersey où il se remet de l'opération au coude gauche subie le 6 novembre. «L'opération s'est bien déroulée, Ça va bien de ce côté-là. Mais ça va tranquillement. C'est plate, c'est sûr, mais en même temps, ce n'est pas si pire que ça», a ajouté Brodeur dont l'absence fera quelques heureux au Centre Bell.

«On ne s'en plaindra pas trop», a assuré l'attaquant Christopher Higgins en faisant référence à la fiche de Brodeur face au Canadien.

«La bonne nouvelle, c'est qu'il restera peut-être quelques billets à vendre», a ajouté l'entraîneur-chef Guy Carbonneau.

Malgré les trois défaites encaissées l'an dernier aux mains du Canadien, Brodeur présente un dossier éloquent en carrière contre l'équipe montréalaise: 34 victoires, dont huit par jeu blanc, 15 défaites et cinq verdicts nuls tout en maintenant une moyenne de 1,80.

Très lente guérison

Parce qu'il ne peut pas vraiment faire autre chose, le gardien québécois laisse passer le temps depuis qu'on a rattaché le ligament de son biceps gauche à son coude. Il compte les jours qui le rapprochent d'un retour au jeu prévu pour le mois de mars.

«C'est tellement loin que je n'y pense pas vraiment. J'ai juste hâte de reprendre l'entraînement. J'en ai encore pour un bon deux semaines à ne pouvoir rien faire. J'ai le bras emprisonné dans un support métallique qu'on ouvre de temps en temps pour bouger l'articulation. Je suis monté sur un vélo stationnaire plus tôt cette semaine et j'ai tout de suite ressenti de la douleur. Alors, j'attends. Marcher et m'occuper des enfants sont à peu près les seules choses que je puisse faire.»

Le gardien québécois est toutefois loin de s'en faire. Il est confiant de retrouver tous ses moyens.

«La beauté de cette opération, c'est que tu ne peux pas prendre de risques en revenant trop vite. C'est comme une fracture. Quand c'est guéri, c'est guéri. Ils ont ancré le ligament dans l'os. Il faut donner le temps à l'os de se calcifier. Je trouve ça long, mais ça prend le temps que ça prend.»

Ajustements salutaires

Martin Brodeur ratera un 14e match ce soir depuis qu'il est tombé au combat le 1er novembre face aux Thrashers d'Atlanta.

Si les Devils ont difficilement encaissé le coup - ils ont subi cinq revers en six matchs après la perte de Brodeur -, ils ont apporté les ajustements salutaires.

À la suite d'une victoire de 3-2 en prolongation, jeudi, à Philadelphie, les Devils se sont amenés à Montréal surfant sur une série de six gains à leurs sept derniers matchs.

«Ça va mieux, analysait Brodeur. Les gars ont recommencé à marquer des buts. Brian (Gionta) et Patrik (Elias) assument un grand rôle de leaders.»

Outre l'éveil offensif, les Devils profitent du brio de Scott Clemmensen. L'ancien adjoint de Brodeur a perdu son poste au cours des deux dernières saisons à la faveur de Kevin Weekes.

Mais après une saison et demie passée dans les mineures, Clemmensen a ramené les Devils sur le chemin de la victoire.

«J'étais convaincu que Kevin prendrait la place, a poursuivi Brodeur. Ça lui revenait. Mais comme l'équipe a eu des ennuis, Scott a eu sa chance et il en a profité. Dans le fond, il a gardé presque tous les matchs du club-école de Toronto l'an dernier et avait disputé la majorité de nos matchs dans la Ligue américaine avant d'être rappelé. Il était peut-être plus en forme que Kevin. Ça expliquerait la qualité de son jeu. Mais je pense qu'en fin de compte, ils vont se partager le travail de façon presque égale.»

Les deux autres rendez-vous ratés par Brodeur contre le Canadien sont survenus en février 1995 et 1997. Chris Terreri l'avait emporté 6-1 au New Jersey et Mike Dunham avait soutiré un verdict nul de 4-4 au Forum.