Le jeune gardien des Oilers d'Edmonton, Jeff Drouin-Deslauriers, était encore dans sa bulle, hier après-midi, lorsqu'il a rappelé.

Drouin-Deslauriers était plutôt méconnu des fans des Oilers lorsqu'il a quitté Edmonton à la fin octobre pour un long voyage de deux semaines.

Il avait bien fait à son seul départ contre Calgary dans une victoire de 4-3, en début de saison, mais il était surtout ce jeune athlète très peu utilisé dans ce drôle de ménage à trois gardiens avec les vétérans Dwayne Roloson et Mathieu Garon.

Vendredi à Pittsburgh, Drouin-Deslauriers a pris la relève de Garon, après que ce celui-ci eut accordé cinq buts, et il n'a pas quitté le filet des Oilers depuis: Il a mérité la première étoile dans une victoire de 3-1 contre les Devils dimanche et la troisième contre les Rangers, lundi, après avoir battu les Blue Shirts 3-2 en fusillade!

«On est rentrés à Edmonton il y a quelques heures seulement d'un voyage de deux semaines; je n'ai pas encore le feeling d'Edmonton, mais j'ai reçu beaucoup d'appels...»

La route vers la LNH a été longue pour Drouin-Deslauriers, originaire d'Iberville, près de Saint-Jean-sur-Richelieu. Choix de deuxième ronde (31e au total) en 2002, cet ancien gardien des Saguenéens de Chicoutimi a dû patienter quatre ans dans les rangs professionnels mineurs, dont quelques rencontres dans la Ligue de la côte Est, avant de finalement obtenir sa première chance cette saison, à 24 ans.

«À chaque année, tu veux faire le saut, et ça n'aboutit pas, tu te fais renvoyer dans les mineures, confie-t-il. J'ai eu une adaptation à faire. Mon anglais n'était pas super. Mais tout ce bagage-là a fait en sorte que je me sens plus prêt aujourd'hui; je sais que j'ai ma place ici avec les Oilers d'Edmonton.»

Le développement de Drouin-Deslauriers, qui est représenté par Normand Dupont, a sans doute été ralenti par le fait que les Oilers n'ont jamais pu compter sur un club-école leur appartenant. En 2005-2006, il a été renvoyé dans la Ligue de la côte Est par les Bulldogs de Hamilton parce que le Canadien, qui partageait le club-école avec les Oilers, tenait à garder les deux places disponibles pour Jaroslav Halak et Yann Danis.

«Cette année-là a été difficile avec Hamilton, mais c'est probablement à ce moment-là que j'ai pris conscience de beaucoup de choses par rapport à mon jeu, mon approche psychologique, comment me préparer à affronter l'équipe adverse.»

Puis la saison dernière, à Springfield, il a enfin pu obtenir le titre incontesté de numéro un pour la première fois de sa carrière professionnelle. Ses performances ont convaincu les Oilers de lui offrir un contrat garanti de la LNH l'été dernier. Il est avec le club depuis.

«Il n'a pas eu une carrière facile mais c'est un gros travaillant, a souligné Jocelyn Deschênes, qui l'entraîne dans l'ouest de l'île de Montréal pendant la saison estivale. C'est un travailleur acharné. Au hockey mineur, il n'a pas fait le bantam AA. Il a été retranché du Midget AAA mais il a pris le téléphone lui-même et il a appelé un autre club. Gatineau a trouvé qu'il avait du guts et lui a fait une place. L'année suivante, Chicoutimi l'a repêché. Je lui demande de faire trois répétitions et il en donne six.»

Deschênes a bien aimé ce qu'il a vu de son protégé ce week-end. «Il mesure 6 pieds 4 pouces, et techniquement ça l'aide beaucoup. Et il est très mobile pour sa grandeur. Il a un gant incroyable maintenant. Il a travaillé très fort là-dessus. Il regarde beaucoup la rondelle, ne la perd jamais des yeux. Il est très concentré. Et très confiant. On dirait que ça fait 10 ans qu'il est dans la Ligue nationale. Il est très mature. Il a 24 ans mais quand tu lui parles, on dirait un gars de 35 ans. Ça vient de sa famille, de la façon dont on l'a élevé.»

Personne ne connaît la suite. Mais Drouin-Deslauriers a l'avantage pour l'instant dans la lutte pour le poste de numéro un à Edmonton.

«Trois gardiens, ce n'est l'idéal pour personne, dit-il. Je me concentre sur ce que je peux faire et j'essaie de garder mon énergie à la bonne place. La relation est très bonne avec Roloson et Garon. On se parle, tout est correct. Mais c'est sûr qu'il y a une très bonne compétition.»