Le derby Brendan Shanahan peut maintenant commencer. Shanahan, ce vaillant attaquant qui rêvait d'entreprendre une troisième saison à l'ombre des gratte-ciels de Manhattan, devra plutôt se chercher un camion de déménagement. Vite. Après avoir attendu, attendu et attendu, Shanahan a finalement laissé savoir, lors d'un entretien avec le New York Post, qui n'allait plus attendre l'appel des Rangers.

«J'ai dit à mon agent que je ne peux plus attendre et qu'il est temps de passer à autre chose», a déclaré Shanahan au Post, hier. 

Passer à autre chose? Voilà une excellente nouvelle pour le Canadien.

Le Canadien a toujours aimé ce Shanahan. Ce n'est pas un secret. Il y a deux ans, cet amour s'était transformé en quelques coquettes invitations au Centre Bell, le temps de montrer à monsieur (et à madame) que Montréal est une ville pas mal plus sympathique que Detroit ou St. Louis, mettons.

La stratégie avait presque fonctionné. Au bout du compte, le vétéran avait choisi le chandail bleu des Rangers, un peu à l'insistance de madame qui, paraît-il, préférait les charmes de Broadway aux charmes pourtant très exotiques du Quartier latin. Ça arrive. Il y avait aussi une histoire de famille là-dedans, mais bon, on ne va pas se formaliser de tels détails.

Deux ans plus tard, revoici ce Shanahan. Il est là, libre comme l'air, et il est prêt à écouter les offres. J'ajouterais même qu'il est en pleine forme, puisqu'il a passé les dernières semaines à patiner avec les gars des Rangers sur la glace du centre d'entraînement de l'équipe, en banlieue de New York.

À la place de Bob Gainey, je sauterais sur le téléphone tout de suite.

Shanahan n'est évidemment plus le joueur de jadis. Il a 39 ans. Il revient d'une saison de 46 points en 73 matchs, sa plus faible récolte depuis 1994-1995, une saison écourtée en raison d'un conflit de travail. L'an dernier, l'attaquant n'a récolté que huit buts lors des 33 derniers matchs de la saison, et n'a marqué qu'un seul but en 10 rencontres des séries.

Traduction? Plus ça allait, et plus notre homme avait du mal à suivre.

Ça ne veut pas dire que Shanahan ne pourrait pas être utile à Montréal. Et surtout, ça ne veut pas dire qu'il faudrait aller le chercher à n'importe quel prix.

En fait, pour que Shanahan soit intéressant, il faudrait qu'il accepte de venir ici à quelques conditions. Premièrement, pas question d'un salaire de 2,5 millions par année, ce que les Rangers lui ont versé il y a un an. Quelque chose comme un million d'ici la fin du calendrier régulier? Voilà qui aurait pas mal plus de sens, à mon humble avis.

Ensuite, il y a la question du rôle. Si celui que l'on surnomme «Shanny» est prêt à se contenter d'un rôle moins important (par exemple, jouer au sein du troisième trio et jouer quelques minutes de moins par partie), alors là, ça devient encore plus intéressant. Bien utilisé, Shanahan est capable de compter 20 buts d'ici la fin de la saison. Sans oublier ses qualités de grand leader, qui sont reconnues un peu partout dans la LNH.

Bien sûr, on ne sait trop si le principal intéressé va vouloir d'un rôle secondaire pour moins d'argent. Mais je me souviens de ce petit détail: en mettant le cap sur Broadway, Shanahan avait parlé de Coupe Stanley. S'il rêve encore au gros trophée, monsieur devra certes inclure Montréal dans sa liste de destinations probables.

Reste la douloureuse question du plafond salarial. Les Rangers affirment qu'ils ne pouvaient pas lui faire d'offre en raison de leur masse salariale déjà trop lourde. Le problème, c'est que la masse salariale bleue-blanc-rouge ressemble fortement à celle des Rangers; en fait, le Canadien a tout juste un million de dollars à dépenser.

Pas question de faire des folies, donc. Brendan Shanahan à Montréal? N'importe quand. Mais pas à n'importe quel prix.