Steve Bégin est bien conscient que des plus jeunes, des plus rapides, des plus forts, des plus fous et qui seront aussi un peu meilleurs le chasseront un jour ou l'autre du vestiaire du Canadien et de la Ligue nationale.

Mais ce jour, Bégin refuse de le voir se lever.

«Je sais que les années passent, mais il est hors de question d'abandonner», a lancé Bégin avec une fierté clairement affichée après le match de samedi.

Acteur important de la victoire de 3-2 remportée aux dépens des Sabres de Buffalo, Bégin venait de compléter un neuvième match de suite. Tout un contraste avec son début de saison. Car des 14 premiers matchs du Canadien cet automne, il en a suivi neuf du haut de la galerie de presse.

Et voilà que Bégin ne se contente pas seulement de jouer. Fort du but qui a ramené les deux équipes à une égalité de 2-2, Bégin a marqué deux fois et récolté trois points à ses quatre dernières parties.

C'est un point de plus que Tomas Plekanec (1 but, 1 passe) à ses 11 derniers matchs. C'est un point de moins (quatre passes) qu'Alex Kovalev à ses 11 dernières parties.

«Mes efforts et ma patience sont récompensés. Je sais très bien quel genre de joueur je suis. Je ne peux pas me permettre de dentelle. Je fonce, je travaille et j'espère profiter des chances que j'obtiens», analysait Bégin après la rencontre.

Une chance, une vraie

Alors que tout indiquait que ses jours étaient comptés avec le Canadien, Bégin a réclamé un entretien avec son entraîneur-chef.

«J'ai gardé mon calme et mon moral pendant les semaines difficiles. Je ne suis pas du genre à faire des vagues et à me plaindre de mon sort. Et quand j'ai rencontré Guy, je lui ai demandé de me donner une chance. Une vraie. Je ne voulais pas juste jouer une fois de temps en temps et passer mes présences à craindre de faire des erreurs. Je voulais jouer quatre, cinq ou six matchs en ligne pour prouver que je suis encore capable de le faire. Guy m'a donné cette chance et j'ai su en profiter.»

Succès partagés

Fier de son coup, Bégin s'empressait toutefois de partager son succès des derniers matchs avec ses compagnons d'armes, Maxim Lapierre et Mathieu Dandenault.

Ironiquement, les choses se sont mises à tellement bien aller pour les gars de soutien, qu'ils ont été promus à d'autres fonctions, histoire de punir les uns et de secouer les autres pendant les trop nombreuses phases d'inertie du Tricolore.

«J'ai demandé une chance de jouer. Maintenant que je l'ai eue, je ne vais certainement pas aller voir Guy pour lui réclamer des partenaires de jeu réguliers», a tranché Bégin avec un large sourire.

Steve Bégin a trois buts et quatre points à sa fiche en 14 matchs cette année. Il a déjà égalé son nombre de buts et a la moitié des points accumulés en 44 rencontres la saison dernière.

Une saison qui a pris un tournant négatif le 6 décembre, à Boston, lorsqu'il s'est sérieusement blessé à une épaule en entrant, tête première, dans la bande.

«C'est ça qui était le plus dur au début de la saison. Pour la première fois depuis bien des années, je suis en santé et je n'arrivais pas à obtenir le droit de jouer. Je sais qu'il n'y a rien d'acquis pour un gars de quatrième trio. Mais je vais continuer à tout donner pour compliquer les décisions.»

À ce chapitre, Bégin peut dire mission accomplie. Car Guy Carbonneau serait bien malvenu de retirer Bégin et les autres joueurs de soutien de sa formation après avoir indiqué qu'ils formaient le meilleur trio de son équipe, le seul qui travaillait sur une base régulière.

«Je vais en profiter pendant que ça passe», a conclu le vétéran âgé de 30 ans qui doit profiter du présent et éviter de se soucier du futur.